A Niamey, il est désormais fréquent de constater la présence des kiosques et autres étages dédiés à la médecine dite prophétique ou islamique. Ousmane Yahaya, promoteur de la « Pharmacie As Shifa » la définit en ces termes : « la médecine prophétique est l’ensemble des remèdes utilisés ou recommandés par le Messager de Dieu pour prévenir ou soigner telle ou telle maladie ».
En effet, de la même manière que le prophète (PSL) a enseigné à l’humanité tout ce qui concerne le rapport entre l’être humain et son créateur, il lui a enseigné comment se soigner ou prévenir les maladies. « La médecine prophétique », poursuit-il, a comme base, l’ensemble des hadiths authentiques rassemblés par les oulémas et dans lesquels le Prophète parle de tel remède contre une maladie quelconque. « La médecine prophétique renvoie ainsi à tout remède recommandé par le Messager de Dieu pour traiter telle ou telle maladie », souligne-t-il.
Toutefois, y existe une nuance entre la médecine dite « prophétique » et la médecine « islamique ». Cette dernière (médecine islamique) renvoie à « tout remède qui soigne la maladie contre laquelle il est prescrit ; qu’il est reconnu comme tel ; et qu’il n’est en contradiction avec une quelconque recommandation de l’islam (effet secondaire par exemple). C’est à partir de cela que les oulémas se sont penchés pour fouiner et proposer la médecine islamique qui rentre dans le cadre de la médecine prophétique mais qui couvre un champ plus vaste que celle-ci », explique Ousmane Yahaya.
On apprend par ailleurs que les deux médecines ne sont pas du tout basées sur des hypothèses et des expériences comme ce qui est le cas pour les autres types de médecine. En effet, les médecines ‘’prophétique’’ et ‘’islamique’’ sont divines et formelles en ce sens qu’elles émanent de la Révélation d’Allah. En médecine traditionnelle, par exemple, il est fait recours aux plantes pour soigner des maladies. Mais la manière de cueillir ces plantes fait souvent appel à des pratiques qui ne cadrent pas avec les recommandations de l’islam. Il en est de même pour soigner certaines maladies de l’âme où la médecine traditionnelle fait souvent recours à des pratiques honnis par l’islam.
‘’La médecine prophétique’’ est en mesure de traiter les trois dimensions du corps humain, à savoir le corps, l’esprit et le cœur. Elle propose des traitements naturels à base des produits comme le miel, l’huile de nigelle, entre autres, et des traitements divins que sont les invocations, la prière, etc. ou encore la combinaison de ces deux traitements. Notons qu’il y a des maladies qui touchent l’âme comme la peur, le doute, l’hypocrisie. « Ces maladies se soignent par le saint coran (roqyia) ou, d’une manière générale, par la connaissance divine, le zikr, les invocations », indique-t-il, soulignant que les problèmes qui touchent l’âme n’ont pas de remède dans la médecine moderne ; « il faut nécessairement se munir d’une connaissance spirituelle ».
Par rapport aux maladies qui touchent la partie chair du corps humain, elles se soignent, selon notre interlocuteur, par des remèdes provenant des plantes comme l’olivier, jujube ou d’origine animale comme le miel, le lait de chamelle, entre autres.
Seulement, la pratique de la médecine prophétique et la vente des produits dits islamiques sont devenus depuis quelques temps un commerce florissant qui prend de l’ampleur. Dans beaucoup de quartiers de Niamey, on en trouve des points de vente des ‘’produits islamiques’’ qui proposent des remèdes pour soigner plusieurs maladies. Si les revendeurs affichent une certaine connaissance de leurs produits, il n’en demeure pas moins que les rayons dédiés à ces derniers contiennent souvent des produits qui n’ont rien à voir avec la ‘’médecine prophétique’’ ou ‘’islamique’’. Une situation qui interpelle les autorités compétentes à y jeter un coup d’œil.
Almoustapha Aboubacar