L’impasse est totale à Lumana FA. C’est le moins qu’on puisse dire après l’annulation des deux congrès organisés par les deux ailes de ce parti. D’aucuns prêchent la réconciliation pour un nouveau congrès, d’autres optent pour le recours judiciaire, bref le parti au cheval ailé et ses militants se retrouvent dans une situation sans issue, une sorte de déréliction, comme qui dirait. La passion a eu raison sur la prétention de l’un et l’autre des deux camps opposés.
Une date, deux congrès, un parti. C’est le destin du parti Lumana FA. Un destin compatible avec les traditions établies par son désormais ex président national Hama Amadou, écrivions-nous dans un précédent billet ‘’Des vertes et des pas mûres à Lumana FA’’. Juridiquement et éthiquement, Hama Amadou n’a plus qualité à présider aux destinées de Lumana. Le leadership de Hama est derrière lui. La course à la succession est de mise. Sauf que sa boulimie n’a pas manqué d’entacher la cohésion et l’unité du Lumana FA. Déjà au fort moment de la crise notamment après la suspension des caciques de Niamey de ce parti, nous alertions : « Au MODEM FA LUMANA AFRICA les plaies sont si difficiles à panser qu’elles risqueraient de se transformer en une saignée de militants vers d’autres formations politiques de la place ».
Pour certains observateurs c’était prévisible : la très grande divergence des intérêts au sein du parti finirait par conduire à son éclatement. Cependant, ce qui est difficile à entrevoir est comment les pontes de Lumana pourront se détacher des brides qui les maintiennent dans ses arcannes sans être accusés d’avoir trahi le prince, le manitou à qui ils doivent obéissance et déférence?
De sa création à nos jours, la posture du MODEM FA LUMANA AFRICA se caractérise par une espèce de culte voué au chef. Et de cette posture est née la lutte en forme de fixation des militants vers un but bien déterminé: détruire le pouvoir en place même s’il faudrait passer par l’insurrection populaire, porter Hama Amadou sur le fauteuil présidentiel par tous les moyens et faire éclater le PNDS Tarayya en mille morceaux.
Pour preuve, cette phrase assassine sur Facebook d’un internaute lumaniste, le pyromane Abdoulaye Pedro : « Ce que nous avions souhaité au PNDS Tarayya risquerait de tomber sur nous et le Guri a trouvé ses bonnes personnes pour mettre en exécution. Attention à la trahison pour vos propres intérêts ».
Mais pour les observateurs avertis, cette brouille à Lumana est prévisible pour au moins deux raisons à savoir l’absence du président du parti qui a stratégiquement choisi l’exil comme mode de lutte politique mais surtout comme il l’a avoué ‘’pour sauver sa peau’’. Et la seconde raison est inhérente à l’impasse dans laquelle Lumana s’est plongé en faisant le serment de maintenir un candidat qui serait un bras cassé au regard de ses ennuis judiciaires. Le déficit de débat et perspective d’avenir au sein du Lumana est en soi une prison pour tous ceux qui ont de l’ambition politique.
Contre toute attente, le ministère de l’intérieur a renvoyé dos à dos les protagonistes. Sauront-ils se reprendre ? Rien n’est sûr malgré quelques chants de sirène dans ce sens entendus çà et là. Au moment où certains lumanistes envient Khalifa Sall de bénéficier de la grâce présidentielle au Sénégal pour avoir accepté de purger sa peine, nul doute que Lumana FA est plus que jamais plongé dans une impasse. Aujourd’hui plus d’un militant Lumana médite le style Hama, un style personnalisé, à la limite égoïste qui refuse l’émergence de nouveaux leaders capables de disputer la direction du parti au manitou. Or Hama c’est désormais du passé. C’est aussi cela l’impasse à Lumana FA.
Tiemago Bizo