L’exploitation du pétrole brut nigérien par la Chine, une des nouvelles mamelles économiques de notre pays est en train d’être plombée depuis un certain temps, par un malentendu mal géré entre le Niger et la Chine, encouragé par des médias liges, s’il n’a pas été sciemment créé par certains milieux pro-français, qui de jour travaillent pour la refondation, mais tournent casaque la nuit pour se mettre à la solde de l’impérialisme français, afin de pourfendre la coopération chinoise. A la longue, l’agenda caché de ces saboteurs de la vingt-cinquième heure est de sabrer les tendons de la refondation en la privant de ressources financières sûres, disponibles, mais surtout d’une assistance technique disponible et d’un soutien politique de taille dans la politique internationale, qui actuellement bouge à une vitesse infernale chaque jour, avec en toile de fond, les complots quotidiens contre l’AES et la persistance du terrorisme, sous des formes plus violentes et plus dangereuses.
Ces derniers temps, certains médias et observateurs malfaisants, ignorant la réalité du dossier ont fait naître par leurs publications et communications intempestives des malentendus à propos de l’accord de préfinancement du pétrole brut conclu entre la République du Niger et la China National Petroleum Corporation (CNPC). De sorte que cette belle coopération au départ se trouve affectée, portant griefs aux deux parties nigérienne et chinoise, alors même que ceux ont entrepris ces manœuvres de sape eux-mêmes n’ont rien à y gagner.
En tant qu’acteurs bien renseignés sur le projet, il est utile, et même nécessaire, sur la base de faits objectifs, d’apporter des clarifications sur les éléments essentiels de cette coopération.
Une coopération multiforme, concrète, utile et disponible
Pour peu qu’on soit objectif dans l’histoire de la coopération internationale avec le Niger, l’on est obligé de reconnaître que les chinois ont toujours été là, même quand les autres nous tournaient le dos. Discrets et efficaces, ils ont toujours été là, chaque fois que les nigériens les ont sollicités.
Il y a de cela plus de trois décennies que la Chine offrait généreusement des bourses de formations, dans divers domaines, comme l’éducation, la défense et la sécurité ; et particulièrement en médecine, où les premiers médecins formés en Chine ont plus de 30 ans de pratique médicale dans nos formations sanitaires.
Mieux, cerise sur le gâteau, des médecins chinois, dans beaucoup de spécialités, comme la chirurgie, l’orthopédie et la rééducation, etc., ont toujours été présents, dans nos formations sanitaires, aux côtés des médecins cubains et russes. Ils ont toujours été là pour soigner les malades, au moment où nos formations sanitaires étaient encore démunies, au stade embryonnaire et manquaient cruellement de personnel.
Les médecins chinois étaient tellement présents à l’accueil des accidentés que l’opinion collective Niaméenne a même inventé une boutade attribuée à un médecin chinois qui, aux urgences de l’Hôpital National de Niamey, chaque fois qu’on amenait un nouvel accidenté, avec une fracture au pied, pour chercher à le mettre à l’aise, il demandait instinctivement si ce n’était pas « Moto Kasea ? » qui lui a cassé le pied. Et cela faisait rire tout le monde, souvent même l’accidenté !
La Chine aide le sport par la construction des stades
C’est encore la Chine qui nous a offert nos premières grandes infrastructures sportives nationales, à savoir le Palais des sports et le Stade Général Seyni Kountché de Niamey. Ce sont aujourd’hui ces deux plus grands stades, qui abritent nos compétions internationales. C’est aussi ces deux grandes infrastructures qui ont majestueusement abrité les compétitions des 5èmes jeux de la Francophonie à Niamey en 2006. Que serait devenu le ballon rond nigérien si ces deux joyaux n’étaient pas nés de cette coopération ?
La Chine dans les ponts infrastructures routières
Il n’est un secret pour personne que nous devons le deuxième et troisième pont de Niamey aussi à la coopération chinoise. Grâce à ces deux gigantesques infrastructures, non seulement les deux rives de Niamey communiquent mieux, mais personne ne peut se plaindre d’être bloqué du fait d’un accident ou des manifestations, le déplacement d’une personnalité ou pour une raison quelconque.
La Chine construit la raffinerie de Zinder et le pipeline
En 2006, peu après son accession au pouvoir, lorsque le Président Tandja Mamadou (Qu’Allah SWT lui pardonne et l’admette dans son paradis éternel !) avait songé à la mise en exploitation du pétrole nigérien, tous ceux qu’il avait contacté ont opposé un refus poli, avec des arguments farfelus. Les français le trouvaient « peu rentable », parce que selon eux, il n’y en avait pas beaucoup ; pas assez en tout cas pour une mise en exploitation immédiate. Il s’est ensuite tourné vers les américains, et a même effectué un voyage pour cela. Eux aussi lui ont opposé une fin de non-recevoir parce que, selon eux, l’exploitation du pétrole nigérien posait beaucoup de problème, parce qu’il était enclavé, loin des côtes et que ce genre d’opérations nécessitaient beaucoup d’eau. En fait, ils le tournaient en bourrique, rejoignant méchamment la position des français, qui considéraient c pétrole comme le leur, en vertu des accords léonins datant des années de la Françafrique. Avec le même « refus poli », ils lui ont suggéré qu’ils pouvaient se « réserver pour les générations futures américaines », s’il était d’accord. C’était la petite insulte de trop !
Aussitôt revenu au Niger, il a contacté les chinois, qui ont accepté de venir faire la prospection et évaluer la quantité. Au deuxième voyage, les accords avaient même pu être conclus, avec à la clé la construction d’une raffinerie d’une capacité de 100.000 barils/jour. Les clés de répartition définies dans l’accord, les charges ainsi que la clé de leur répartition, les modalités de financement et de partage.
Avec ces accords, le Niger n’est pas qu’un pays producteur de pétrole, il raffine, consomme et vend le produit fini. En un seul bond, le Niger est entré dans la cour des grands. Il a rendu son approvisionnement plus sûr, plus sécurisé, réduit le coût de la consommation intérieure et, cerise sur le gâteau, peut prétendre aux dividendes immédiats de la vente.
C’est, entre autres, le résultat de cette manne, mais surtout la réforme du code minier, qui oblige la France à acheter plus cher l’uranium, les frictions autour des reports calculés de l’exploitation du site d’Imouraren qui furent à la base de sa chute, dans les conditions que l’on sait.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est que grâce à la Chine, le Niger est devenu un pays pétrolier, sans avoir déboursé un seul centime. Toute l’opération est financée par le fameux prêt EXXIMBANK, qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, comme ici nous ne savons la fermer quand nous sommes dans les affaires à l’international.
L’exploitation du pétrole gagnant/gagnant
L’aspect le plus intéressant de la coopération sino-nigérienne est surtout l’option gagnant/gagnant dans l’exploitation du pétrole. Tout le monde sait que la France a découvert le pétrole au Niger avant les indépendances, mais l’a toujours caché aux nigériens. Les prospections qui étaient pourtant fructueuses avaient été soigneusement cachées aux nigériens, sans doute réservées aux générations futures françaises.
C’est dans le même ordre d’idée que les américains, contactés par le gouvernement de Tandja avaient répondu sèchement que le pétrole nigérien est un pétrole continental, qu’il est loin des côtes, que son exploitation nécessitant beaucoup d’eau, ils préféraient le réserver pour les générations futures américaines, au moment où les nigériens mouraient de faim et manquaient de tout.
C’est dans ces conditions que la Chine a généreusement ouvert ses portes au Niger, sans lui demander d’engager un seul kopek ; juste sur la base du principe gagnant/gagnant. Le Niger n’aurait jamais été un pays producteur du pétrole si ce principe n’avait pas fonctionné.
C’est sans doute pourquoi, quel que soit le niveau de contradiction avec les chinois, il est important de continuer à dialoguer. Sans doute qu’un terrain d’entente est toujours possible.
Ibrahim Manzo


