D’énormes quantités de bois sont utilisées chaque année pour la grillade de moutons de la Tabaski. Cependant, des alternatives existent pour pallier la surconsommation du bois, notamment l’usage du charbon minéral carbonisé. Lequel suscite déjà un engouement important dans les ménages de la capitale.
Cette année, la traditionnelle grillade de moutons de la Tabaski a connu une certaine révolution. En effet, l’usage abusif du bois qui caractérise la fête du mouton a laissé place dans beaucoup de ménages à l’utilisation du charbon minéral carbonisé aussi bien pour la grillade que pour la cuisson. Pour cette dernière activité, beaucoup de ménages ont fait recours au gaz domestique.
Un tour à travers la ville de Niamey le jour de la fête laisse constater que cette année, les populations ont eu un intérêt particulier pour le charbon minéral carbonisé dont une société de la place, spécialisée dans le “carbonnage“ du charbon minéral afin de faciliter l’allumage a importé une importante quantité. Près de 10 000 sacs de ce charbon ont été introduits à Niamey où déjà, à la veille de la fête de la Tabaski, une pénurie de ce combustible a été enregistrée.
Cela démontre clairement l’intérêt que les ménages de la capitale ont accordé au charbon minéral carbonisé qui comporte d’ailleurs plusieurs avantages. « Cette année j’ai opté pour le charbon et c’est vraiment économique et rapide », constate Chaibou, un habitant de la rive droite. « C’est formidable », ne cesse-t-il de s’exclamer après avoir constaté que ses deux moutons soumis à la grillade au charbon sont prêts pour la consommation avant 16 heures « alors qu’avec du bois, nous finissions généralement aux environs de 18 heures », témoigne un de ses enfants qui exécute depuis des années cette tâche. Une belle occasion que ce fonctionnaire de l’Etat a de son coté raté. « De retour de mission, j’avais programmé de payer de charbon, mais à mon arrivée, j’ai trouvé que les voisins ont déjà payé des bois qu’ils ont déposés sur la place de la grillade du quartier », regrette Mahaman Laouan.
Il faut dire que le charbon minéral carbonisé représente plusieurs avantages. En effet, un seul sac de 40kg ne coute (avant que la spéculation s’installe) que 2 500 francs CFA et peut griller jusqu’à trois (3) moutons, ce qui représente un gain énorme contrairement au bois dont un tas de 5000 francs CFA peut à peine griller deux moutons. Le charbon permet aussi de gagner du temps et de l’énergie. Certes il présente des difficultés d’allumage, mais la qualité de la viande grillée au charbon est bien meilleure que celle grillée avec du bois, qui reste malheureusement une véritable menace aux ressources forestières du pays.
Le bois, une menace contre l’environnement
A Niamey comme dans beaucoup de centres urbains du pays, les ménages font généralement recours au bois pour griller les moutons sacrifiés. L’exploitation du bois pour la grillade et la cuisson de la viande au cours de la seule journée de la Tabaski reste la plus grande menace pour les ressources forestières du Niger. En effet, bien que le pays soit producteur de gaz et de charbon minéral, le bois reste prépondérant dans la cuisson aussi bien dans les rurales que dans les centres urbains. Chaque année, des milliers de tonnes de bois sont brulés pour la seule journée de la Tabaski.
Dans la ville de Niamey, le nombre des ménages est estimé à 197 390 ménages. En déduisant le nombre de ménages pauvres et vulnérables qui est de l’ordre de 3,6%, on arrive à un chiffre de 197 07 ménages. Dans plusieurs ménages, il y a au moins un mouton pour le chef et un pour la famille. D’autres peuvent aller jusqu’à trois, quatre et même plus. « En prenant la base de deux moutons par ménage, on aura à peu près 95 000 moutons qui sont égorgés. Rapportés à la quantité du bois qu’il faut pour griller un seul mouton qui est de 121 kg, nous parviendrons à un tonnage de 47 692 tonnes de bois qui sont brulés pour la seule journée de la Tabaski , ce qui représente un pourcentage de 18% par rapport à la consommation en bois de chauffe pour l’année de la ville de Niamey », a expliqué le Directeur régional de l’environnement, le colonel Oumaou Alou.
Face à cette situation pour laquelle la demande dépasse largement l’offre, il est important d’adopter de nouveaux comportements en termes de reboisement, de régénération naturelle assistée et surtout l’adoption de nouvelles sources d’énergie. Dans un premier temps, les services des eaux et forêt ont mis en place un système de contrôle et de régulation de la quantité du bois qui entre dans la ville de Niamey. Une certaine quantité peut être prélevée pour les besoins familiaux dans un rayon de la région où un système de quota a été mis en place.
Avec l’engouement suscité autour de l’usage du charbon minéral, on peut sans risque de se tromper déduire que dans les années à venir, le charbon minéral carbonisé sera bel et bien une alternative au bois dans la grillade mais aussi dans les besoins énergétiques des ménages. La société spécialisée dans l’importation du ce combustible a le devoir d’introduire les quantités suffisantes pour les besoins des ménages. Elle contribuera véritablement à la protection des ressources forestières du pays et à la préservation de l’environnement.
Pour rappel, le Niger, à l’instar de plusieurs autres pays musulmans du monde, a célébré le mercredi et jeudi derniers, la fête de l’Aid el kébir communément appelée fête de la Tabaski ou fête du mouton, consacrant la fin du pèlerinage à la Mecque. Après les deux unités de prière ou Aid, marquant la commémoration de la fête de la Tabaski et célébrée à plusieurs endroits de la capitale, dont la grande mosquée de Niamey qui a servi de cadre à la cérémonie officielle, l’occasion était pour les musulmans d’immoler leurs moutons, perpétuant ainsi le geste du prophète Abraham. Inspiré par Dieu d’immoler son fils unique, Ismael, en guise de sacrifice, Abraham s’est très vite soumis à sa vision avant que l’enfant ne soit remplacé par un bélier céleste. Depuis, les musulmans perpétuent ce geste avec une des bêtes recommandées par la tradition du prophète Mohamed (PNSL), à savoir bélier, caprins, bovins et camelins avec une préférence pour les béliers.
Almoustapha Boubacar