Portrait Lutte traditionnelle/ Tournoi An I du CNSP : Issaka Issaka, un exceptionnel Roi des arènes !

Du haut de ses 34 ans, dont une bonne douzaine d’années dans les arènes, Kadri Abdou, alias Issaka Issaka reste incontestablement depuis plus de 10 ans, le gladiateur le plus rassurant et le plus craint par tous ses adversaires qu’ils soient au Niger ou même sur le plan africain. Natif de Fo dans le département de Gaya et issu d’une famille modeste, dont deux de ses frères sont aussi lutteurs, à savoir Mahamadou Abdou dit Allah Guiara (l’ainé) et Soumaila Abdou dit Le Plus Jeune (le cadet), Kadri Abdou dit Issaka Issaka est un lutteur hors pair et difficile à manœuvrer dans un combat.

Avec son calme olympien et sa prudence face à n’importe quel adversaire, il ne se presse jamais et prend tout son temps pour étudier les mouvements de celui-ci. En 10 ans d’un règne sans partage sur le trône des arènes nigériennes, Issaka Issaka a été intronisé six fois Roi des arènes. En 2015 où il a terrassé Sabo Abdoulaye de Niamey, en 2016 face à Adamou Abdou de Niamey, en 2019 face à Noura Hassane de Dosso, en 2021 en battant Aibo Hassane de Maradi, en 2022 en barrant la route à Sabo Abdoulaye et enfin en 2023 en brisant le rêve de Maty Souley de Maradi.

Jamais dans l’histoire de la lutte traditionnelle nigérienne de 1975 à nos jours, aucun lutteur n’a réussi à brandir 6 fois le Sabre national, à l’exception d’Issaka Issaka. Et le bulldozer du Dendi n’a pas fini sa razzia, car il est fort possible qu’il atteigne la barre de dix (10) Sabres si Dieu le veut bien, au regard de sa performance, de sa vivacité mais aussi de son état d’esprit. En clair, aucun lutteur nigérien actuellement n’a pas la même « baraka » des arènes qu’Issaka Issaka et aucun ne peut le défier.

« Il n’y a pas son deux » comme on le dit. Outre les six Sabres, le Roi des arènes nigériennes dispose dans son armoire de sept (7) Coupes du Président, dont il est chaque fois le vainqueur. Et pour la 1ère édition du Tournoi de Lutte organisé à l’occasion de la Semaine Culturelle : Son Kassa Labou Bakassiney, marquant l’An I de la prise du pouvoir par le CNSP avec à sa tête le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, le champion Issaka Issaka a disputé hier, lundi 29 juillet 2024 dans l’après-midi à l’arène de lutte de Niamey, la finale dudit tournoi face à son ex-coéquipier à Dosso, Noura Hassane de Tahoua. Une finale que Issaka Issaka a majestueusement remporté. Et pour ce nième sacre, le Roi des arènes nigériennes a été gratifié d’une enveloppe de 1 million de Fcfa. Son 2ème Noura Hassane de Tahoua a quant à lui reçu une enveloppe de 750.000 FCFA.

Mais au faite, pourquoi Issaka Issaka domine-t-il les lutteurs nigériens ? Son principal secret, c’est surtout sa condition physique. Entrainé par trois techniciens émérites, à savoir Ali Barazé, Souley Bayaroba et Ibrahim Oumarou dit Sarki, Issaka Issaka est un lutteur assidu et très régulier en terme de préparation physique, contrairement aux autres lutteurs qui sont plus occupés par des moments mondains.

Il s’entraine régulièrement 12 mois sur 12 sans interruption. En termes de condition physique, c’est un lutteur qui est constant. C’est aussi un lutteur « propre » dans le vrai sens du terme. Il a une hygiène de vie exceptionnelle d’où son alimentation est très stricte et variée, car ne mangeant pas du n’importe quoi. Issaka Issaka sait ce qu’il veut et considère la lutte comme un métier. L’autre côté intéressant d’Issaka Issaka, contrairement à 97% des lutteurs des autres régions du Niger, c’est qu’il est un omnisport. Outre la lutte traditionnelle, il pratique le Judo, le Sambo, le Football (dont il est licencié au club du National Dendi de Gaya, le Cyclisme, le Maracaña, le Pétanque, la marche. Bref,un sportif complet.

Pour ceux qui souhaitent qu’Issaka Issaka prenne sa retraite pour la lutte, dit-il, « ils doivent se patienter », les conseille-t-il. Le moment n’est pas venu d’arrêter, car selon lui, « toutes les victoires au Sabre national ne sont que la volonté de Dieu. Et Dieu seul décidera de la fin de ma carrière », a-t-il martelé dans un entretien qu’il a accordé à Niger Inter Hebdo en janvier 2024. L’histoire du Bulldozer du Dendi est loin de se terminer dans nos arènes. C’est le lutteur le plus chanceux de toute l’histoire de la lutte traditionnelle nigérienne.

Ousmane Keita