Qu’elles sont angoissantes ces retrouvailles pour aiguiser la convoitise du pouvoir pour ceux qui l’envient et sa conservation pour les gouvernants. Le temps passé à tergiverser a cependant dévoilé quelques mystères qui entouraient les incompréhensibles et multiples volte-face qui nous ont tant angoissés. Même si les montées de tensions baissent progressivement, parvenir à ses fins en écrasant les règles démocratiques demeurera un si encombrant fardeau pour certains.
A bout de surenchères et l’usure aidant, ils ont enfin lâché le mot : le consensus est au-dessus des lois. Ceci n’a jamais été du goût des activistes pour qui l’entente pour ménager des caprices n’est pas démocratique. Il est une manigance de ceux qui s’en sortent à bon compte afin de perpétuer leur domination les autres citoyens. En l’occurrence, des chefs de partis ayant apporté de l’eau au moulin activiste, ont même été retenus pour être de la partie, toute honte bue. Ceux qui sont restés sur le banc de touche continuent de vociférer. Il est surprenant, après avoir soutenu mordicus le maintien de la démarcation entre une majorité qui dirige et une opposition qui s’oppose, de les voir admettre à présent, que l’alternative pour une accalmie s’acquerra en caressant la contestation dans le sens du poil.
En reconnaissant que toutes les crises ne puissent pas être résolues en se cramponnant uniquement à la rigueur dans l’application des textes (une des plus fortes exigences que l’opposition a inlassablement brandies), il paraît illégitime de prendre langue en ayant recours à des stratagèmes habilement inventés. Pas seulement parce que les questions de haute portée nationale gagnent de la valeur démocratique lorsque les échanges sont sincères, mais parce que cette valeur démocratique se trouve discréditée et profondément corrompue par la recherche de raccourcis. Au moment où le vrai dialogue avait été nécessaire, il avait effectivement servi à dénouer très chaudes situations. Hormis les épisodes ayant obligé l’Armée à s’assumer.
Mais la nonchalance de l’opposition à y participer semble pleinement donner raison aux analystes qui l’accusent de ne vouloir aller ni aux pourparlers ni aux élections. Elle doit démontrer le contraire par une forte pertinence qui sera mesurée à l’aune de la bienveillance qu’elle affichera durant les discussions. A défaut, quel sera le sort d’un imbroglio si inextricable, face à des doléances comprises comme exigences pour l’un des camps, en revanche, nullement contraignantes pour l’autre ? Mais, pour les diplomates et les sages qui savent qu’on ne sort pas de négociations sans y laisser quelques plumes, ce devait être du bonbon. Nous pouvons conserver l’espoir de ne pas récolter à la clé une humiliation, à condition que les esprits frondeurs ne gardent pas ce sentiment d’avoir capitulé lorsqu’ils relâcheront de précieux acquis. C’est surtout quand on a tout perdu qu’on perd aussi l’espoir. Ce sont les partis qui ont démontré qu’une minorité qui sait polir les aspérités qui l’enlaidissent, peut faire trembler une solide majorité puis l’emmener sur une pente glissante enfin lui faire » perdre son âme ».
Actuellement, aucun orfèvre en matière de perturbation ne doit entraver cet historique face à face en souhaitant qu’à la fin, ce que nous aurions laissé derrière nous, n’aura été qu’un mauvais quart d’heure. Le monde entier verra s’ils pourront cette fois-ci, abandonner leur obsession de ne se faire que des faveurs, au nez et à la barbe d’infortunés syndicalistes, activistes et témoins qui constatent à regret, que les véritables initiateurs sont absents au portillon du dialogue. Ils auront besoin de beaucoup de tact et d’une bonne dose de chance pour parvenir à décongeler les rapports entre des groupes qui ignorent que les pièges finissent par se refermer sur les faux jetons. Indubitablement.
Innocent Raphael D.