Depuis quelques temps, la polémique enfle à propos de la succession de Mahamadou Issoufou qui à peine, vient d’entamer son second mandat. C’est Hama Amadou en personne, l’opposant en exil en France, lors d’un entretien accordé à une télévision béninoise et dont les extraits circulent sur les réseaux sociaux, qui a ouvert cette brèche. Une « brèche » inextricable dans laquelle les journaux et les médias proches de l’opposition, se sont tous engouffrés et ont visiblement de la peine à y ressortir.
En effet dans cette interview, Hama Amadou prétend que Mahamadou Issoufou s’apprête à passer le témoin en 2021 au « Général 4 étoiles » Salou Djibo. Il va jusqu’à alléguer qu’il existerait un « deal secret » entre les deux personnages ; un accord concocté à la veille des élections de 2011. Ainsi dans cette lecture des choses, toutes les décisions politiques prises par le Président Issoufou ces derniers temps, viseraient à satisfaire les termes de cet accord secret qui consiste à ramener Salou Djibo au pouvoir.
Pour rappel, Salou Djibo a cédé le pouvoir en 2011 à Mahamadou Issoufou au terme d’une « transition militaire » et à la suite d’élections jugées libres et transparentes par toutes les parties. C’est peut-être là le seul élément historique vérifiable sur lequel se base cette « théorie » balancée depuis Paris. Il n’en fallait pas plus pour que le sujet devienne comme une réalité et s’invite dans tous les débats.
A l’origine de ce « débat malsain » comme le reconnait « une certaine presse » pour se faire bonne conscience, se trouve une « fake news », c’est-à-dire une « fausse nouvelle », destinée sans doute à semer la « confusion et la suspicion » autour de l’entourage du Président Issoufou où « héritiers » et « dauphins », un peu trop pressés il est vrai, ont d’ores et déjà commencé quelques cabrioles désordonnées en direction du trône présidentiel.
Pourtant à regarder de près, la succession de Mahamadou Issoufou par le Général Salou en 2021, est pour l’instant l’un des scénarios les plus improbables pour nombre d’analystes nigériens. A l’appui de leur thèse, ils notent que, premièrement Salou Djibo n’est pas officiellement un militant PNDS, à moins qu’il n’y adhère au « moment opportun ». Là-dessus d’ailleurs, les dernières rumeurs de Niamey lui accréditent la création de son propre parti politique. On voit mal comment un accord secret pourrait passer par là.
Deuxièmement, à supposer que Salou Djibo adhère au PNDS, ce parti qui a construit sa renommée et sa durabilité sur le respect des principes, c’est quasiment mission presque impossible pour le « soldat Salou » de supplanter des « héritiers » tout aussi ambitieux que lui et clouer au pilori tous les « Gardiens du Temple » pour qui le respect des règles de préséance est une vertu cardinale.
Troisièmement, le Général Salou Djibo n’est pas un « homme clean ». Son plus grand mérite est d’avoir organisé des élections libres et transparentes en 2011. Pour le nigérien lambda, ça n’a rien de concret ni de « mangeable ». Par contre, l’opinion retient contre lui le bradage du barrage de Kandadji et bien d’autres soupçons d’enrichissement illicite que le Salou débarrassé de treillis militaire ne saurait défendre devant les nigériens.
Rien que pour ces trois petites raisons, Salou Djibo ne pourrait pas revenir au pouvoir par la porte du PNDS. « On a bien compris le message, note avec lucidité un membre de l’entourage du Président Issoufou. Il s’agissait à travers cette vraie-fausse nouvelle de dire que Mahamadou Issoufou prépare un complot contre son entourage et de créer la suspicion au cœur de notre parti. Mais nous sommes parés et préparés contre toutes ces manœuvres… », Dixit Kalla Hankouraou, SG/A du CEN/PNDS.
El Kaougé Mahamane Lawaly (Le Républicain N°2136 du 06 juillet 2017)