Neuro-paludisme : La forme la plus sévère du paludisme

Le neuro-paludisme est une des plus sérieuses complications de l’infection à plasmodium falciparum et une cause de mortalité fréquente chez les enfants et les jeunes adultes infectés. Il est caractérisé par la séquestration de globules rouges parasités et de leukocytes au sein des micro-vaisseaux cérébraux.

Le paludisme est l’une des plus fréquentes et dangereuses maladies parasitaires tropicales. En effet, près de la moitié de la population mondiale y est exposée. Plus de 200 millions de cas par an ont été répertoriés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La lutte contre le paludisme en général passe par une meilleure prise en charge des malades. La schizogomie profonde de P.falciparum est à l’origine des complications redoutables dont la malaria cérébrale ou neuropaludisme. Celle-ci consiste en des thromboses capillaires, responsables de lésions vasculaires et hémorragiques, provoquant des altérations dégénératives des cellules nerveuses, entourées d’infiltrats cellulaires. Plusieurs théories sont en présence pour expliquer ces phénomènes. C’est le cas de la présence d’obstacles mécaniques sur la circulation micro-capillaire et veineuse à cause d’une déformabilité diminuée des érythrocytes parasités et de la formation de rosettes, constituées d’un globule rouge parasité auquel adhèrent, par un mécanisme non élucidé (les antigènes et les immunoglobulines exposés à la surface joueraient un rôle), des érythrocytes normaux. Ces phénomènes causent une diminution du débit circulaire et un coma métabolique réversible.

Causes et transmission de la maladie  

Cette maladie est transmise à l’être humain par la piqure d’un moustique du genre anophèles, lui-même infecté par le parasite du genre plasmodium après avoir piqué un humain impaludé. La femelle, en prenant le repas de sang nécessaire à sa ponte, injecte le parasite à son hôte. Les males ne piquent pas. Quant à la transmission de plasmodium d’un humain à un autre, elle se fait par l’intermédiaire du moustique, le principal en cause étant l’anophèle gambiae sur le continent africain. La contamination interhumaine est possible, d’une femme enceinte infectée à son enfant ou par transfusion sanguine. Le cycle de plasmodium est complexe et comporte deux étapes essentielles : une phase asexuée chez l’être humain et une phase sexuée chez le moustique. D’abord, la femelle moustique pique l’humain et lui injecte le parasite (sous forme de sporozoite). Celui-ci migre via la circulation sanguine vers le foie pour s’y diviser. Les parasites ainsi produits ont une forme différente qui leur permet d’infecter les globules rouges et continuer leur multiplication. Ceux-ci seront ingérés par un nouveau moustique lors d’une piqure et le cycle recommence.

Les symptômes de la maladie

Les manifestations cliniques de la maladie sont très diverses. 8 à 30 jours après l’infection, une fièvre se déclare. Elle peut s’accompagner d’un affaiblissement, des maux de tête, douleurs musculaires, vomissements, diarrhées et toux. Une fièvre accompagnée de transpiration intense peut survenir cycliquement, dues aux différentes phases du cycle parasitaire. Des symptômes plus graves peuvent avoir lieu telle qu’une difficulté respiratoire, des saignements, une jaunisse, une fatigue extrême et des convulsions. Dans certains cas, les globules rouges infectés peuvent obstruer les vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau, ce qui peut être mortel. Dans les régions ou cette pathologie est hautement endémique, une partie des individus portent en eux le parasite sans être symptomatique. A la suite des nombreuses   années d’infection chronique, certains individus tolèrent la présence du parasite et développent une immunité naturelle face à ce dernier.

Diagnostiques et traitements de la maladie

La prise de sang est nécessaire pour confirmer le diagnostic en laboratoire. La maladie est confirmée par un diagnostic basé sur la recherche des plasmodies. Le diagnostic et le traitement précoce de la maladie réduisent la morbidité et préviennent la mortalité palustre. Depuis plusieurs années, les parasites développent des résistances aux molécules antipaludiques. Hormis l’administration intraveineuse opportune d’antipaludéens, il n’existe pas de traitement spécifique pour les causes sous-jacentes de la MC. Une prise en charge de la fièvre est recommandée et les patients dans le coma doivent être surveillés et recevoir des soins de soutien pour gérer les symptômes. Le neuro-paludisme se traite aussi par l’administration intraveineuse d’artésunate. En second lieu, la quinine par voie intraveineuse peut être administrée.

Ibrahima Oumarou Galadima