La France reste toujours à la manœuvre sur le dossier nigérien comme en témoigne la dernière intervention du ministre nigérian des affaires étrangères sur les ondes de la radio internationale BBC. Des propos extrêmes qui ont surpris l’opinion nationale au Niger. Dans des propos dune rare subjectivité, Yusuf Tuggar est revenu sur le processus de sortie de crise au Niger qu’il dit être bloqué par la position des autorités de la transition militaire qui ont exclu toute possibilité de libération du Président renversé, Bazoum Mohamed.
Dans cette interview, le diplomate nigérian affirme que la levée des sanctions sur notre pays nest plus à l’ordre du jour. Et pour cause, le refus des autorités militaires de libérer le Président déchu Bazoum Mohamed. Et le ministre nigérian de préciser que l’exigence aujourdhui nest plus le rétablissement de Bazoum dans ses fonctions du Président de la République. L’organisation sous régionale exige seulement, selon lui, que Bazoum soit libéré pour s’installer en exil dans un pays qui ne sera pas forcément le Nigeria ou un autre pays membre de la CEDEAO, au cas où les militaires nigériens douteraient de sa bonne foi. « C’est le seul préalable à la levée des sanctions », a martelé le diplomate nigérian.
Selon les dires du ministre nigérian Yusuf Tuggar, les militaires refusent ce préalable. Mais de qui tient-il ses propos ? À quelle occasion, ils ont été prononcés ? Et dans quelle circonstance ? Autant de questions qui laissent planer un doute général sur les déclarations du ministre nigérian des affaires étrangères.
Mais pour qui connait la mainmise de la France sur les instances politiques et économiques sous-régionales, notamment la CEDEAO, l’ UEMOA ou encore lUA, ces déclarations hors de tout contexte du ministre nigérian n’obéissent quà un seul principe : la commande française. C’est elle qui continue à prendre en otage le peuple nigérien et son chantage sur le Niger. C’est également la France par son canal privilégié, c’est-à-dire la CEDEAO, qui continue à sévir contre le Niger. C’est la France encore qui veut sortir les menaces d’étouffement du Niger.
Toutes ces manœuvres des autorités politiques françaises visent un seul objectif : contraindre, par tous les moyens, les militaires au pouvoir à capituler ou à tout le moins continuer à agiter les moyens de pression et toutes les menaces pour faire peur au Niger, à sa population et aux membres du CNSP, organe militaire assurant le pouvoir exécutif pour la transition au Niger.
Chantage, prise d’otage, c’est à cela que se résume la politique française au Niger, depuis le renversement du régime du Président Bazoum Mohamed. « La France n’abandonne pas un ami », a déclaré le président français, Emmanuel Macron, dès les premiers jours qui ont suivi le renversement du régime de Bazoum. « Le Président nigérien Bazoum Mohamed est un ami de la France, il vient d’être renversé par des éléments de l’armée, sous la direction du général de brigade Abdourahamane Tiani et la France ne doit pas le lâcher », a renchérit le Chef de L’état français.
Pour rappel, l’ambassadeur français a fait l’objet des mesures d’expulsion du territoire nigérien par les autorités militaires qui ont également dénoncé les accords militaires qui liaient les deux pays.
Aujourdhui, quatre mois après la prise du pouvoir par larmée, rien na changé du côté de la France qui continue son action au Niger, une action qui s’apparente à une prise dotage, suivie de chantage. L’otage malgré lui ou l’otage consentant de la France, c’est le président déchu Bazoum Mohamed. Présenté comme un ami de la France ou un ami du Président français Emmanuel Macron, Bazoum est la pièce maîtresse de ce jeu sinistre aux conséquences désastreuses pour la vie sociale et économique du Niger.
Est-il très réjoui et satisfait de la souffrance de la population du Niger ou pas, c’est toujours pour lui et pour son amitié que la France agit de la sorte. C’est pour Bazoum Mohamed, lami de la France et de la démocratie, que la France a mis en branle les instances de la CEDEAO, avec des discussions prioritaires avec le Nigeria, lallié stratégique et le bras armé de la France.
C’est sur le Nigeria en pôle position au sein de la CEDEAO que la France a voulu s’appuyer pour effectuer des frappes militaires et disloquer le régime militaire de Niamey. Cette option na heureusement pas prospéré, faute du soutien international. Toujours accroché à son otage, la France manoeuvre pour l’instant sur les sanctions. Et elle compte pour cela sur le silence complice de Bazoum Mohamed dont l’entourage jusqu’ici na émis aucune déclaration pour approuver ou désapprouver la souffrance de la population et le maintien des sanctions ou leur levée.
Quatre mois après le putsch, Bazoum na jamais eu la moindre allusion aux sanctions qui frappent le Niger ou la moindre réaction, même lorsque planaient sur le Niger les menaces d’intervention militaire. La France tient bien Bazoum Mohamed dans son jeu. Est-il consentant ? A-t-il approuvé la cascade des mesures déroulées sur le Niger ? Est-il en désaccord avec ces mesures ? Rien, aucune note officielle de sa part ou de la part d’un responsable de son entourage. La France gère Bazoum au nom de qui elle projette toute action de menace ou de chantage sur le Niger.
Pour la démocratie ou pour l’amitié de Bazoum avec Macron ou l’amitié de Bazoum avec la France ? Aucune des réponses ne peut être suffisamment plausible. Bazoum Mohamed n’est qu’un otage ou un prétexte. Et la vraie raison de l’acharnement de la France sur le Niger n’est autre que les décisions des autorités militaires du CNSP de chasser du Niger l’armée française et l’ambassadeur de la France au Niger. C’est cela qui fait agiter Macron et la France.
Ibrahim Elhadj dit Hima