Ça couine comme dans une souricière. Rien ne va plus dans les réseaux Lumana, proches du Premier ministre de la transition Ali Lamine Zeine. Sans crier garde, le samedi 17 août dernier, le Président du CNSP, le Général Abdourahamane Tiani procédait au limogeage de Mahamane Moustapha Barké, ministre du pétrole. Un portefeuille ministériel stratégique très sensible qu’il tenait surtout à la faveur de son amitié avec le Premier ministre de la transition. Un limogeage qui intervient alors que le ministre se trouve en déplacement à l’extérieur du pays, apprend-on des sources concordantes.
Dans l’entourage Lumana, c’est la consternation. Le désormais ancien ministre est en effet un cadre éminent du parti politique Lumana de Hama Amadou. Mais s’il est dans le gouvernement de la transition, il le doit surtout à sa très grande amitié avec Ali Lamine Zeine, présenté comme le nouveau Jockey du parti Lumana. Dès sa désignation pour occuper les fonctions du Premier ministre, c’est entre autres, une des conditions préalables qu’il a discutées avec les autorités militaires du CNSP à la tête du Niger : accorder le portefeuille de super ministère à son ami et homme de confiance Barké Moustapha qui allait se retrouver à la tête d’un conglomérat de Ministères, cumulant le Pétrole mais aussi l’Energie et les Mines en un seul ministère.
Par la suite, ce super ministère sera éclaté et Moustapha Barké va se voir dépossédé du ministère de l’Énergie et du ministère des Mines. Fallait-il y voir déjà un premier signal de désaveu ? Qu’importe, toujours est-il que l’ami et confident du PM est déjà à la tête du ministère le plus en vu, le ministère du pétrole. Cela jusqu’à cette date du samedi 17 août. Barké est débarqué et remplacé à ce même poste par un autre ministre, un juriste universitaire qui fait plutôt figure d’apolitique.
Les dessous de table
Quelles peuvent être les raisons d’un tel limogeage ? L’opinion nationale s’interroge encore sur les causes qui ont poussé le CNSP à prendre une telle décision. Ce qui est sûr, le caractère précipité de cette décision n’est pas fortuit. Une décision comme celle-là cache toujours un malaise.
En plein weekend, un réaménagement qui n’a visé que lui seul, ensuite il n’a rien été dit sur son redéploiement pour une autre fonction. Ce genre de limogeage ne peut être motivé que par des malversations qui venaient à être découvertes. Et de plus en plus, on parle de possible situation de corruption. Le ministère du pétrole est un ministère compliqué, la tentation pourrait être très forte avec les acteurs intervenants dans le circuit. Avec les partenaires où avec les affréteurs des tankers pétroliers qui chargent en haute mer sur les côtes béninoises de Sème kraké. C’est un faisceau de situations très troubles autour du pétrole du Niger. Dans une dernière partition, un média a parlé de droits pétroliers concédés par le ministère avant d’être, par la suite, révoqués. Des lacunes de gestion sont sans doute apparues aggravées par d’autres situations de soupçons. Il faut dire que la situation de Barké ne pouvait être simple lorsqu’on arrive dans une fonction par des relations politiques. Très proche de l’ancien Premier ministre Hama Amadou et ami intime de Lamine Zeine qui, de plus en plus, veut s’affirmer sur le terrain politique dans le cadre des échéances électorales à venir, toutes ces situations pourraient exercer beaucoup de pression pour la mobilisation de ce qu’on appelle le nerf de la guerre, l’argent. Était-ce l’effondrement du système qui fait couiner tous les activistes Lumana ?
Au mur des lamentations
Ils ne savent plus où donner de la tête ou à quel saint se vouer. Les activistes Lumana sont profondément ébranlés par le limogeage du ministre du pétrole Mahaman Moustapha Barké. Et depuis l’annonce de cette décision, le samedi 17 août dernier, ils sont entrain de se concerter sur la démarche à tenir. « On risque d’être les perdants de cette révolution surtout que ces militaires sont entrain de ressusciter le défunt régime », s’inquiète un activiste. La grogne étalée sur les réseaux sociaux donne un aperçu sur la situation de malaise qui prévaut actuellement dans le milieu.
« C’est pas normal que le CNSP traite nos gens ainsi. Après l’avoir dépouillé des autres ministères, on le chasse totalement. Je ne sais pas qui va financer nos activités puisque Zeine ne répond plus à nos sollicitations. Il faut qu’on démontre clairement notre mécontentement à la rencontre de demain. Ali (Ali Idrissa ?) a bien raison quand il disait à Bana (Bana Ibrahim ?) qu’ils vont l’enlever malgré que Zeine nous a dit que c’est géré », s’inquiète un autre activiste sur la toile, évoquant des noms de ses partenaires, notamment Ali ou encore Bana, sans qu’on ne sache s’il parle de Ali Idrissa l’acteur de la société civile et Bana Ibrahim activiste Lumana et un des dirigeants du Front patriotique pour la souveraineté (FPS). Ce qui est sûr, ce que les réseaux Lumana sont devant un véritable effondrement. Le limogeage a eu sur eux, l’effet d’une véritable malédiction. Et c’est dans cette circonstance que comme pour expier une souffrance, Maikoul Zodi, l’autre dirigeant du FPS va lancer cet appel pour se donner une cure de vertu : « Je Mengage. Être réquisitionné pour aller au front pour défendre la patrie est un honneur et un acte hautement Patriotique, donc il faut aller sans évoquer sa liberté individuelle. Moi Maikoul Zodi, citoyen de l’AES, je m’engage à aller au front et défendre physiquement l’intégralité de notre territoire de l’AES ! »
Ibrahim Elhadji dit Hima