Force unifiée de l’AES : Ne pas reproduire les erreurs du G5-Sahel

Dans la poursuite des objectifs de sécurisation de leurs territoires, les pays de l’Alliance des Etats du Sahel ont annoncé la mise en place prochaine d’une force unifiée de cinq mille (5000) hommes. Cette force qui aura la mission de combattre le terrorisme et l’insécurité sous toutes ses formes dans les 3 pays, (un exemple de ce que peut être la mutualisation des moyens entre les pays), n’est pas sans rappeler l’ancienne force conjointe du G5-Sahel.

En son temps, le G5-Sahel avait mis en place une force conjointe composée des troupes des cinq pays avec trois fronts principaux, dont la zone des trois frontières. Cette dernière est aujourd’hui le théâtre principal de la nouvelle force unifiée.

Comme la défunte force conjointe, la nouvelle force unifiée se compose des troupes des pays membres de l’AES sous un même commandement, un financement propre des Etats fournisseurs des troupes et un appui extérieur multidimensionnel. Cet appui était français avec le G5-Sahel. Sous la force unifiée, il sera russe. Cette similitude organisationnelle nous rappelle les raisons de l’échec de la première afin que la seconde n’en pâtisse guerre.

Qu’est-ce qui n’a pas marché avec la force conjointe du G5-Sahel ?

La première tare de cette force était sa dépendance extérieure s’agissant du vecteur aérien, puis les renseignements mais aussi une partie de son financement. C’est dire que l’initiative G5-Sahel portait en elle-même les éléments d’un échec programmé.

En outre, le faible niveau d’engagement de certains pays a précipité la force dans une mort cérébrale. Autant des pays comme le Niger ont honoré leurs engagements en troupes et en financements, autant les autres ont trainé le pas, obligeant les autres à revoir les leurs à la hausse. Du reste, les opérations conjointes ont très vite laissé place à des opérations nationales isolées sans grande concertation de ce fait.

C’est pourquoi, il est vital pour la nouvelle force unifiée de se démarquer déjà de cette faiblesse pour espérer atteindre les objectifs qui lui sont fixés. Il incombe aux Etats de prendre toutes leurs responsabilités en assurant la mise à disposition des troupes, des moyens financiers mais également éviter toute intrusion étrangère, fut-elle russe, afin de ne pas connaitre le sort qui a été celui de la force précédente. Ils donneront en cela tout son sens au combat pour la souveraineté dans lequel ils se sont engagés.

Oumou Gado