« A la vérité, tout le débat autour du code électoral c’est un faux débat, ce qui est derrière ça c’est l’insurrection pour créer des troubles dans le pays », déclare Moctar Kassoum
Moctar Kassoum, ancien cadre de la société civile, leader politique et pour la seconde fois membre du gouvernement a bien voulu nous accordé cet entretien exclusif sur la situation sociopolitique de notre pays. Ce jeune tribun cache un sens de la répartie et une précoce maturité politique. Entretien.
Niger Inter : Aujourd’hui à en croire l’opposition et la société civile dite citoyenne nous ne sommes plus en démocratie. Du moins selon eux, la démocratie serait menacée du fait de la gouvernance de votre majorité MRN. Que répondez-vous ?
Moctar Kassoum : Je ne crois pas qu’eux-mêmes croient à ce qu’ils sont en train de dire. Je ne vois pas en quoi la démocratie est menacée. Ils savent bien que ceux qui dirigent ce pays sont des démocrates notamment le président de la République, chef de l’Etat dont le parcours et le combat est essentiellement consacré à l’enracinement de la démocratie au Niger. Il croit en la démocratie non pas par circonstance mais par conviction. Lui et ses camarades ont une culture démocratique à la base, ils l’ont cultivée, ils savent que c’est un idéal, des principes universels pour le bien des peuples. Mais je ne doute pas que certains parmi les pourfendeurs du président Issoufou, s’ils avaient le choix entre la démocratie et la dictature, ils choisiraient la dictature. Pour moi le plus important aujourd’hui tous les droits, toutes les libertés (individuelle comme collective) sont garantis dans notre pays. Le gouvernement se déploie pour la mise en œuvre des promesses électorales du président de la République accompagné par une majorité confortable.
Niger Inter : Récemment à l’occasion de la visite du président de la République en France certaines ONG internationales comme ‘’Tournons la page’’, Oxfam, ‘’PCQVP’’ et certains médias français ont prétendu également qu’il y a dictacture au Niger….
Moctar Kassoum : Je ne doute pas que ceux-là sont venus secourir leurs amis. A la limite c’est juste un lobby de marchandage, une collusion d’intérêts. On les comprend aisément. Et vous savez très bien qu’un gouvernement responsable ne saurait céder à ce genre de chantage. Ce qui est devant nous c’est notre peuple et son bien-être. C’est dommage que certains activistes au niveau international se livrent à de tels comportements. Nous sommes donc sereins au niveau du gouvernement car nous sommes conscients que personne n’est menacé au Niger. Il faut préciser que même dans les zones d’insécurité pour recourir à des mesures exceptionnelles, le gouvernement a toujours demandé la caution du parlement. Il n’y a pas de restriction des libertés pour les citoyens en dehors de ceux qui sont en conflit avec la loi. Je ne pense pas que les nigériens qui vivent cette réalité prennent au sérieux les allégations de ces vendeurs d’illusions.
Niger Inter : Après avoir boycotté le Conseil National du Dialogue Politique (CNDP), l’opposition est dans une logique de boycott du processus électoral en portant même des graves accusations contre le médiateur de l’OIF. En tant que membre de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN) avez-vous un commentaire sur l’attitude de l’opposition FDR?
Moctar Kassoum : Je dirais à l’endroit de nos adversaires qu’ils devraient au moins avoir l’honnêteté de reconnaitre que ce processus est inclusif pour avoir participé à la refonte des textes fondamentaux au sortir des élections de 2016 où la classe politique, les observateurs des élections, la société civile et nos partenaires ont estimé qu’il faudrait une mise à jour de nos textes pour prévenir des contentieux ou conflits électoraux. Nos partenaires électoraux nous ont conseillé utilement comment mettre en place une CENI permanente et un fichier électoral biométrique. Il faut dire que tous nos partis ont contribué et enrichi le code électoral c’est seulement au moment du vote que l’opposition a préféré observé la chaise vide. De ce point de vue, c’est un code impeccable au regard de la composition des CENI dans certains pays où c’est juste 4 membres ou des pays où tous les membres sont nommés par le président de la République. A la vérité, tout le débat autour du code électoral c’est un faux débat, ce qui est derrière ça c’est l’insurrection pour créer des troubles dans le pays. Si tel est le cas alors c’est peine perdue. Ceux qui ont l’habitude de participer aux élections le savent et les aventuriers qui sont nouveaux doivent comprendre et accepter que le pouvoir se gagne par des élections et il n’y a aucune alternative démocratique en dehors des élections. En tout cas je vous assure que nous au niveau de la MRN, nous sommes en train d’aborder ce processus électoral avec beaucoup de sérénité. Nous sommes conscients du fait qu’il n’y a aucune œuvre humaine qui est parfaite. Mais nous sommes également conscients que la démocratie est une construction. Les textes peuvent être reformés, perfectionnés c’est pourquoi la MRN est disposée au dialogue. Son président, Bazoum Mohamed l’a réitéré en disant qu’on n’a rien à cacher. Mais comme ceux d’en face sont de mauvaise foi, ils ont rejeté les bons offices de l’OIF. C’est bien dommage pour eux. Une chose est sûre, la majorité présidentielle ne se laissera pas divertir par un débat malhonnête. Nous n’accepterons jamais l’anarchie, nous n’accepterons pas l’insurrection d’où qu’elle vienne.
Niger Inter : Le FDR a dans sa déclaration pris à partie le médiateur Robert Dossou d’être partisan. Avez-vous un commentaire ?
Moctar Kassoum : Nous avons aujourd’hui une opposition désorganisée, désorientée, sans direction et cela ne nous surprend pas. Nous au niveau de la MRN sachant bien sûr qu’il n’y a pas grand-chose à redire sur notre code électoral, nous avons accepté de nous retrouver avec l’opposition pour montrer à l’opinion publique que la majorité présidentielle n’a rien de figer ou à cacher dans sa démarche. Mais par mauvaise foi, nos adversaires viennent de montrer à la face du monde leur vrai visage à savoir leur posture non démocratique pour la conquête du pouvoir. Jusqu’à preuve du contraire notre position au niveau de la MRN c’est que nous sommes toujours ouverts et disposer au dialogue à la différence de nos adversaires politiques. Seulement ce que l’opposition feigne d’ignorer ce n’est pas le code électoral qui fait gagner les élections mais bien la base électorale. Et de ce point de vue, notre majorité est confiante pour aborder le processus électoral sereinement car nous avons un résultat concret sous la conduite des affaires par le président de la République Elhadj Issoufou Mahamadou. Nous n’avons donc aucune crainte pour aller à la rencontre des populations.
Niger Inter : L’opposition s’éclate en plusieurs fronts. Le Front patriotique pour la République d’Ibrahim Yacouba prône la rupture générationnelle. En tant que jeune leader politique reconnaissez-vous dans cette perspective ?
Moctar Kassoum : Je ne peux pas me reconnaitre dans un tel discours qui n’a jamais porté dans aucune nation, aucun pays. Je suis jeune, je n’ai pas encore 40 ans mais je suis très réaliste. Je ne pense pas que ce discours va embarquer un jeune conscient au Niger parce que d’abord faire de la politique ce n’est pas une affaire d’âge mais plutôt de vision. D’ailleurs, je dois dire que ceux qui portent ce discours ne sont pas inconnus des nigériens car ils ont soit dirigé des mouvements syndicaux soit ils ont participé à la gestion de l’Etat pendant des années. Certains donc sont comptables de la gestion actuelle. C’est comme si moi je quitte la MRN et je viens dire que tout ce qui a été fait pendant 8 huit ans c’est faux, c’est malhonnête. Je pense en le faisant c’est vraiment insulter le peuple nigérien. Je ne peux participer à la gestion du pouvoir pendant 8 ans et que je n’ai jamais critiqué et sortir demain dire que tout ce qui a été fait c’est du noir, c’est du faux. Ce n’est pas sérieux, c’est même se ridiculiser à la limite. Quand même il faut être saint pour porter un certain discours. Je pense que faire de la rupture générationnelle son credo politique c’est méconnaître la sociologie politique du Niger, méconnaître même la politique dans notre pays. Moi je ne crois pas à ça et je crois que la majorité des jeunes qui comprennent les dynamiques sociales et politiques du Niger ne se reconnaîtront pas dans ce discours de rupture générationnelle. C’est à la limite une supercherie, une tromperie. Je pense qu’il faut avoir son programme lorsqu’on a une ambition et même dans ce domaine il faut être réaliste.
Niger Inter : La société civile dite citoyenne a engagé un combat contre la loi des finances 2018. Aujourd’hui ces leaders sont en prison. En tant qu’ancien cadre de la société civile nigérienne et aujourd’hui homme politique quelle est votre lecture de cette situation ?
Moctar Kassoum : Notre position en tant que membre du gouvernement et leader d’un parti politique c’est que pour moi ce n’est pas un combat sincère. Je suis convaincu que certains acteurs de la société civile nigérienne ont un agenda politique. Nous l’avons dit dès le début de cette aventure. On ne peut pas demander à un peuple de ne pas participer à la construction nationale, de ne pas payer les impôts ou même vouloir organiser des manifestations sans respect des voies légales. Nous l’avons également dit dès le débat des journées d’actions dites citoyennes de la société civile que cette loi n’allait pas affecter les populations de façon alarmistes qu’ils l’ont fait croire. A l’épreuve des faits, cette loi est venue appuyer l’efficacité de l’action gouvernementale avec toutes les réalisations faites au profit de notre peuple en ville comme en campagne. Je pense que vouloir créer un désordre derrière la lutte contre la loi des finances, cela n’est pas tolérable. La société civile a un rôle de plaidoyer auprès des autorités, des partenaires pour avancer positivement les choses et non pas créer un désordre, une anarchie ou un blocage dans le pays. Nous leur avions fait le pari qu’ils n’ont pas la majorité des nigériens avec eux. Quand ils parlent du peuple devant une majorité qui a plus des ¾ à l’Assemblée nationale nous sommes bien perplexes. Mais je crois que maintenant ils ont compris qu’ils ont en face un gouvernement responsable. Heureusement que nous avons un président de la République imbu des valeurs démocratiques et qui se bat vaille que vaille pour honorer son engagement à l’endroit du peuple nigérien. Après quelques mois d’agitation, ils ont aujourd’hui la réponse que le peuple nigérien n’est pas associé à leur démarche.
Niger Inter : En tant que leader politique comment se porte aujourd’hui votre parti, le CPR Inganci ?
Moctar Kassoum : Le CPR est un parti en construction, nous avons vite compris que la vie d’un parti c’est comme la vie d’un être humain. Il y a lieu plusieurs phases. Cela m’amène à dire que le parti se porte très bien surtout que j’ai bien compris avec beaucoup de mes camarades, nous avons compris le chemin que nous devrons prendre pour construire un grand parti. Ce n’est pas une affaire d’un an ou de deux ans mais une vision à partager avec nos concitoyens. Aux dernières élections nous sommes arrivés 6ème aux élections présidentielles dont les 80% des voix sont d’une seule région à savoir Maradi et cela est gênant pour un parti politique qui a une ambition nationale. Et pour avoir une ambition nationale, il faut être réaliste et travailler. C’est vous dire qu’entretenir un parti politique ce n’est pas une course de vitesse, c’est une course de fond. Et c’est ça qui guide toute décision au CPR Inganci, toute notre démarche politique. Cela nous vaut des critiques même de certains camarades qui nous reprochent d’avoir vendu le parti au PNDS, que nous n’avons plus d’ambition politique. Nous travaillons avec des sages, des femmes et des jeunes dans une vision d’avenir en consolidant nos acquis antérieurs. Quand un parti n’a pas 5 ans, 10 ans pour moi ce n’est même pas un parti politique quand on comprend le caractère subjectif des électeurs qui vous votent parce que vous êtes natif de la région ou pour bien d’autres considérations. Moi j’ai les pieds sur terre c’est pourquoi je vous disais que je ne peux pas m’inscrire dans une dynamique irréaliste ou une illusion. Aujourd’hui quand je considère l’exemple du PNDS, ce n’est pas seulement 20 ans d’opposition comme on le dit souvent, j’ai échangé avec un responsable du PNDS qui me disait que la première fois qu’ils ont échangé d’asseoir un cadre politique c’était en 1979. Je dis toujours à mes militants que ce parti est une source d’inspiration pour sa cohésion et la solidarité entre ses militants. Je pense que nous avons besoin de cette humilité en s’inspirant des autres pour grandir.
Niger Inter : depuis votre nomination au ministère de la Jeunesse et des Sports vous avez été l’objet de plusieurs critiques dont entre autres la mise en place du comité après la crise de la Finilutte, la gestion du championnat de Zinder et également l’affaire de la villa d’Alfaga. Que dites-vous à propos de ces allégations ?
Moctar Kassoum : Vous savez, la vie est faite de sorte qu’il faut avoir assez de courage pour faire face à certaines situations. Ceux qui me connaissent savent que je ne cède pas au chantage. Je crois également en Dieu et au destin. C’est pourquoi j’ai toujours eu confiance au temps. Quelle qu’en soit la situation, le temps est un des grands juges et un des grands arbitres. Je vous assure que toutes les perturbations, les agissements, le critiques, j’ai toujours dit à ceux qui le font que nous sommes dans une République. Dans la gestion nous sommes soumis à divers contrôles, c’est pourquoi d’ailleurs je me concentre sur l’essentiel. J’essaie plutôt de mériter la confiance du président de la République et du premier ministre et eux, ils ont des yeux et des oreilles partout. Mes détracteurs doivent souffrir du fait que les réformes que nous avons engagées sont sur la bonne voie. Il faut reconnaître que c’est un ministère où nous avons procédé à un déplacement du personnel pour nous doter d’une équipe à la hauteur de nos ambitions et cela n’a pas plus à certains. Mais j’ai toujours été ouvert par contre relativement à certains dossiers comme affaire Alfaga, la gestion de la lutte à Zinder je n’ai pas à m’étaler là-dessus. Par rapport à l’affaire dite Alfaga, il était question de lui trouver une villa, c’était un engagement du président de la République et à la date d’aujourd’hui cela a été fait. Par rapport à la lutte à Zinder, je dois avouer que certains de nos directeurs ont prévu la catastrophe mais Dieu merci nous avons géré toutes ces épreuves avec beaucoup de responsabilité. Nous avons enregistré tous les manquements et nous avions rapidement mis un comité pour juguler cette situation. Vous savez la critique est trop facile. On le voit tous les matins, certains ont comme pour vocation de salir les autres. Mais j’ai toujours été serein. Je crois en Dieu et je sais que je vais rendre compte et ce qui me rend serein et silencieux devant les attaques.
Niger Inter : A partir des réseaux sociaux on a l’impression que le Niger est en conflit. Quel est votre message à ce propos ?
Moctar Kassoum : Vous savez c’est des marginaux ces gens aux intentions malveillantes qu’on lit sur ces réseaux sociaux. C’est à la limite des discours de désespoir et la plupart de ceux qui font cette basse manœuvre sont à l’extérieur du pays. Des gens assez malhonnêtes et lâches, sur des profils inconnus, ils profèrent des menaces et autres appels pour opposer les nigériens les uns contre les autres. Ce dont je suis sûr nous avons des responsables, des hommes d’Etat à la tête du pays dont le président dont je ne peux même mesurer sa dimension humaine, républicaine et son combat pour laisser aux générations à venir un pays viable, un pays sûr. Il l’avait clairement affirmé à son investiture pour ce second mandat. Notre préoccupation au niveau de la MRN et au niveau du gouvernement c’est de voir une saison de pluies féconde s’installer, voir la route Tchadoua/Mayahi , la route Maradi/Madarounfa achevées, toutes ces routes latéritiques dans la région de Tillabéry, voir nos forces de défense et sécurité dotées de matériel et de toutes les stratégies nécessaires pour garantir davantage la sécurité de nos populations à Diffa… Nous avons le souci en tant que démocrates de voir le processus électoral en cours aboutir. Pour justement ceux qui rêvent de faire basculer le pays dans la chienlit, je ne doute pas un seul instant qu’ils ont face à eux la loi dans toute sa rigueur.
Interview réalisée par Elh. Mahamadou Souleymane et Abdoul Aziz Moussa