En cet instant particulier où le parti souffle sa 34ème bougie, les dirigeants cadres du PNDS Tarayya ne manqueront pas de conduire de profondes réflexions sur la situation que connait le parti. Une crise profonde traverse le parti comme jamais il ne l’a connu tout au long de son existence. Un travail d’introspection que les dirigeants du parti feront certainement d’autan plus qu’ils sont tous en pose depuis le coup d’État du 26 juillet 2023.
23 décembre 1990-23 décembre 2024, cela fait exactement 34 ans que le parti socialiste a été porté sur les fonds baptismaux par une génération de jeunes intellectuels et leaders syndicaux qui avaient déjà noué des liens de complicité dans la lutte clandestine contre le régime d’exception du Conseil militaire suprême (CMS) de Seini kountché.
En ce jour du 34ème anniversaire, quel cadeau a été offert au parti qu’une grave crise qui ébranle ses fondations ? En effet, la crise du PNDS Tarayya viendrait depuis sa création. On pourrait exactement dire que le ver était dans le fruit. Mais le ver comme un germe a attendu sa période d’incubation avant de se révéler.
Bazoum et la crise PNDS
Qui l’a attendu ? Qui a vu venir la crise que connait actuellement le PNDS ? Depuis sa création, le parti d’Issoufou Mahamadou était pourtant crédité d’une cohésion à toute épreuve. Contrairement à tous les partis politiques, le PNDS a été le parti qui n’a jamais connu de remous importants dans son fonctionnement. Avec une discipline de fer, il a traversé de longues années d’opposition sans jamais flancher. Les premières élections démocratiques du Niger en 1997 avec Baré Ibrahim Mainassara, en 1999 et en 2004, par quatre fois, le PNDS est allé aux élections présidentielles. Par quatre fois, il a échoué. Mais cela n’a jamais entamé le moral des militants qui ont toujours continué à faire confiance à son leader Issoufou Mahamadou.
La crise du PNDS n’est pas de la même nature que les crises dans les autres partis politiques. La CDS-Rahama s’est effondrée quand Mahamane Ousmane a voulu écraser ses lieutenants, notamment Cheiffou Amadou et Hamid Algabit. Le MNSD Nassara s’est enlisé dans la crise quand Tandja Mamadou, à la fin de ses deux mandats constitutionnels, a refusé de passer la main à son lieutenant Hama Amadou. Il a favorisé l’irruption de la crise avec son désastreux projet de tazartché qui a précipité le parti dans la crise, une crise qui a eu sa répercussion sur les institutions de l’État. Ce qui a débouché sur le coup d’État de février 2010.
À la différence de toutes ces formations politiques, le leadership imprimé par le président du PNDS de l’époque, Issoufou Mahamadou, a instauré une dynamique de lutte et de combat qui a continué à séduire les électeurs. Ce qui a fait la propension du parti.
À chaque scrutin, le PNDS est monté en puissance, le parti a poursuivi son ascension quand les autres formations politiques étaient ravagées pour les dissensions graves sur fond de gestion du pouvoir.
En 2011, quand le PNDS a fini par s’imposer comme la plus grande force politique du paysage politique national et a remporté sa première victoire aux élections présidentielles, le parti n’a point connu de crise dans la gestion du pouvoir. En 2016 avec sa victoire électorale qui a donné son second mandat au président Issoufou Mahamadou, le parti a traversé cette étape dans le bon ordre, avec un leadership très gagnant, exercé par Issoufou Mahamadou.
Mais l’instant de vérité comme on dit, c’est à la fin de son second mandat, qu’Issoufou Mahamadou a étalé toute sa grande classe en évitant l’erreur qui a été fatale à tous les partis politiques et même à la tranquillité politique nationale. Issoufou Mahamadou a su éviter la tentation d’un troisième mandat ou d’un bonus politique pour favoriser l’alternance politique avec l’élection à la présidence de la République de son dauphin indiqué Mohamed Bazoum. Et c’est là qu’est née la crise avec Mohamed Bazoum.
Le temps de la crise
Sitôt arrivé au pouvoir, le nouveau président va donner un coup de barre à droite. Bazoum sort des fondations du PNDS pour aller vers une recomposition du parti. Bazoum a un agenda, c’est le contrôle total de l’appareil du parti. Bazoum va se donner un agenda, ou une projection politique qui va l’éloigner des traditions du parti. Il s’entoure des gens nouveaux, recrutés principalement des partis de l’opposition, le parti Lumana notamment. Le cape imprimé, c’est la création d’une opposition nouvelle au sein du parti et dirigée contre les dirigeants traditionnels du PNDS. Le PNDS est dans une situation de coup d’État contre l’ordre ancien.
Le coup d’État au sein du parti était en cours quand est intervenu le coup d’État du 26 juillet 2023 qui a donné à la crise, un retentissement encore plus important. En s’emparant du parti, en lui imprimant une orientation nouvelle, Bazoum a constitué le germe qui a ravagé le parti.
Toute la crise PNDS a été l’action d’un homme, Bazoum Mohamed. Si en 1990 sa rencontre avec Issoufou Mahamadou a été une étape cruciale dans la construction du parti, il faut dire aussi que depuis lors, le PNDS avait introduit en son sein, le germe de sa crise.
Ibrahim Elhadji dit Hima