Lutte contre le mariage d’enfants : Non à la pratique des unions précoces

Le mariage d’enfants désigne tout mariage officiel ou toute union non officialisée entre une fille mineure et une personne adulte ou un autre enfant. Cette pratique néfaste qui se perpétue en raison d’une mauvaise interprétation des textes religieux et de la tradition est devenue la quintessence du combat que mène Cheikh Elh Oumarou Mahaman Bachir, islamologue et président de l’Alliance des Religieux pour le Développement Socio-éducatif, Économique et Sanitaire (ARDSES).

De l’avis de Cheikh Bachir, le mariage d’enfants et le mariage forcé sont deux options de mariage qui prennent sources, selon leurs perceptions, dans les croyances et les traditions. Ces pratiques, plutôt néfastes que bénéfiques favorisent ainsi ces formes de mariages qui empiètent sur le bonheur de la jeune fille, donc de ses droits.

Au Niger, la tradition liée aux mauvaises interprétations des textes religieux encourage souvent la donation de la fille mineure en mariage. Selon le Cheikh, l’objectif recherché dans cette pratique est d’ ‹‹ acquérir la récompense d’accéder au paradis ‘’yar sadaka’’, le ‘’kamé’’ et la ‘’yar kourgoum’’ sont aussi une forme d’engagements des personnes adultes avec des filles mineures dès leurs bas âges ››.

En réalité, plusieurs facteurs contribuent à perpétuer la pratique des unions précoces, au détriment du droit des enfants.  Il y a d’abord la mauvaise application des textes religieux concernant le mariage, ensuite la pauvreté. Ce sont les deux principaux facteurs qui favorisent la pratique, même si d’aucuns pensent qu’il s’agit simplement d’un faux alibi.

L’âge légal pour contracter un mariage varie selon les pays. Au Niger par exemple, d’après le code civil, l’âge légal du mariage est de 15 ans pour la fille et 18 ans pour le garçon. Là aussi, le débat reste ouvert, car plusieurs organisations de défense des droits humains militent depuis des années, pour que les autorités élèvent l’âge de la fille à 18 ans, lequel est considéré comme l’âge majeur et de maturité. Ce qui permettra de préparer le corps de la fille à rentrer dans une vie conjugale qui dure toute une vie.

À ce niveau, il faut reconnaître qu’en dépit de l’établissement au Niger, de l’âge légal pour le mariage de la jeune fille, il existe encore des parents qui continuent d’encourager les unions précoces et forcées. Ils se cachent souvent, sous le couvert d’une mauvaise interprétation des textes religieux ancrés dans les traditions, faisant ainsi fi à la législation en vigueur dans le pays. Des attitudes que dénonce Cheikh Bachir.

Conséquences du mariage d’enfants

Pour Cheikh Bachir, les nuptialités précoce et forcée laissent des séquelles sur la jeune fille, et ce, durant toute sa vie. Elles peuvent être physiques, psychologiques en raison de la stigmatisation familiale et sociale qui en découle.

Plus loin, le mariage d’enfants entraîne souvent la déscolarisation de la jeune fille, des complications lors de l’accouchement, la fistule obstétricale, le divorce, le stress, la prostitution, la délinquance juvénile, la consommation de la drogue et l’insécurité.

Conscientes des conséquences néfastes du mariage d’enfants, l’Alliance des Religieux pour le Développement Socio-éducatif, Économique et Sanitaire (ARDSES) ainsi que d’autres structures religieuses et celles des droits de l’homme, ont décidé de mener des actions de sensibilisation pour l’éradication de cette pratique. Ce combat que mènent Cheikh Bachir et l’ARDSES contre le mariage précoce passe par le renforcement des capacités des pairs religieux, des leaders de la société civile et les acteurs de la question du genre.

Pour Cheick Bachir, ceux qui continuent d’encourager la pratique des unions précoces sont aujourd’hui minoritaires, en raison des nombreux efforts de sensibilisation qui sont menés un peu partout au Niger.

Cheikh Elh Oumarou Mahaman Bachir exhorte enfin les autorités nigériennes à jeter un regard sur la pratique du mariage d’enfants qui a la peau dure dans certains milieux du pays.

Koami Agbetiafa