En Turquie, selon des résultats portant sur la quasi-totalité des suffrages, le parti islamo-conservateur AKP du président Erdogan a remporté les élections législatives, mais a perdu la majorité absolue au Parlement où, avec plus de 12,5 % des voix, le parti pro-kurde HDP fait son entrée.
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Le HDP est le vrai vainqueur des élections. Les deux coprésidents du parti pro-kurde ont donné au soir des législatives en Turquie une conférence de presse improvisée. Ils ont d’abord longuement remercié les soutiens à leur campagne, les bénévoles, les blessés aussi des nombreux attentats de ces dernières semaines. Ils ont ensuite fait deux promesses. La première, de tout faire pour reprendre et poursuivre le processus de paix entre Ankara et la rébellion kurde après plus de 30 ans de rébellion armée et de guerre civile. La seconde, de ne faire à aucun prix une alliance avec l’AKP.
Les deux présidents du Parti démocratique des peuples ont rappelé combien le long combat politique des Kurdes, qui seront désormais représentés par près de 80 députés au Parlement grâce à quelque 12,7 % des voix, avait été long et douloureux jusqu’à aujourd’hui. « Maintenant, c’est la tête haute que nous défendrons vos droits, nos droits », ont-ils affirmé.
Devant le restaurant où ils ont tenu leur conférence de presse, plusieurs dizaines de sympathisants sont regroupés et chantent la fraternité entre Kurdes et Turcs scellée, ils l’espèrent, dans cette victoire électorale historique.
Selon des chiffres officiels portant sur la quasi-totalité des bulletins, l’AKP arrive, sans surprise, en tête de ces élections législatives avec 41 % des suffrages et 259 sièges de députés sur 550. Un résultat qui le contraint à former un gouvernement de coalition. Les deux autres principaux concurrents au parti au pouvoir, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite) ont obtenu respectivement 25,2 % et 16,5 % des voix.