A travers les médias sociaux une polémique a été savamment entretenue sur le fichier biométrique et le vote électronique. Très alerte, l’expert en Tic Harouna Moumouni a contribué à ce débat avec l’éclairage ci-dessous. Harouna Moumouni est informaticien, Ingénieur en Systèmes, Réseaux et Sécurité. Il ne cesse d’éclairer les lanternes de ses concitoyens tant sur les réseaux que sur les médias.
Lors d’une manifestation politique le Samedi 12 janvier 2019 au siège du PNDS Tarayya, Monsieur Bazoum Mohamed, président dudit parti et non moins Ministre en charge de l’Intérieur a affirmé que « La CENI en tout cas est en train d’exécuter son programme conformément à l’agenda qu’elle a rendu public. Elle vient de procéder au choix de l’opérateur technique qui sera chargé de l’enrôlement biométrique des électeurs ». Ce qui devrait être perçu comme une information augurant des lendemains meilleurs pour notre processus électoral a fait un véritable « bad buzz » sur les réseaux sociaux et médias locaux.
Ce qui en est ressorti très souvent est que : « #Le_Fichier_Electoral_2021_Ne_Sera_Pas_Biométrique » pour paraphraser un Hashtag que j’ai vu et qui a été largement commenté par l’opinion. Chacun y allant selon sa compréhension ; mais la suite du discours « Ce qu’il faut enfin savoir c’est que le vote ne sera pas électronique. Il sera manuel, comme d’habitude. Les procès-verbaux seront sur papier comme d’habitude et des récépissés seront remis aux délégués des partis politiques comme de tradition. » a vite fait de raviver les commentaires de personnes ne sachant visiblement pas faire la différence entre fichier électoral biométrique et vote électronique.
Pourtant la démarcation est tellement évidente ; Wikipédia dit :
Biométrie : est utilisé également dans le sens plus restrictif de l’« identification des personnes » en fonction de caractéristiques biologiques, telles que les empreintes digitales, les traits du visage, etc. ou de caractéristiques comportementales, telles que la reconnaissance vocale, la signature, la démarche, etc.
Le vote électronique est un système de vote dématérialisé, à comptage automatisé, notamment des scrutins, à l’aide de systèmes informatiques. Ce terme générique relève en vérité de plusieurs situations concrètes ; il peut qualifier les votes institutionnels ou l’utilisation de boîtiers de vote interactifs dans un cadre moins contrôlé.
Ce dernier a fait parler de lui sur le continent au cours de l’année 2018 notamment en RDC où le pouvoir a tenté d’introduire le vote électronique avec les fameuses machines à voter qui n’ont jamais eu le quitus des acteurs politiques de l’opposition et de la société civile qui l’ont même qualifiée de « machine à tricher » et ont demandé son abandon suite à l’identification de « 15 risques à atténuer » par des experts de l’organisation britannique « Westminster fondation for democraty » qui en ont analysé les fonctionnalités, à la demande de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Depuis 2010 qu’on parle de fichier électoral biométrique, il n’a jamais encore été question de vote électronique, mais juste d’unicité des électeurs (par les moyens d’identification biométriques qui permettent la dé-duplication des enrôlements et nécessitant la présence physique donc l’existence) et confection des cartes d’électeurs sécurisés.
L’authentification pourra se faire le jour du vote par d’autres mécanismes en amont comme en aval, mais tout cela n’a rien à voir avec le vote électronique.
Chacun peut faire son opinion personnelle, mais évitons de créer la polémique sur des sujets que nous ne maîtrisons pas … ou cultivons-nous d’avantage avant de traiter des sujets aussi sensibles.
Harouna Moumouni
Ingénieur MSc Systèmes, Réseaux et Sécurité