De plus en plus des jeunes nigériens s’affirment dans le monde scientifique. Laouali Abdou Idriss vient de sortir du lot. Sur son chemin du succès il a dû faire sien ce trait d’esprit : ‘’Ce sont des professionnels qui ont construit le Titanic, et des amateurs l’Arche de Noé’’. La rubrique leadership et développement personnel de Niger Inter vous fait découvrir ce jeune génie.
Niger Inter : Présentez-vous à nos lecteurs et internautes.
LAOUALI Abdou Idriss : Je suis né il y a 26 ans à Niamey au Niger où j’ai effectué toute ma scolarité jusqu’au Baccalauréat au complexe scolaire L’EAU VIVE. Curieux pendant mon adolescence, je me suis formé tout seul à l’informatique. Par conséquent, après mon Bac j’ai étudié les nouvelles technologies. Le Maroc fut ma première destination. J’ai passé 4 ans au Maroc (2 années de cycle prépa et 2 ans de spécialisation en Systèmes d’exploitation des réseaux et télécoms). Pendant ces 4 années il a fallu s’adapter et ne pas perdre de vue ce qui m’a amené là-bas. Comme me l’ont si bien dit mes parents avant mon départ.
J’ai passé 4 ans au Maroc (2 années de cycle prépa et 2 ans de spécialisation en Systèmes d’exploitation des réseaux et télécoms). Pendant ces 4 années il a fallu s’adapter et ne pas perdre de vue ce qui m’a amené là-bas. Comme me l’ont si bien dit mes parents avant mon départ.
En quatrième année dans le cadre d’un partenariat entre mon école et Telecom Bretagne, je suis parti à Brest pour un stage dans le département informatique de Telecom Bretagne. Et là bonjour le choc thermique (un sahélien dans le Nord de la France).
Avant de partir à Brest, j’avais postulé pour continuer mes études en France, plus particulièrement à l’INSA (Institut National des Sciences Appliquées) de Toulouse. Même si quand j’avais rencontré un de ses représentants à un Forum à Rabat il m’avait prédit 0% de chance. A la dernière minute juste avant le deadline, j’ai osé et j’ai gagné.
Arrivé à l’INSA, ce fut un autre challenge ! Grosse pression pendant l’intégration. D’une part, j’étais intimidé d’être en France, et particulièrement à l’INSA de Toulouse, qui est une grande école d’ingénieur. Là aussi il a fallu s’adapter et ne pas perdre de vue mes objectifs.
Aujourd’hui, je suis ingénieur concepteur/développeur logiciel Chez Capgemni.
Soucieux des difficultés que rencontrent les jeunes bacheliers et étudiants nigériens sur les orientations, les procédures de candidatures et les bourses d’études, j’ai décidé de développer une application mobile. C’est ainsi qu’est née Karatou-Post Bac.
Je suis très impliqué ‘’associativement’’ surtout dans le domaine de l’éducation. Je suis ambassadeur/Fellow d’une association (Passeport Avenir) qui milite pour l’égalité des chances pour les jeunes issus des milieux défavorisés.
Mes actions sont entre autres les animations d’ateliers pour motiver les jeunes à entreprendre de longue études, partager mon expérience professionnelle et estudiantine avec eux.
Je suis aussi Président de l’association des nigériens de Toulouse : nos objectifs sont de renforcer la solidarité entre Nigériens à Toulouse, partager notre culture, mener des actions au Niger…
Niger Inter : Vous êtes passionné des nouvelles technologies. A quand remonte votre rencontre avec l’outil informatique ?
LAOUALI Abdou Idriss : Ma rencontre avec l’informatique remonte à mon plus jeune âge au collège plus précisément. J’avais eu la chance de jouer avec l’ordinateur de mon père et dans les cybercafés. Ma curiosité a fait en sorte que je ne m’arrête pas qu’aux jeux. Il fallait que je sache comment fonctionnait cet outil. J’ai d’abord commencé par apprendre les logiciels comme Word et Excel. En classe de 3e déjà je prenais le plaisir de saisir et imprimer sur le PC de mon père les emplois du temps et les fiches de balayage de ma classe. Le fondateur de l’école m’appelait “Mr l’informaticien”. Quand j’ai eu mon BEPC, mon père m’a acheté un ordinateur, ce qui a donné un élan à ma curiosité. Petit à petit, après avoir compris le fonctionnement du système d’exploitation, j’ai démonté l’unité centrale pour connaître les composants qui la constituait. J’ai remplacé quelques composants pour booster la puissance de la machine. Un peu plus tard je suis même devenu le petit informaticien du quartier, je réparais même les téléphones. Ce fut une très belle époque de ma jeunesse ( je suis toujours jeune 🙂 ). Beaucoup de ces expériences m’ont servi au cours de mes études universitaires.
Niger Inter : Vous avez développé l’application ‘’karatou-Post Bac’’. De quoi s’agit précisément ?
LAOUALI Abdou Idriss : Karatou-Post Bac (Karatou = étude en Haoussa) est une application lancée depuis le 25 juin 2016 sur Apple Store et Play Store (Android).
L’application Karatou Post bac propose 4 rubriques :
- Choisir sa filière :
Cette rubrique décrit les différentes filières possibles selon le type du baccalauréat (scientifique ou littéraire) ainsi que les débouchés. Des filières seront rajoutées au fur et à mesure.
- Comment candidater :
Cette rubrique explique les procédures d’inscription dans plusieurs pays. Si on prend l’exemple de la France, Karatou Post bac explique la procédure de recherche de formation, du visa et donne une estimation du coût de la vie. Elle permet par exemple d’accéder directement à un site interactif qui facilite la recherche d’école et université par domaine.
- Exemples de parcours :
Dans cette rubrique Karatou Post bac présente les parcours exemplaires de nigériens qui ont fait leurs études à travers différents pays dans le monde. Elle vise à donner une visibilité sur les types d’études possible et à casser certains préjugés. Cette rubrique est l’une des plus appréciées des utilisateurs.
- Bourses d’études
Dans cette rubrique Karatou Post bac facilite l’accès à certains sites qui publient des offres de bourse dans le monde entier.
Prochaines évolutions prévues:
- A court terme:
– Forum de discussion (Foire aux questions).
– Ajout de nouvelles filières et des bacs pros.
– Plus d’exemples de parcours diversifiés avec beaucoup plus de femmes,
des doctorants.
– Blog de l’application pour mieux communiquer sur les mises à jour et les articles
d’exemples de parcours.
- A moyen terme
– Intégration des pages d’informations et de préinscription pour les écoles et universités : la phase de test commencera avec deux écoles au Niger.
Niger Inter : Quel était votre motivation en créant cette application ?
LAOUALI Abdou Idriss : Cette application a été développée sur la base d’expériences personnelles. Au terme d’une réflexion sur les besoins des jeunes nigériens, je me suis rappelé qu’après mon bac, mes camarades et moi avions eu du mal à choisir une filière pour nos études. On n’avait aucune information sur les filières après un bac scientifique et nous ne savions pas où chercher. Souvent on laissait nos parents choisir pour nous. Par exemple, moi j’envisageais d’étudier la comptabilité comme mon père (pourtant je ne connaissais rien de ce domaine). Mais il me l’a déconseillé au vu de mon affinité avec les nouvelles technologies. A partir de là je me suis dit qu’il fallait proposer une solution pour combler ce besoin. Je suis donc parti du constat qu’aujourd’hui, avec le phénomène des réseaux sociaux, les jeunes africains, les nigériens en particulier sont “addict” à leur smartphone. Par conséquent, j’ai eu l’idée de développer une application qui pourra aider beaucoup d’entre eux.
Niger Inter : Avez-vous une idée de l’impact de votre application sur les jeunes bacheliers dans leur recherche des filières d’études ?
LAOUALI Abdou Idriss : L’impact sociétal de l’application Karatou Post Bac est très important au vu du besoin actuel. Aujourd’hui, au Niger un élève de terminal sur deux dit qu’il ne sait pas ce qu’il veut faire comme étude après le bac. D’une part, parce qu’il n’a pas les informations sur les filières existantes, d’autre part il ne connaît pas les démarches à suivre. A cela s’ajoute le fait que certains n’ont pas de modèles dans leur entourage qui pourraient les aider. C’est ce que propose l’application Karatou Post Bac. Elle répond à l’un des objectifs du développement durable dans le monde qui est l’accès de tous à l’éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie. Beaucoup d’avis ont été laissés sur les plateformes de téléchargement de l’application ainsi que des retours par mail. Les jeunes se réjouissent d’avoir enfin une application qui leur permette d’avoir facilement accès aux informations dont ils ont besoin. Ci-dessous des exemples d’avis :
Niger Inter : Quel est votre objectif professionnel en tant qu’ingénieur informatique?
LAOUALI Abdou Idriss : Mon projet professionnel en tant qu’ingénieur Logiciel est à court terme, de monter en compétence techniquement et fonctionnellement sur beaucoup de technologies et méthodologies informatiques. A moyen terme, après avoir passé mon MBA, je souhaiterais passer à mon compte en tant qu’auto-entrepreneur, ainsi je pourrais choisir le client pour qui je travaillerai et j’aurai beaucoup plus de temps pour développer mes projets personnels. A long terme, je serai insha Allah chef de mon entreprise dans le domaine des services informatiques. Je souhaiterais aussi in sha Allah participer à la création d’une école d’ingénieur centrée sur les NTIC.
Niger Inter : Le défi reste entier à relever pour notre pays dans le domaine de l’informatique. Pensez-vous rentrer un jour au bercail pour apporter votre pierre à l’édifice ?
LAOUALI Abdou Idriss : Rentrer au bercail, c’est l’objectif de quasiment tous les Nigériens de la diaspora après leur diplôme. Souvent d’autres contraintes surgissent après le diplôme. Un des gros avantages de l’informatique est qu’elle défie toute notion de frontière ou de localisation. C’est à dire qu’on peut contribuer au développement de notre pays sans forcément y être en permanence. La preuve, l’application Karatou Post Bac a été créée pour servir mes frères et sœurs.
Pour répondre précisément à la question, oui je rentrerai insha Allah pour apporter ma contribution et promouvoir mes futures applications.
Niger Inter : Avez-vous une opinion sur l’état des lieux de notre pays en matière d’informatique?
LAOUALI Abdou Idriss : De par mes observations récentes, les nouvelles technologies gagnent beaucoup de terrain au Niger. D’une part, ces dernières années il y a beaucoup de projets développés en faveur de l’agriculture. D’autre part, il y a beaucoup de concours organisés au Niger pour faire ressortir de grands projets. Ce qui est très bien car ça motive beaucoup de jeunes à s’intéresser aux nouvelles technologies. Il y a pas mal de jeunes qui m’écrivent via l’application et qui me disent qu’ils sont très intéressés par l’informatique.
A ce propos je participe au concours de l’entrepreneuriat social organisé par Orange Niger.
Vous pouvez voter pour l’application en cliquant sur ce lien : http://entrepreneurclub.orange.com/fr/entrepreneur-social-2017/projet/karatou-post-bac.html
Le gain de ce concours me permettrait de financer la campagne de promotion de l’application au Niger afin qu’elle soit plus connue de tous.
Niger Inter : Quel est selon vous l’intérêt des nouvelles technologies pour un pays comme le Niger ?
LAOUALI Abdou Idriss : Selon moi le Niger a beaucoup à gagner à travers le développement des nouvelles technologies. Cela commence déjà à se voir dans notre secteur de base qui est l’agriculture. Il y a beaucoup d’invention qui voient le jour pour faciliter le travail de nos agriculteurs. A cela s’ajoute toute la digitalisation, beaucoup d’autres secteurs comme la santé à travers la mise en place d’un système de gestion des patients, des dossiers médicaux… D’autant plus que le Niger a beaucoup de compétences à valoriser dans sa diaspora.
Réalisée par Elh. Mahamadou Souleymane