Cherté du riz importé, prix relativement bas du riz local, non disponibilité du riz importé. Tel est le constat qui se dégage chez de nombreux vendeurs en détail du riz, principal aliment de base de la population nigérienne.
« Parviendrons-nous à manger du riz à l’avenir » ? Demandait un consommateur à un revendeur, après avoir appris le prix du sac de riz de 25 kg. « Bien sûr », répondit le revendeur. « Le produit existe même s’il coûte très cher », explique-t-il. De cette conversation et des demandes formulées, nous apprenons que certains sacs du riz importé coûtent 16 500 FCFA et d’autres sont revendus à 17 000 FCFA, tandis que le sac de 50 kg d’une autre variété de riz importé dont le sac reste inconnu est cédé à 30 000 FCFA.
Pour le ministre du Commerce et de l’industrie, « ce rehaussement du prix du riz constaté après plusieurs mesures prises par le gouvernement, est dû aux manœuvres spéculatives opérées par certains détaillants ».
Dans une interview qu’il a accordée au journal Le Sahel, tout en rappelant que le riz est l’aliment de base des nigériens, le ministre a indiqué que « ce produit constitue véritablement notre préoccupation ». Car bien avant la fermeture des frontières, a-t-il rappelé, « certains pays producteurs comme l’Inde et la Chine ont pris des dispositions d’interdiction de sortie de riz ordinaire (5% et 25%) pour cause des catastrophes naturelles (inondations ») auxquelles s’ajoutent « les difficultés d’approvisionnement en engrais liées à la guerre en Ukraine ».
Pour rappel, face à la non disponibilité de certains produits alimentaires constatée aussi bien à Niamey qu’à l’intérieur du pays, le ministre du Commerce et de l’Industrie a entrepris des visites dans plusieurs magasins. « Lors de cette visite, nous avons beaucoup plus constaté la disponibilité en grande quantité du riz basmati, des pâtes alimentaires, les huiles, les farines de blé, le sucre, etc. », a rappelé le ministre du Commerce. « Malgré la disponibilité de ces variétés, nous avons enregistré des entrées importantes en produits alimentaires dont le riz ordinaire consommé par la majeure partie de la population et cela, grâce aux dispositions prises par les plus hautes autorités de notre pays (…) », a-t-il relevé.
« Le CNSP a consenti d’énormes efforts pour faciliter aux opérateurs économiques l’approvisionnement du pays en produits alimentaires », a-t-il souligné, rappelant que le Gouvernement privilégie d’abord le dialogue avec les opérateurs économiques dans leur ensemble en vue de parvenir à l’approvisionnement régulier de nos marchés en produits de première nécessité ».
Cependant, pour tout mauvais comportement ou toute manouvre frauduleuse tendant à dissimuler les stocks, à augmenter les prix ou à fournir des produits de mauvaise qualité, « nous avons instruit nos structures en charge du contrôle de prendre toutes les sanctions prévues à la matière », a prévenu le ministre du Commerce et de l’Industrie.
Les contrôles ainsi constatés dans certains quartiers, notamment dans l’arrondissement communal Niamey 5, et menés auprès des détaillants, ont permis de relever plusieurs manquements, « tels que la minoration du poids normal du riz ; le reconditionnement du riz de plusieurs types et d’origines différentes dans des sacs portant des logos appartenant à autrui ; la revente à des prix non officiels du riz du Niger par des détaillants ; et le reconditionnement des produits avariés », a regretté le ministre du Commerce.
L’opération menée avec l’appui des forces de défense et de sécurité a permis de confondre plusieurs détaillants. « Ils sont en train de vérifier le poids des sacs de riz. Par exemple, des sacs sur lesquels est marqué 25kg mais qui, après le contrôle, on retrouve que le contenu est de 23 kg », nous a expliqué un détaillant préoccupé à ranger les sacs de riz réceptionnés « avant qu’ils arrivent », a-t-il soufflé aux transporteurs.
Dans cette situation de « crise du riz », l’on constate que le riz local, communément appelé riz du Niger, coûte moins cher et reste plus accessible que le riz importé. Seulement, les consommateurs préfèrent le riz importé dont ils ignorent la provenance. Cette période constitue une opportunité pour la société du riz du Niger de faire la promotion de ce produit cultivé sur le territoire nigérien.
Almoustapha Aboubacar