Alors que l’Italie célèbre à Niamey et avec faste, les quarante ans de sa coopération avec le Niger, l’ambassadeur allemand fait son retour avec la présentation de ses copies figurées auprès du chef de la diplomatie du Niger. Tout un symbole.
Avec la France, l’Allemagne et l’Italie sont les têtes liste de l’Union européenne, derrière laquelle le Président Emmanuel Macron s’est abrité pour tenter d’embarquer les Etats d’Europe dans une guerre diplomatique mais aussi militaire contre le Niger où le président en exercice, Mohamed Bazoum, un grand ami de la France venait d’être balayé par un coup d’État militaire, mené par des militaires à la tête desquels le général de brigade Tiani Abdourahamane.
La grande manœuvre du président français a quelque peu réussi, car l’Union européenne, par le canal de ses représentants, va commencer par avoir des positions dures à l’endroit du Niger, alors que toute coopération a été suspendue. Macron multipliait les contacts et les réunions. Objectif: mobiliser les fonds nécessaires à verser à la soi-disant force en attente de la CEDEAO pour engager des offensives militaires contre le Niger.
La levée des fonds va être le premier couac qui va perturber l’harmonie au sein de l’Union européenne. Premier pays à jeter le pavé dans la mare, l’Italie. Le gouvernement italien va se fendre à l’époque d’une vive critique de la politique française en Afrique. « Si la France se maintient dans un bon classement au sein de l’Union, c’est dans une large mesure grâce au pillage des ressources du continent africain », va lancer l’Italie à la face des officiels français. L’uranium du Niger ou encore la gestion de la monnaie CFA en partage au sein de l’Afrique francophone sera au centre d’une grosse campagne animée par la ministre italienne des affaires étrangères. Une intervention qui fera sensation.
Pour la première fois, l’Union européenne est partagée dans la vision de ses membres. La France est mise en minorité et Macron ne parvient pas à convaincre les responsables des États européens.
Le projet européen de Macron n’est plus en vie
La démarche classique a pris le dessus sur l’acharnement français. Après les condamnations de principe et les mises en observation édictées à chaque changement de régime par un coup d’État, le Niger est entrain de donner toutes les assurances. L’union européenne est entrain de reprendre pieds au Niger. Le Niger normalise ses relations avec le reste du monde, tandis que la France sombre toujours plus dans l’isolement.
Une page se referme
La fin de la France au Niger ? Pas évident. Le Niger ne peut pas facilement couper net avec la France. Beaucoup de choses lient encore le Niger à la France. Mais ce qui est sûr, plus rien ne sera comme avant. Le pré-carré est fini. Le Niger est désormais ouvert à la coopération dans le respect mutuel. C’est cela qu’inaugurent l’Allemagne ou encore l’Italie au Niger. Et le Niger est parti dans la chasse du mémorial colonial. Le premier symbole, c’est le Centre culturel franco Nigérien Jean Rouch, du nom du cinéaste français du temps de la coloniale qui, il y a quelque temps, est devenu Centre culturel Moustapha Alassane, un autre cinéaste nigérien de renom.
Et cette chasse s’est intensifiée ces derniers jours. Ainsi, l’avenue Charles de Gaulle devient l’Avenue Djibo Bakary du nom d’un ancien combattant pour l’indépendance du Niger, auteur du « Non » au référendum de 1958, comme Sékou Touré en Guinée Conakry. La place du capitaine Monteil devient place Thomas Sankara…
Que reste-t-il à la France ? La raison ou la radicalisation. Prendre acte du changement, repartir vers une nouvelle approche, renouer le contact avec les autorités au pouvoir à Niamey, pas pour reprendre sa place comme elle l’avait avant, mais pour se frayer une place aux côtés de l’Italie et de l’Allemagne. C’est le choix de la raison. C’est peut-être aussi le choix de la France. Qui n’est pas forcément le choix de la radicalisation porté par Macron et son réseau de terrorisme armé.
Ibrahim Elhadji dit Hima