Le 15 décembre 2017, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé la première revue des résultats économiques obtenus par le Niger dans le cadre du programme appuyé par un accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC), puis examiné et approuvé l’évaluation des services du FMI sans réunion.
Malgré les problèmes de sécurité et les cours défavorables des produits de base, les résultats économiques ont été satisfaisants dans un contexte marqué par une bonne campagne agricole, le PIB réel progressant de 5% en 2016, tandis que l’inflation restait contenue à 0,2 %. Le taux d’activité devrait atteindre 5,2 % en 2017, grâce principalement au renforcement des secteurs des hydrocarbures et des services et à une croissance robuste du crédit. Le déficit courant se réduira probablement à 13,4 % du PIB sous l’effet de la hausse des exportations de produits pétroliers, d’un rebond des exportations d’uranium et de la réalisation progressive des projets d’infrastructure à forte intensité d’importations. Sous l’effet de ce qui précède et d’un soutien continu et important des bailleurs de fonds, la balance des paiements globale devrait donc devenir positive en 2017, le Niger commençant à contribuer aux réserves internationales de l’UEMOA.
Le programme soutenu par la FEC reste pour l’essentiel axé sur : i) la préservation de la stabilité macroéconomique par la poursuite de politiques budgétaires et d’endettement prudentes, ii) l’élargissement de l’assiette des recettes, iii) la priorisation des dépenses publiques et le renforcement de leur contrôle et iv) la diversification de l’économie et la réponse au défi démographique, l’accent étant surtout mis sur le développement des secteurs privé et financier. Toutefois, l’évolution défavorable de la situation extérieure et la forte croissance démographique, qui dilue les investissements et pose le défi consistant à créer des emplois pour une population active galopante, présentent des risques pour les résultats du programme et les perspectives de développement à long terme.
Évaluation par le Conseil d’administration
En concluant la première revue des résultats économiques obtenus par le Niger dans le cadre du programme appuyé par la FEC, les administrateurs ont approuvé l’évaluation des services du FMI comme suit :
Les autorités ont exécuté leur programme appuyé par la FEC de manière globalement satisfaisante. Tous les critères de réalisation quantitatifs et les objectifs indicatifs, à l’exception d’un seul, ont été atteints. Si la politique budgétaire a été prudente grâce à un contrôle strict des dépenses, la mobilisation des recettes budgétaires est restée inférieure aux prévisions du programme. Le programme de réformes structurelles progresse, mais les capacités limitées d’exécution ont entraîné certains retards, notamment dans la mise en place d’un Compte Unique du Trésor.
Des mesures adéquates ont été prises pour faire progresser le programme jusqu’à la fin de 2017. Un collectif budgétaire a réduit les crédits pour 2017 afin de protéger les objectifs de déficit et de financement intérieur du budget face au manque à gagner en recettes attendu pour la fin de 2017. Les mesures visant à renforcer les recettes affichent de premiers résultats, comme l’établissement de l’assiette douanière sur la base de la valeur transactionnelle des importations. Les travaux sur un vaste programme de réformes structurelles se poursuivent.
Le programme s’appuie sur un cadre macroéconomique ambitieux mais réaliste. La croissance du PIB devrait s’élever à environ 5,5%, avec la réduction de la pauvreté que cela suppose, et ce malgré les vents contraires. Des mesures visant à modérer l’inflation sont en place et la politique budgétaire est axée sur le respect des critères de convergence de l’UEMOA d’ici à 2021. Un soutien vigoureux des bailleurs de fonds atténue les éventuels effets négatifs sur la croissance de l’assainissement des finances publiques et aide à rendre la balance des paiements positive.
La loi de finances pour 2018 est conforme aux objectifs du programme. Elle consacre un assainissement judicieux des finances publiques avec une réduction du déficit budgétaire de base qui passera à 3,9% du PIB (contre 4,6% en 2017), une hausse des recettes fiscales de 0,5% du PIB soutenue par des mesures concrètes (telles que la réduction des exonérations de TVA, le contrôle plus strict des incitations à l’investissement et les impôts minimums) et une limitation des dépenses.
Les autorités ont élaboré un programme complet et détaillé de réformes structurelles budgétaires qui comporte une panoplie de mesures relatives à l’administration fiscale, des améliorations de la gestion des finances publiques et des initiatives visant à rehausser la qualité des dépenses publiques. Une assistance technique importante de la part des bailleurs de fonds, FMI inclus, est disponible pour appuyer ces efforts.
Les autorités reconnaissent à juste titre qu’il est indispensable de développer le secteur privé au Niger et de diversifier l’économie pour atteindre les objectifs de développement. A cet effet, les travaux visant à améliorer le climat des affaires se poursuivront. Les capacités de prêt des banques seront renforcées à travers l’achèvement rapide du programme d’apurement des arriérés du gouvernement, le recours croissant au système financier pour les opérations budgétaires et l’application du nouveau cadre juridique du crédit-bail. Cependant, il conviendrait de réexaminer la récente décision de quitter l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), qui compromet les résultats d’autres réformes louables dans le secteur minier.
Il y a lieu de féliciter les autorités pour avoir placé les questions démographiques et de genre en tête de leur programme politique. Il est désormais capital d’obtenir des résultats sur le terrain, afin d’éviter qu’une forte croissance démographique ne compromette la réalisation des objectifs de développement. La formulation envisagée d’un plan d’action quinquennal sur le genre, fondé sur la politique +-nationale genre actualisée, et le projet de loi visant à scolariser les filles plus longtemps, ainsi qu’à retarder le mariage et la procréation, sont accueillis avec satisfaction.
Source : FMI