À peine il a été annoncé la composition de la Commission de lutte contre la délinquance économique financière et fiscale (Coldeff ) que certaines voix se sont faites entendre pour tirer à boulets rouges sur l’intégrité ou la moralité de certains membres composant cette institution qui constitue un des oranges très attendu de la transition militaire du CNSP.
Des censeurs tapis dans l’ombre ont ainsi disqualifié de facto, certains membres désignés de la Coldeff qui ont fini par jeter l’éponge. Un premier signal qui n’est pas sans hypothéquer l’indépendance et l’autonomie dont doit bénéficier cet organe pour conduire confortablement sa mission d’assainissement sur certains dossiers de gestion des affaires publiques.
Des acteurs dits de la société civile, mais qui en réalité, ne sont que des acteurs politiques en embuscade et qui ont fusillé à bout portant les membres de la Coldeff pourraient constituer une sorte d’épée de Damoclès sur le fonctionnement de cette commission. Ce qu’il faut surtout craindre, qu’ils prennent de l’appétit et se mettent à agir ou à peser sur l’agenda de la Coldeff. En tout cas, il y a déjà des orientations claires dans ce sens, à en juger par les listes qui circulent et que l’on présente comme des dossiers de malversations devant intéresser la Coldeff.
Des soi-disant dossiers sont cités pêle-mêle. On voit « affaire Areva contre Etat du Niger », « affaire Aide budgétaire pour la sécurité de l’Union européenne et autres partenaires », « affaire vente de la société des mines du Liptako » ou encore « prélèvement de 20 milliards de francs CFA de l’Agence de régulation des télécommunications et de la poste (ARCEP) ».
Sur d’autres listes, on précise clairement le jeu, en faisant allusion à un soi-disant « Détournement de fonds publics sous la présidence d’Issoufou Mahamadou ». Ici, les choses sont plus claires et la cible est plus précise. Et peut-être même les auteurs des listes qui circulent.
Difficilement que des vrais acteurs de la société civile s’intéressent à des dossiers d’affaires de malversations en se focalisant exclusivement sur un seul régime. En l’occurrence, le régime d’Issoufou Mahamadou. Les « dossiers d’affaires » que l’on cherche à imputer à Issoufou Mahamadou n’intéressent qu’une seule clientèle, bien connue de tous les nigériens. Ce client n’est autre que le Moden Fa Lumana avec en premier chef, son autorité morale, Hama Amadou.
Le milieu Lumana est le seul cartel qui pourrait travailler dans cette opération de tri sélectif avec en ligne de mire, deux objectifs essentiels: le besoin de revanche et surtout celui d’écarter un obstacle de premier plan vers son accession au pouvoir.
Les raisons objectives ne manquent pas. Dans son combat, à l’époque où il était à l’opposition, le PNDS Tarayya a remonté tous les sales dossiers qui ont obscurci l’horizon politique de Hama Amadou jusqu’à son départ du gouvernement, éjecté par une motion de censure.
Ensuite, c’est sous le gouvernement d’Issoufou Mahamadou que Hama Amadou a connu ses autres démêlés avec la justice. Les difficultés du patron de Lumana avec la justice ont commencé avec Tandja Mamadou mais elles se sont poursuivies sous Issoufou Mahamadou.
Mais la recherche de la revanche pourrait ne pas être la seule motivation. Certainement qu’il y a une stratégie politique en sourdine. En mettant Issoufou Mahamadou au cœur d’un scandale judiciaire, cela pourrait annihiler toute son action politique. Peut-être que l’ancien Premier ministre qui a longtemps ruminé sa rage a aussi mis à contribution sa longue absence du pays pour préparer sa liste de dossiers.
Peut-être aussi que c’est suffisamment étoffé puisqu’il ne s’agit pas de dire, de citer tel ou tel autre dossier comme cela se passe actuellement dans la rue. Maintenant, l’opinion nationale suit de près, toutes ces affaires, toutes ces manœuvres et dans ce capharnaüm de listes d’affaires portées par les coursiers politiques, elle s’interroge sur leur contenu. Et ensuite, dans quelle mesure cela pourrait avoir une incidence sur Issoufou Mahamadou dans la mesure où, dans l’exécution de ses fonctions, un président de la République ne peut être poursuivi par la justice que pour haute trahison.
Les affaires Zeinab, les très rocambolesques affaires de malversations financières avec les Laps et Psops, l’affaire MEBA sous Tandja pour ne citer que celles-ci n’ont concerné que les ministres en charge du dossier et cela n’a jamais entraîné la responsabilité pénale du Premier ministre, Hama Amadou, encore moins du Président Tandja.
Les deux fois où Hama Amadou a été concerné par la justice, c’est sur la question du fonds d’aide à la presse qu’il a directement géré et sur une affaire de droit commun, à savoir l’affaire dite des bébés importés.
Ibrahim Elhadji dit Hima