Pour se soulager de certaines pathologies souvent bénignes, il nous arrive des fois, à faire recours à l’automédication, une pratique consistant à se soigner en utilisant des médicaments, sans avis médical préalable. Cette option, dira le Dr Balkissa Katambé, médecin pharmacienne, « n’est pas sans risques sur notre santé ».
L’automédication ou la prise des médicaments sans l’avis du professionnel médical est généralement utilisée chez des patients souffrant d’une pathologie bénigne, c’est-à-dire contre des maladies simples et sans conséquence grave vers la guérison. Seulement, cette pratique donnant le libre choix au patient d’utiliser, à loisir, n’importe quel médicament pour se guérir du mal, peut présenter des risques, voire masquer les autres symptômes réels de la maladie qu’il tente de soigner, comme l’explique la pharmacienne.
Dans certains cas, le recours à l’automédication peut parfois aider à soigner un mal, toutefois le conseil ainsi que les prescriptions d’un professionnel de santé restent le meilleur choix à faire, face à certaines pathologies. Se faisant, le patient évite la prise de médicaments inappropriés pour traiter une quelconque affection.
Dans un communiqué en date du 23 janvier 2023, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) lançait un appel à une ‹‹ action immédiate et coordonnée ››, pour éradiquer les médicaments non conformes et falsifiés. Ledit communiqué intervient, alors que plus de 300 personnes dont la plupart sont des ‹‹ enfants de moins de cinq ans ›› sont morts en Gambie, en Indonésie et en Ouzbékistan, à la suite d’une prise de médicaments. Les incidents sont signalés après la prise des médicaments non conformes, a fait savoir l’organisme onusien en charge de la santé.
De quoi attirer davantage l’attention des uns et des autres sur le véritable risque lié à l’automédication, sans consultation médicale. ‹‹ L’on s’expose ainsi à d’autres risques, puisque la majorité méconnaît les composants ainsi que la posologie adaptée aux produits utilisés ››, avertit Dr Balkissa Katambé, médecin pharmacienne.
Les raisons qui poussent à l’automédication
Plusieurs raisons sont avancées pour justifier la prise de médicaments, sans l’aval du professionnel médical. L’on pourra citer, entre autres, « la pauvreté, l’analphabétisme, le coût élevé de la prise en charge des malades dans les formations sanitaires et la banalisation de certaines pathologies qui font que les gens optent pour l’automédication », explique Dr Balkissa Katambé. Pour ainsi dire, on trouve un raccourci pour soulager le mal dont on souffre. Toutefois, insiste la pharmacienne, ‹‹ c’est surtout le manque de sensibilisation qui pousse les gens à faire ce choix hasardeux, tout en ignorant les risques qu’ils en courent ››.
Risques liés à l’automédication
Même si l’automédication peut être utilisée pour traiter certaines pathologies bénignes, il importe ici de faire attention quant à ce qui est de la qualité du produit médical en question, de la posologie ou encore de l’interaction du médicament avec d’autres produits qu’on l’associe.
C’est pour ces raisons que l’automédication n’est pas du tout conseillée, avise Dr Balkissa Katambé. Prenant l’exemple des antibiotiques qui interviennent souvent, dans le traitement de la tuberculose que les gens se procurent dans des officines privées, tout en les utilisant de manière abusive. Ce qui est contre-productif. ‹‹ L’organisme étant habitué à ces antibiotiques, à long terme, il peut développer une certaine résistance face aux molécules ››, a-t-elle averti.
L’idéal est toujours d’aller se faire consulter d’abord, dans un centre de santé, car il existe beaucoup de signes de maladies qui se ressemblent. ‹‹ Lorsque vous avez une fièvre, cela ne veut pas forcément dire que c’est le paludisme. Même la toux, beaucoup de maladies peuvent provoquer la toux ››, souligne Dr Balkissa Katambé.
Hormis la résistance de l’organisme face aux médicaments, l’automédication peut également entraîner la complication de cette même maladie que l’on tente de soigner, mais aussi des allergies liées aux erreurs de posologie, la méconnaissance des effets secondaires et de la date de péremption ainsi que des interactions médicamenteuses qui peuvent survenir.
L’exemple des ulcères gastriques et les problèmes du foie qui se manifestent de la même manière est simplement illustratif. Dans ce cas, comme dans bien d’autres, il n’est donc pas recommandé de passer outre l’avis du personnel de la santé et faire recours à l’automédication.
En définitive, si l’automédication peut paraître une solution pour soulager certaines affections, il convient tout de même, de rester vigilant quant aux risques qu’elle pourrait présenter chez les patients, notamment les plus vulnérables comme les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées. Aucun médicament n’est anodin, chacun peut présenter des risques. C’est pourquoi, il est toujours préférable de demander d’abord conseil à un professionnel de santé qui est habileté à nous administrer un quelconque produit. Cela y va pour notre bien-être.
Koami Agbetiafa