Lancé depuis le 9 juin dernier sous la houlette du Mouvement patriotique nigérien (MPN-Kiishin Kassa) par un groupe des partis politiques (sans une réelle assise populaire) et des structures de la société civile, le Front patriotique peine à imprimer sa marque sur l’échiquier politique national.
Déjà trop faible en termes de représentativité, comparé aux autres fronts de l’opposition, notamment le FRDDR et le FDR, le front d’Ibrahim Yacoubou a aussi un handicap de taille, à savoir le manque d’acteurs valables, à même de porter haut, le combat pour lequel ce regroupement politique a été créé.
Dans une telle situation, comment le Front patriotique pourra-t-il s’affirmer, à plus forte raison, créer une « rupture générationnelle » ? Créé par des structures politiques et associatives qui, dans les faits, ne partagent pas la même vision, le Front patriotique a déjà atteint ses limites.
En moins d’un mois, le Front a connu une véritable hécatombe, d’abord avec le départ d’Adal Rhoubeid, président du MDR Tarna qui a rejoint le camp de la majorité présidentielle, laissant Yacoubou et les autres dans leurs profondes illusions. Un départ inattendu de Rhoubeid qui a complètement dérouté Yacoubou et son front. Ainsi, Rhoubeid sera immédiatement remplacé par décision du directoire du PF, par l’acteur de la société civile, Abdoul Moumouni Ousmane de la Révolution Démocratique (RD) qui devient le porte-parole du Front.
A sa nomination déjà, des acteurs avertis avaient prédit des mauvais jours pour Ibrahim Yacoubou et son Front patriotique. Aujourd’hui, l’histoire vient de leur donner raison. Abdoul Moumouni Ousmane et sa structure se sont désengagés du Front patriotique au motif que désormais, la Révolution Démocratique (RD) va se « concentrer sur ses missions initiales d’actions citoyennes relevant stricto de la société civile ».
Dans sa lettre en date du 9 octobre dernier qui annonçait le retrait de sa structure, Ousmane Abdoul Moumouni a dit que cette décision a été prise par l’ensemble des membres de son mouvement et ce, « après des larges concertations ». Dans les faits, selon certaines indiscrétions, « les raisons de ce retrait sont toutes autres ». Dans tous les cas, les nigériens sauront davantage sur les contours de cette décision prise par Moumouni et ses camarades. Et c’est dans une situation de total désarroi que le restant du Front s’est réuni en catimini pour désigner le remplaçant d’Ousmane Abdoul Moumouni en la personne d’Adamou Garba du RSV Niima, un parti qui n’existe que sur papier. En attendant les prochains départs, Yacoubou et son Front essaient d’exister très difficilement. Mais jusqu’à quand ? Les prochains jours nous édifierons.
Oumar Issoufa