L’onde de choc a été retentissante depuis la sortie publique du Colonel Ibro Amadou, membre du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), organe dirigeant de la transition au Niger depuis l’avènement du coup d’État du Général Tiani Abdourahmane. Depuis cette sortie très musclée de l’officier militaire, le Front patriotique pour la souveraineté (FPS), une plateforme dite de la société civile et regorgeant des membres éminents du parti politique de l’ancienne opposition Lumana, on reste encore dans l’expectative, attendant de voir la suite à donner à la situation.
Groggy, Bana Ibrahim, un membre influent du FPS et militant très proche de Hama Amadou (autorité morale du parti de l’opposition Lumana) s’est retrouvé des vertus de la sagesse, publiant sur son compte Facebook : » le silence est la meilleure des réponses. En réagissant de manière agressive ou en cherchant à se défendre, on risque de tomber dans le même niveau que les personnes et leur donner de l’importance. En restant et en gardant son sang-froid, on montre que leurs propos n’ont aucun impact sur nous et qu’ils ne méritent pas notre attention. De plus, en gardant le silence, on évite de nourrir le conflit et on peut même désamorcer la situation… ».
Une sagesse feinte et qui tranche d’avec le comportement violent et très provocateur des activistes membres du front. Motus et bouche cousue aussi du côté du coordinateur national du FPS, Maikoul Zodi qui, depuis cette déconvenue, s’est retrouvé à Abidjan en Côte d’Ivoire pour un atelier sur la démocratie.
Lui aussi à la recherche des vertus de la démocratie. Cette démocratie dénoncée et rejetée par les membres du Front patriotique pour la souveraineté (FPS) qui appellent les autorités militaires du CNSP à s’engager dans un processus de la refondation de la République, loin de toute préoccupation du retour à la démocratie. Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on en vienne là avec le FPS qui a pourtant voulu se positionner comme le soutien attitré de la transition militaire du CNSP ?
Dans le silence on gère la crise
Désamorcer la crise et mettre les points sur les « I », c’est ce que les autorités de la transition auraient entrepris à l’endroit du Front de la société civile. De sources concordantes, on apprend que le CNSP aurait rencontré en fin de semaine dernière, des responsables du FPS dans le sens de mettre les choses au clair. Le coup d’État du Niger n’est pas l’émanation d’un quelconque collectif de la société civile. À la différence des schémas maliens ou Burkinabè, aucune lutte des acteurs de l’opposition politique ou des acteurs de la société civile n’a préparé à l’avènement du coup d’État du 26 juillet dernier au Niger. Si le Conseil national de la transition a appelé à la mobilisation de tous les acteurs pour une bonne conduite de la transition, il reste cependant que les officiers militaires qui composent le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ne sont disposés à recevoir l’agenda de personne.
Personne ne peut leur dicter ce qu’ils doivent faire. Le CNSP a besoin du soutien de toutes les couches populaires du pays, mais il n’acceptera jamais qu’on lui dicte ce qu’il doit faire. C’est le sens des propos du Colonel Ibro Amadou, le samedi 13 avril dernier, lors d’une manifestation de la société civile. Marche à laquelle les acteurs du FPS n’ont pas participé.
Couper court au hooliganisme du FPS
S’ils ont fait amende honorable surtout avec son fameux message sur le sang-froid, il faut dire que les activistes du FPS n’ont jamais fait preuve de sagesse dans leurs interventions et ce, depuis la survenue du renversement du régime de Bazoum Mohamed.
À la tête des différentes manifestations, ils sont partis presque à l’assaut des militaires à qui ils ont voulu imposer leur propre agenda à travers des publications et déclarations relayant sans cesse leur demande sur l’arrestation de l’ancien Président de la République, Issoufou Mahamadou, alors qu’il n’est nullement concerné par les raisons avancées du coup d’Etat ou encore leur revendication pour la libération des militaires, auteurs des tentatives de coup d’Etat contre le gouvernement d’Issoufou.
Une coïncidence fâcheuse qui n’est pas sans relents politiques avec les intrigues de l’opposition Lumana. Qui plus que Hama Amadou dans sa recherche de revanche contre son adversaire historique peut avoir intérêt à l’arrestation de l’ancien Président Issoufou Mahamadou ? Les membres du FPS appellent à la libération des auteurs des coups d’État, ceux-là même qui ont été tenus en échec par l’actuel Chef de l’État, le Général Abdourahmane Tiani, alors qu’il était commandant de la Garde présidentielle.
Les activistes du FPS oublient comment le Général Seini Kountché, qui est pourtant leur idole, traite tous les militaires accusés de tentative de renversement de son régime. Pour mieux comprendre son époque, ils n’ont qu’à interroger l’histoire pour savoir le sort que Kountché a réservé, le 21 avril 1976, à sept (7) personnes, parmi les neuf condamnées à mort pour le rôle qu’elles avaient joué dans une action de déstabilisation de son régime.
Un an auparavant, précisément le 2 août 1975, la télévision nationale annonçait l’arrestation du Lieutenant Colonel Sani Sounna Siddo pour tentative de renversement du régime. Le 11 juillet 1977, la même chaine annonça la mort de ce dernier, des suites d’une crise d’épilepsie. En 1991 avec les enquêtes et interrogations, il est établi qu’il a été exécuté dans un camp militaire à Agadez. Le FPS civilo-militant Lumana a peut-être perdu la mémoire sur l’ensemble de ces faits, pourtant bien documentés et archivés.
Ibrahim Elhadji dit Hima