Front patriotique pour la souveraineté: Une sortie par le bas

Tout est bien qui finit bien, a-t-on coutume de dire. Le plus dur c’est de survivre aux déluges et aux intempéries. C’est ce qu’a fait le Front patriotique pour la souveraineté (FPS) de Maikoul Zodi, Bana Ibrahim et autres.

Pression des actions en justice

Toute la semaine dernière, le Front patriotique pour la souveraineté a évolué dans un environnement de menaces judiciaires. Si le président du Front a été le premier à porter plainte contre un agent de banque, auteur de la publication qui le mettait en mauvaise posture, il faut dire que la suite des évènements est une petite victoire à la Pyrrhus. L’auteur de la photo va éviter la procédure devant les tribunaux aux termes d’un arrangement dans lequel il a présenté ses excuses à Maikoul Zodi. Et ce dernier de retirer sa plainte. Mais le malaise reste pour autant entier. La plainte a mis à nu la désaffection progressive de l’opinion nationale pour le FPS. Et comme pour ne rien arranger, le numéro 2 du Front va être visé à son tour par une autre plainte devant les tribunaux. Bana Ibrahim sera coincé par le web-activiste Abdoulaye Anawar qui l’accuse de diffamation et de publication des documents falsifiés à son encontre.

Au sens de l’ordonnance sur la répression de la cybercriminalité, si les faits sont établis, le frontiste encourt une peine d’emprisonnement ferme et de paiement d’amende. Comme si le FPS est de plus en plus contesté, une opinion large se forme en soutien de la plainte déposée par Anawar Abdoulaye contre la deuxième personnalité du Front patriotique pour la souveraineté qui, ventre à terre, va s’empresser de trouver un arrangement avec l’auteur de la plainte. Il publie officiellement son mea-culpa pour avoir mal agi et pour avoir injustement nuit à la dignité d’Anawar. Grand seigneur, le web-activiste va se contenter de ce mea-culpa et des excuses et accepte de lâcher prise.

Dans le circuit, une autre plainte vise encore le FPS. Elle émane d’un activiste des réseaux sociaux, Abdourahamane Insar et viserait le président du Front. Un observateur de la scène politique parlera de la pandémie des plaintes. En attendant l’issue de cette plainte, il faut dire que la recrudescence de ces plaintes traduit un malaise au sein du FPS sur qui plane un faisceau de supputations et de soupçons.

Très bien écoutés au début de la transition, les activistes du Front patriotique pour la souveraineté étaient perçus comme des soutiens inconditionnels de la transition en cours. Et ils seront supportés à leur tour par la population pour cela. Mais très vite, l’image d’Épinal va s’écorner. Les leaders vont multiplier des déclarations à l’emporte-pièce sur tous les dossiers. Ils vont donner l’impression qu’ils sont pour des positions extrémistes. Ils vont donner l’impression aussi qu’ils ne regardent pas toujours l’intérêt de la population, qu’ils soutiennent des situations conflictuelles comme sur le dossier béninois où ils prônent la fermeture définitive des frontières, sur le Nigeria, premier partenaire économique du Niger, ils vont souffler sur les braises de la rupture. Certains se poseront la question s’ils ne sont pas pour une logique du pourrissement ? Les perspectives de reprise des échanges ne sont pas dans leurs préoccupations et la population à son tour ne se trouve plus en soutien aux actions du FPS.

Au niveau de l’opinion, certains observateurs ne croient plus à leur lutte et les soupçonnent de mener des activités politiques sous couverture. Des soupçons alimentés par les passés militants des responsables du Front patriotique pour la souveraineté qui avaient été des militants chevronnés du parti Lumana. S’ils se sont précipités pour annoncer leur soutien aux autorités militaires de la transition, c’est parce qu’ils ont renversé le régime du PNDS Tarayya, adversaire politique notoire de Lumana. Et dans leurs soutiens au CNSP, ils vont sous-traiter d’intenses activités de harcèlement et de chantage contre les responsables du régime déchu, adversaires du Moden Fa Lumana. Irrité par la position timorée des responsables de la transition qui refusent de les suivre dans leur agenda de chasse aux sorcières, le président du Front a récemment proclamé une sorte de rupture avec le CNSP en publiant sur sa page, que le FPS n’est pas le comité de soutien de personne. Un message clair envoyé à qui de droit.

Depuis, le FPS bat en retraite sur son soutien à la transition. Et dans la même lancée, il entre dans une période de berne aux yeux de l’opinion. Aussi, aux yeux de l’opinion nationale, les plaintes qui s’amoncellent sur le Front seraient peut-être liées aux contours flous des activités de ses leaders

Ibrahim Elhadji dit Hima