« L’ancien Président du Niger serait à Addis-Abeba en Ethiopie pour récupérer sa cargaison d’or ; Issoufou Mahamadou est parti sécuriser son argent aux Paradis fiscaux des îles du Bahamas, etc. ». Tels sont les types de commentaires qui circulaient un certain temps pour discréditer l’ancien Chef de l’Etat. Et qu’est-ce qu’on n’aura pas entendu au sujet de l’ancien Président de la République du Niger Issoufou Mahamadou ? Bientôt peut-être qu’ils nous diront qu’Issoufou Mahamadou a payé un voyage par vaisseau spatial pour se cacher sur la planète Mars.
On n’en est pas encore là, mais le chapelet de ragots et autres gros mensonges ne sont pas à leur dernier de série. Le dernier en date, c’est encore cette trouvaille, tout aussi insolite que les autres, à savoir le voyage en catimini du Président Issoufou en Turquie. « Oui, Issoufou Mahamadou aurait fui le Niger en direction de l’ancien empire ottoman ». Les révélations qui ont circulé sur les réseaux sociaux ont été alimentées par une publication d’un certain Samir Moussa. Un faux nom bien sûr puisqu’il ne s’agit en réalité que de Oumar Moussa, le directeur de cabinet adjoint de Bazoum Mohamed.
Par peur de décliner son identité ou parce qu’il ne croit plus à son honnêteté, il a estimé qu’il vaudrait mieux passer l’écrit sous l’identité d’un Samir Moussa, et la publication aurait plus de crédibilité. Sauf que sous la signature de Oumar Moussa, de Samir Moussa ou de toute autre personne, l’article n’a aucune chance de prospérer puisque Issoufou Mahamadou était déjà à Niamey depuis le mercredi 3 juillet dernier quand la publication est tombée.
L’ancien président Issoufou est rentré à Niamey après un marathon de colloques, d’échanges et d’audience en marge des travaux de la 31ème Assemblée générale d’Afreximbank et du 3ème forum du commerce et d’investissement Afro-caribéen qui se sont tenus à Nassau aux Bahamas. Dans les milieux du parti Lumana, on se frottait déjà les mains avec une information comme celle-là et sans rien attendre, ils s’en sont emparés pour dire que Issoufou Mahamadou a fui le Niger. Comme l’aurait fait Hama Amadou, absent du pays depuis déjà plusieurs mois. Dans les milieux Lumana, leur angoisse c’est cette évasion de Hama Amadou, si bien qu’ils se sont tout de suite accrochés à la publication de Oumar Moussa pour atténuer la situation de leur leader. Il ne serait donc pas le seul à avoir quitté le Niger. « Il y a désormais Issoufou Mahamadou », applaudissent-ils.
C’est cela la joie de l’entourage Lumana. Une joie de courte durée. Car c’est mal connaître Issoufou Mahamadou pour penser qu’il pourrait fuir le Niger. Sous Tandja Mamadou déjà, avec le mandat d’arrêt international lancé contre trois dirigeants politiques, à savoir Issoufou Mahamadou, Mahamane Ousmane et Hama Amadou, c’est bien Issoufou Mahamadou qui a donné la preuve de quoi il peut être capable. En effet, il a été le seul à défier le régime de Tandja Mamadou en rentrant au Niger, alors que Ousmane est resté au Nigeria et Hama Amadou a refusé lui de rentrer, en lançant depuis Abuja au Nigeria, un retentissant « Tandja va me tuer ».
De quoi s’agit-il sur ce mensonge avorté ?
Le fameux Samir Moussa commence son papier après avoir dépeint une situation de désastre général et de course pour la survie au Niger. Il poursuit en précisant : « c’est pendant cette ambiance de péril existentiel et de forte dépression ambiante que Mahamadou Issoufou se rend en vacances en Turquie (…) ». Issoufou Mahamadou qui serait accompagné de son épouse, Malika. L’article du fameux Samir ne précise pas exactement le sens de ce voyage mais laisse vaguement entrevoir que l’ancien Président a voulu cacher le grand luxe de son train de vie à la vue des nigériens qui végètent dans la difficulté.
Des allusions de ce genre sont faites à plusieurs endroits de l’article. L’objet de la publication semblant visiblement à opposer la population à l’ancien Président. Sauf que tout cela n’est que pur mensonge et manipulation. La même manipulation, la même logique d’opposition est faite encore entre la population et le gouvernement du CNSP. Dans un passage de l’article, il est dit en effet : « les autorités de fait étouffent dans la psychose de perdre le pouvoir par les armes ou d’être chassées par la rue, à la faveur d’une insurrection populaire dont les conditions sont créées, chaque jour ». Voilà, le mot est lâché: l’insurrection populaire. C’est la seule chose que les Samir Moussa, en réalité Oumar Moussa et ses compagnons d’infortune attendent en effet, l’insurrection. Et lorsqu’ils inondent les réseaux sociaux de leurs publications apocalyptiques, ils pensent qu’ils ont réussi à créer les conditions de cette révolte tant attendue.
L’entourage de Bazoum est dans cette orientation. Les Oumar Moussa, Dany Takoubakoye, tous du cabinet Bazoum, l’ancien ministre Alambeji, Ibrah Mamane, l’ancien patron de la Sonidep sont tous embarqués dans cette logique, la recherche d’un délitement du pays, la révolte ou l’insurrection populaire. Et ils sont presque convaincus qu’ils sont très intelligents, plus intelligents que la population du Niger et qu’ils peuvent manipuler les nigériens. Et toutes leurs publications rentrent dans cet agenda. À défaut d’obtenir une action militaire de l’extérieur avec la CEDEAO, ils envisagent à présent une action de l’intérieur par le jeu de leurs publications catastrophistes. Un jeu de manipulation qui peine à réussir parce que la population a compris le jeu et parce qu’elle a déjà choisi son camp: l’accompagnement des autorités du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
Qu’en pensent les anciens ?
C’est la grande inconnue de la situation. Que deviennent les anciens barons du gouvernement et que disent-ils des publications de leurs jeunes compagnons ? Pris dans le piège des activistes de l’entourage Bazoum, les anciens semblent garder le silence. Ils ne disent rien, on les entend plus. Ils n’ajoutent pas aux publications des anciens de la cellule communication de Bazoum au risque de passer pour des boutefeux. Ils ne dénoncent pas non plus les excès par peur d’être traité de trahison. Depuis les premières réactions à chaud sur les évènements du 26 juillet 2023, l’ancien Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, l’ancien ministre des affaires étrangères, Hassoumi Massaoudou, l’ancienne ambassadrice du Niger à Paris, Aïchatou Kané ou encore l’ancienne ministre de l’industrie, Salamatou Magagi, dépassés par les évènements, donnent l’impression d’une équipe prise en otage par cette cellule Com de Bazoum.
Ibrahim Elhadji dit Hima