Du 2 au 3 février dernier, s’est tenu le forum d’échange intercommunautaire sur la « Promotion de la sécurité, de la paix, de la cohésion sociale et du développement local dans la commune d’Azeye» dans le département d’Abalak. En marge de ce forum, des festivités étaient au rendez-vous dans la pure tradition des communautés du terroir.
Situé au sud dans le département d’Abalak, la commune rurale d’Azeye est entourée des communes d’Akoubounou, Tabalak, Ibohamane, Bouza, Bermo et Tamaya. Habitée par environ 60 000 habitants essentiellement des éleveurs et agriculteurs (touaregs, hausa et peulhs), le défi majeur de la commune rurale d’Azeye c’est la rareté de l’eau.
Terre d’hospitalité, Azeye avait réservé à ses hôtes un accueil et une fête digne de ce nom. Des tentes géantes à la peau du petit bétail à décoration touarègue, les moments de repos et de repas étaient uniques pour les ‘’forumistes’’ d’Azeye. Méchouis de chameaux, moutons, fromages et bien d’autres gâteries des recettes culinaires targuies ont donné à cette rencontre un souvenir mémorable. Le thé était également servi en abondance à longueur de journée.
L’accoutrement ostentatoire des uns et des autres donnent toute la pertinence à ce propos de Marie Perrier sur la culture targuie : « Ce qui frappe dans l’identité Touareg est cette volonté de se montrer le plus noble possible. Etre Touareg, c’est accorder de l’importance à l’image que l’on renvoie, à l’élégance, à la beauté. Au-delà de la simple apparence, l’esthétique est une expression de l’identité et des valeurs culturelles touaregs ».
Jeunes, hommes ou femmes, les gens d’Azawak savent soigner leur image. Le bazin riche de couleur bleu, blanc ou autres, marié au turban souvent avec le ‘’turkudi’’ (cette substance bleu que les touarègues mettent au turban, au visage et aux mains) vous donne l’impression que justement être targui c’est se prendre au sérieux. Du moins esthétiquement parlant. Contacté par nos soins, un tourègue de peau claire qui a préféré comme paraitre noir de mains et de visage, nous a confié que ‘’ ce voile indigo les protégeant des sables et qui à lui seul traduit une partie de leur identité’’ selon les mots de de Marie Perrier protège justement leur peau des intempéries.
La fête d’Azeye c’est aussi la soirée culturelle de la nuit du samedi au dimanche où des célèbres musiciens de la trempe de Bombino, Rhissa, Hami Ekaouel étaient invités pour égayer les hôtes au rythme du répertoire musical d’Azawak. Et cerise sur le gâteau, tous les hommes d’affaires qui ont le vent en poupe du terroir et d’ailleurs étaient venus faire la démonstration de leur fortune dans la pure tradition pastorale. Des personnalités et grosses pointures comme les patrons des compagnies de transport ont fait la ‘’pluie’’ du CFA de 22 heures à deux heures du matin. Comme pour avertir les profanes, le maître de cérémonie a dit que cela participe de la solidarité et du partage inhérents à la culture des hommes d’Azawak. Cette générosité de ces gens fiers a été mise en évidence lors des cadeaux d’au revoir où des chameaux et chevaux harnachés, des vaches et chamelles laitières, des juments ont été offerts aux amis, notables et invités de marque à ce forum par les richissimes hommes d’Azeye et environ.
Les populations d’Azeye avaient également organisés une course de chameaux et de chevaux où les plus méritants ont été primés. Une foire agropastorale a aussi permis aux hôtes d’apprécier les arts et métiers du terroir. Les invités et participants au forum d’Azeye ont eu à voir et à manger. 48 heures de bonheur. Des moments inoubliables.
Elh. M. Souleymane et Abdoul Aziz Moussa