Après le Mali en mai 2022, le Burkina Faso et le Niger décident de claquer la porte du G5 Sahel qui, après neuf ans d’existence, peine à atteindre ses objectifs. L’AES qui regroupe désormais les trois principaux Etats du Sahel reprend la main sur le G5 Sahel.
Dans un communiqué conjoint signé le 29 novembre 2023, le Burkina Faso et le Niger ont expliqué les raisons de leur retrait du G5 Sahel. Pour ces deux pays, le G5 Sahel « ne saurait servir les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel encore moins accepter le diktat de quelque puissance que ce soit au nom dun partenariat dévoyé et infantilisant, qui nie le droit à la souveraineté de nos peuples et de nos Etats ».
Le Burkina Faso et le Niger ont donc décidé de quitter non pas par un simple coup de tête, mais « en toute lucidité ». Les deux pays ont ainsi « pris la responsabilité historique de se retirer de cette organisation », précise la même source.
Tout en réaffirmant leur profond attachement « à la réalisation dune paix durable dans l’espace sahélien », le Burkina Faso et le Mali se disent « convaincus de la nécessité d’un engagement solidaire () dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière ainsi que pour le développement ».
C’est d’ailleurs ce qui explique la naissance de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) « pour faire de notre espace sahélien, un espace de souveraineté assumée pour la reconquête de nos territoires et la restauration de la paix et de la sécurité, gage d’un développement partagé pour les peuples du Sahel », souligne le communiqué conjoint.
Pour mémoire, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont signé à Bamako, la « Charte du Liptako-Gourma » créant l’Alliances des Etats du Sahel ». Le but de l’AES, écrivait le Chef de l’Etat malien sur X (ex-Twitter), est « d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle ». Face à la presse, le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a déclaré que cette alliance sera une conjugaison des efforts militaires, économiques entre les trois pays. «Notre priorité c’est la lutte contre le terrorisme dans les trois pays», a-t-il déclaré. A son article 6, la Charte prévoit que « toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire dune ou plusieurs parties contractantes sera considéré comme une agression contre les autres parties, de manière individuelle ou collective, y compris l’emploi de la forme armée pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l’espace couvert par l’Alliance ».
Créé en décembre 2014, le G5 Sahel avait pour mission de mutualiser les capacités et les moyens des cinq pays membres que sont le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Il s’est agi de faire du Sahel, « un espace de sécurité et de développement ». Mais neuf ans après, l’organisation » dont les différents initiateurs ne sont plus au pouvoir « peine à atteindre ses objectifs », relève le communiqué conjoint Burkina Faso-Niger. Après le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger, le G5 Sahel tend à disparaître. Seuls deux pays des cinq (Tchad et Mauritanie) restent encore dans cette organisation qui compterait plus sur le soutien des puissances extérieures pour exister.
Almoustapha Aboubacar
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