L’évaluation de la sécurité alimentaire sur la base de l’outil cadre harmonisé, commun aux 17 pays de l’Afrique de l’Ouest, fait ressortir des zones de mauvaises production dans plusieurs régions du Niger. Le gouvernement annonce des mesures conséquentes pour atténuer les difficultés des populations touchées.
A l’instar des 17 pays de l’Afrique de l’Ouest, le Niger a procédé à l’évaluation de sa sécurité alimentaire sur la base de l’outil cadre harmonisé. Il ressort des résultats de cette analyse, présentée à travers une communication du Premier ministre lors du Conseil des ministres du vendredi 6 novembre 2019, « des zones de mauvaises productions notamment toutes les Régions de Tillabéri et Diffa, le nord Maradi, le nord Dosso, le nord Zinder et le nord Tahoua ».
L’évaluation de la sécurité alimentaire au Niger fait également ressortir une production fourragère en zone pastorale globalement mauvaise avec des poches de productions nulles ; une situation sécuritaire qui continue d’impacter négativement les moyens d’existence des ménages dans certaines zones localisées ; des inondations par endroits ayant occasionné des pertes en vies humaines et des dégâts sur les moyens d’existence des populations.
« Les effets de ces différents chocs vont causer une sécurité alimentaire sévère pour 1.932.539 personnes d’ici août 2020, répartis pratiquement dans tous les départements », prévient le gouvernement. A ces personnes s’ajoutent 7.543 élèves nigériens affectés par la fermeture des écoles pour cause d’insécurité ou de déficits fourragers. Au total c’est une cible de 2.007.564 personnes qui est concernée.
« C’est la première fois depuis 2012 que ce pic de populations à assister est atteint », indique le gouvernement qui annonce que des dispositions sont en train d’être prises pour atténuer les difficultés alimentaires des 2 007 564 personnes en insécurité alimentaire sévère. Ces dernières seront la cible du plan de soutien 2020.
Il reste que cette situation concerne plusieurs pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest où l’insécurité civile persistante dans la région aggrave de manière inquiétante la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle. Au total, 9,4 à 14,4 millions de personnes sont-en besoin d’assistance immédiate malgré une production agricole globalement satisfaisante.
Baisse de la production du mil et du niébé
Selon les résultats de la réunion de concertation technique du dispositif régional de Prévention et de Gestion des Crises alimentaires (PREGEC), les productions céréalières attendues dans la région ouest africaine sont estimées à 75,1 millions de tonnes, soit des hausses de 1,7% et 14,2% respectivement par rapport à l’année passée et à la moyenne des cinq dernières années. « Cette hausse globale cache des disparités importantes entre zones géographiques », notamment au Niger où les experts notent une baisse de -7% par rapport à l’année dernière. Ces baisses sont observées sur les productions de mil, sorgho et blé qui seraient en recul par rapport à la campagne 2018-2019.
La production de niébé serait en baisse par rapport à l’année passée au Niger, tandis que les autres cultures de rente (arachide, sésame, soja, voandzou) pourraient enregistrer des productions en hausse comparée à l’année passée et à la moyenne des cinq dernières années dans la sous région.
Toutefois les productions attendues de racines et tubercules sont estimées à 191 millions de tonnes, soit des hausses de 1,1% comparées à la campagne précédente et de 17,1% par rapport à la moyenne quinquennale.
La réunion du PREGEC s’est tenue du 25 au 27 novembre 2019 à Niamey. L’occasion pour les experts d’examiner les résultats prévisionnels de la campagne agropastorale 2019-2020 et la situation alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
Almoustapha Boubacar