La preuve ou les preuves, un mot très présent dans l’actualité. Pas en raison des procès en cours dans les cours et tribunaux mais pour un tout autre procès au sein de l’opinion. L’implication d’Issoufou Mahamadou dans le renversement de son successeur à la tête du Niger, que certains tiennent mordicus à faire admettre, en est la cause. Des preuves « lourdes et accablantes » de cette implication sont annoncées à maintes reprises ces dix derniers mois, mais…tardent à venir.
Dans les premières heures qui ont suivi l’annonce du renversement du président Mohamed Bazoum, une communication orchestrée par certains de ses « proches » a soutenu l’hypothèse du coup d’Etat pour « convenance personnelle ». Il s’est agi de présenter les évènements du 26 juillet 2023 comme la conséquence du refus du Général Tiani, jusqu’alors, chef du corps de la Garde présidentielle de se voir remplacer à ce poste avec l’annonce de preuves qui, à cette date, se font encore attendre.
Ce fut ensuite la thèse du coup d’Etat orchestré par Issoufou Mahamadou, car 24 heures auparavant, le président Bazoum Mohamed refusait à son fils de placer son « ami » à la tête d’une société pétrolière dont la création allait intervenir incessamment. Un scénario très précis avait commencé à être publié, avec force détails, en choisissant des porte-voix dont on ne doutait point du sérieux jusqu’alors.
C’est ainsi qu’une série de publications sur X (twitter) a été annoncée par un confrère nigérien installé en France. Cette série après deux épisodes s’est arrêtée nette. Sans doute en raison de l’impossibilité pour l’auteur de fournir des preuves qui puissent convaincre. Cette hypothèse fut du reste balayée par l’ancien Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou (resté fidèle à Bazoum) avec cette fois-ci des preuves. Les preuves de la théorie du conflit du pétrole se font toujours attendre également.
C’est alors que les mêmes acteurs ont sorti une troisième théorie. Dans cette dernière, Issoufou Mahamadou aurait orchestré la chute de Bazoum « pour se protéger et protéger son clan ». De Mohamed Bazoum ? A cette question, les plus volubiles des défenseurs de cette théorie perdent leurs langues.
Toutefois, la même rengaine n’a jamais quitté leurs discours. Les preuves « lourdes et accablantes » de cette implication ont été annoncées et à chaque fois, on assiste à un réchauffé des mêmes arguties. La seule nouveauté étant le changement de porte-parole. D’Ali Sékou à Hinda, en passant par l’ex ambassadeur de France à Niamey, puis une pléiade de porte-paroles, rien n’a changé.
Les fameuses preuves sont : « Tiani est l’homme d’Issoufou », « Issoufou a répondu au salut militaire du Général Mody, alors qu’il venait pour tenter une médiation aux premières heures de la crise », « le président Macron a appelé Issoufou et dix minutes plus tard, le Général Mody est venu s’adresser aux manifestants aux abords de l’ambassade », « Issoufou s’est opposé à une intervention militaire pour réinstaller Bazoum », « Issoufou s’est rendu à la mosquée le jour de l’aïd », « Issoufou a félicité Tiani le jour de l’aïd’’… ». Que des supputations !
Comme on le voit, il y a tout sauf des preuves à plus fortes raison accablantes. Ces dernières se font attendre et comme des mirages, elles s’éloignent à chaque fois qu’elles sont annoncées.
Oumou Gado