Monsieur Djida Adam est Directeur régional de l’hydraulique et assainissement de Zinder. Il explique dans l’interview qui suit comment la solution du problème d’eau de Zinder a été acquise et également brosse l’état des lieux de l’approvisionnement en eau potable à Zinder et ses environs.
Niger Inter : Monsieur le Directeur, pouvez-vous nous faire un bref aperçu historique de l’approvisionnement en eau potable de la ville de Zinder ?
Djida Adam : Merci bien de venir recueillir notre opinion sur la situation de l’approvisionnement en eau de la ville de Zinder. Je dois dire qu’avant 2016, la ville de Zinder et ses environs connaissaient pas mal de problèmes d’approvisionnement en eau potable, une situation assez connue de tous. Cela était dû essentiellement à la production d’eau qui était distribuée à la ville de Zinder et ses alentours. Nous avions initialement un champ de captage et de production au niveau de Gogo Machaya qui était largement tributaire de la pluviosité annuelle. Il y avait également plus tard le site d’Aroungouza. Et comme vous le savez l’accroissement de la ville est dynamique alors que déjà la production d’eau en ce temps n’arrivait pas à satisfaire les besoins de la ville. Je dois préciser qu’avec le socle granitique à Zinder, on n’a pas suffisamment de potentiel d’eau souterraine pour couvrir les besoins de la ville de Zinder. On était obligé d’aller plus loin et cela a permis finalement d’identifier la solution du champ de captage de Ganaram où il y a eu la réalisation de 23 forages pour une production allant au dela de 12 000 m2 cubes d’eau jour alors que les deux autres existant ne dépassent guère plus de 8 000 m2 cubes jour pour un besoin de la ville estimé à 22 000 m2 jour en période de pointe. Je peux dire que c’est justement avec ces forages de Ganaram que la situation a significativement changé. Aujourd’hui malgré l’accroissement de la ville de Zinder et les nouveaux besoins en eau créés avec les nouvelles infrastructures, l’approvisionnement en eau est bien assuré. Et comme nous savons que les besoins en eau sont sans cesse croissants, nous avons envisagé d’autres projets. Vous allez voir que la ville s’est agrandie, il y a eu des nouveaux lotissements jusque-là dépourvus de réseaux. Mais nous sommes très avancés avec un projet eau et assainissement en milieu urbain dont les études sont terminées et le financement déjà acquis pour une extension de l’ensemble du réseau. Il est prévu un réservoir de 3000 m2 sur la grande colline au Nord. Nous avons également un autre projet sur la reprise de l’ancien réseau qui était complètement détérioré. Il est prévu son remplacement pour complètement l’isoler. Il faut souligner que le projet Ganaram va de loin au dela de la ville de Zinder puisqu’il y a une bonne partie de l’eau de Mirria qui part à partir de Zinder. Vous allez voir que sur le tronçon Zinder-Mirria pas mal de bornes fontaines qui desservent également tous les villages traversés. Au niveau de la commune de Walaléwa, il y a déjà les branchements de certaines localités. C’est vous dire que la dimension de l’adduction en eau potable (AEP) de la ville de Zinder ne concerne pas uniquement la ville de Zinder.
Niger Inter : vous venez de dire que les besoins de la ville de Zinder sont estimés à environ 22 000 m2 jour. Alors présentement à quel niveau êtes-vous ?
Djida Adam : Il faut préciser tout dépend des périodes. Les besoins en eau ne sont pas les mêmes en période de chaleur et le reste de l’année. Et quand la période de pointe coïncide avec la pénurie d’électricité cela complique la situation. Je peux vous dire qu’en dehors de la période de forte chaleur les besoins sont satisfaits à 100% et pendant la période de pointe nous assurons pas moins de 70 à 80% des besoins en eau de la ville de Zinder et ses environs.
Niger Inter : qu’est-ce l’Etat et ses partenaires ont fait comme investissement pour qu’on puisse voir le bout du tunnel ?
Djida Adam : Je dois voir dire que le projet Ganaram et la station de pompage ont couté 23 milliards de FCFA. Je dois vous dire également que Ganaram consomme 200 litres d’essence par heure, juste pour vous donner une idée des efforts de l’Etat car après la réception des infrastructures de la part du partenaire chinois, il revient à l’Etat du Niger d’assurer le fonctionnement. De janvier 2016 à 2017 rien que pour les groupes électrogènes et les lubrifiants pour assurer le fonctionnement des stations de pompage ça a couté dans les un milliard. Les travaux pour le remplacement de l’ancien réseau font 4 milliards et c’est sur fonds propres de l’Etat nigérien. Nous sommes dans une dynamique qui consiste à préserver les acquis pour ne pas revivre le calvaire vécu par les populations à Zinder. Il faut donc tenir compte de l’évolution des besoins et c’est pourquoi il faut toujours envisager d’autres perspectives. Il n’y a pas de solutions qui ne soient pas techniquement envisageables pour disposer des ressources en eau.
Niger Inter : Qu’est-ce qui reste comme défi au problème de l’eau de Zinder ?
Djida Adam : Je pense qu’il y a déjà des acquis car avec Ganaram on sait que l’essentiel des besoins de la ville de Zinder sont pris en charge. La situation est vraiment satisfaisante sauf que je dois préciser que la consommation du groupe électrogène coute très chère. Ce qu’il faut envisager à ce niveau c’est comment envisager une ligne électrique pour qu’il n’y ait pas des interruptions de la production. La ville est devenue un pôle d’attraction et avec des nouvelles infrastructures de Zinder Saboua, les besoins ont significativement augmenté. Il faut donc chercher constamment à préserver les acquis.
Interview réalisée par Elh. Mahamadou Souleymane