Les forces tchadiennes et nigériennes, positionnées au sud-est du Niger ont attaqué ce dimanche 8 mars dans la matinée les positions de Boko Haram en territoire nigérian. Jusqu’à tard dans la soirée, il n’y avait pas de bilan connu, mais l’offensive marque l’ouverture d’un troisième front en territoire nigérian auquel doivent faire face les islamistes.
Les soldats tchadiens et nigériens ont franchi la frontière en deux points, Bosso, et Diffa, deux villes séparées de 80 kilomètres. Les deux armées qui se sont installées depuis plusieurs semaines aux portes du Nigeria ont notamment franchi la frontière ce dimanche matin, en enjambant le pont de Doutchi qui relie le Niger au Nigeria pour ce qui semble être une offensive d’envergure.
Des milliers d’hommes, plus de deux cents véhicules, des pickups, des chars sont montés à l’assaut. L’offensive a été précédée samedi et dimanche matin par une série de raids aériens en territoire nigérian contre des positions de Boko Haram. Des témoins rapportent avoir entendu de violentes déflagrations. Des déflagrations qui se sont éloignées au fil des minutes, signe que les affrontements se poursuivent plus loin à l’intérieur du territoire nigérian.
Difficile coordination militaire
C’est la première fois que les deux armées traversent conjointement la frontière du Nigeria. Jusque-là, elles se sont contentées de défendre la frontière du Niger contre les assauts des islamistes. Début février, le camp de Bosso, située sur la frontière avait été attaqué par les islamistes qui ont été repoussés laissant sur place plusieurs centaines d’hommes.
Les éléments de Boko Haram qui ne se sont pas partis loin ont continué à harceler les deux armées, tirant régulièrement sur leurs positions depuis le territoire nigérian. Cette offensive consacre l’ouverture d’un troisième front auquel ils doivent faire face dans le nord-est du Nigeria. Le premier ayant été ouvert par l’armée nigériane, et le second par les forces tchadiennes et camerounaises, à Gambaru.
L’état major nigérian a par ailleurs accueilli fraichement l’offensive tchado-nigérienne affirmant que « tout effort fait par une force étrangère serait au mieux complémentaire des opérations de l’armée nigériane ». Abuja semble avoir du mal à digérer le fait que les Tchadiens et les Nigériens poursuivent Boko Haram sur son territoire. À en croire des officiers de haut rang dans la région, la coordination militaire entre d’un côté le Nigeria et de l’autre le Tchad et le Niger est quasi inexistante. Les Tchadiens semblant, selon cet officier, avoir une maigre confiance dans les stratégies de l’armée nigériane.
RFI