Chaque année, les mêmes images reviennent : maisons effondrées, familles déplacées, enfants privés d’école, terres agricoles ravagées. En 2025, le Niger compte déjà plus de 110 000 sinistrés, 23 morts et des milliers de ménages sans abri. Et pourtant, rien dans ce scénario n’était imprévisible.
La Météorologie nationale comme le PRESASS avaient annoncé depuis des mois, une saison pluvieuse plus intense que la moyenne. Les mêmes zones vulnérables ont encore été inondées. Les mêmes appels à la vigilance ont été lancés. Et les mêmes constats tragiques se répètent.
La mémoire courte face à un danger permanent
En 2024, le pays avait connu les pires inondations en vingt ans, avec près de 1,5 million de sinistrés. Une catastrophe historique qui devait servir de leçon. Un an plus tard, qu’a-t-on appris ?
Les populations continuent de s’installer dans des zones inondables, faute de politique d’aménagement efficace. Les digues ne sont pas renforcées. Les écoles et les services publics se retrouvent encore paralysés par les eaux. Et l’on se contente de distribuer des vivres et quelques tentes, comme si cela constituait une solution durable.
Le piège de la gestion d’urgence
L’État et ses partenaires se félicitent d’avoir pris en charge une partie des sinistrés. Mais soyons clairs : répondre à une crise n’est pas la même chose que de la prévenir. Chaque franc investi dans l’urgence est un franc de plus que nous n’avons pas mis dans la prévention, l’aménagement du territoire, l’éducation à la résilience.
C’est une spirale coûteuse, inefficace et profondément injuste pour les populations qui paient chaque année le prix fort.
On entend souvent que le barrage de Kandadji, enfin en voie d’achèvement, réglera une partie du problème. Mais croire qu’un seul ouvrage suffira à protéger tout le pays est une illusion dangereuse. Sans politiques de relogement préventif, sans reboisement massif, sans planification urbaine qui respecte les couloirs naturels de ruissellement, le Niger continuera à subir les mêmes drames.
Briser le cycle de l’oubli
Les inondations au Niger ne sont pas des « accidents » Elles sont prévisibles, récurrentes et de plus en plus destructrices, à cause du changement climatique. La vraie catastrophe, c’est notre incapacité à capitaliser sur l’expérience des années passées. Chaque saison des pluies doit être un moment d’évaluation et de renforcement des dispositifs. Pas une répétition du même scénario dramatique.
Aujourd’hui, il est temps d’admettre que la gestion d’urgence seule ne suffit pas. Le Niger doit investir dans : des systèmes d’alerte précoce efficaces, accessibles aux communautés locales ; une politique claire de relogement hors zones inondables ; le reboisement et la restauration des sols pour limiter le ruissellement ; une vigilance budgétaire pour que l’argent de l’urgence devienne celui de la prévention.
Comme les années précédentes, et particulièrement en 2024, l’année 2025 nous offre encore une leçon cruelle. Si nous ne l’apprenons pas, que restera-t-il à dire en 2026, sinon les mêmes chiffres, les mêmes drames et les mêmes regrets ?
Oumou Gado