La commémoration de la journée du 13 mai consacrant la journée nationale de la femme nigérienne, symbolise la marche historique du 13 mai 1991 par les femmes nigériennes qui ont réclamé et obtenu une plus grande représentativité au sein de la commission préparatoire de la conférence nationale souveraine, tenue du 29 juillet au 3 novembre 1991. Plus de 30 ans après l’institutionnalisation de cette journée, il en ressort qu’en dépit des efforts déployés par différents acteurs, plusieurs défis restent encore à relever, pour concrétiser la participation accrue de la femme à la gestion de la vie publique, par ailleurs synonyme de son autonomisation.
Qu’est ce qui entrave réellement l’autonomisation et la participation accrue de la femme à la gestion de la chose publique ? De surcroît, pour cet ensemble qui représente un peu plus de 50% de la population nigérienne. Plusieurs difficultés sont mises en avant par les analystes.
Il s’agit entre autres, du poids de nos familles de tradition patriarcale qui voudra que le dernier mot revient à l’homme, le faible moyen économique et la discrimination au sein des formations politiques qui fait que les femmes sont réduites au second rôle dans le gotha politique.
Selon Soureiya Siradji Moustapha, jeune leader Matassa, ‹‹ les femmes sont ambitieuses et intelligentes, c’est malheureusement l’entourage familial et la société qui les empêchent à se réaliser pour devenir épanouies et autonomes››. Et d’ajouter que ‹‹ le problème majeur dans notre société est cette mentalité que la femme est inférieure à l’homme et que sa place n’est qu’à la cuisine ››.
De son côté, Nazifatou, également jeune leader Matassa, trouve qu’on n’a pas forcément besoin d’une journée pour manifester nos besoins en termes de droit de la femme ou même de célébrer quoi que ce soit. Car, dit-elle, ‹‹ c’est comme minimiser nos valeurs en tant que femme. Chaque jour pour nous est une occasion pour porter plus haute notre voix et prouver au monde entier combien nous sommes importantes ››.
Il faut reconnaître que la participation accrue de la femme à la gestion de la chose publique ne sera possible que grâce à l’autonomisation de la femme nigérienne.
C’est pourquoi, donnant l’avis sur la question, Cheick Oumarou Mahaman Bachir, président de l’ARDSES Maqasid Wan Nawaya (Alliance des Religieux pour le Développement Socio-éducatif Économique et Sanitaire), déclare que l’Islam est pour l’autonomisation de la femme, dans le cadre du respect des droits de l’homme, du respect de l’enseignement religieux et des normes traditionnelles.
De ce fait, il a souligné qu’ ‹‹ à l’avènement de l’Islam, le Prophète SWT travaillait chez Khadidjah sa première épouse. Toutefois, l’autonomisation de la femme en Islam a des principes par rapport à quelques piliers de l’autonomisation de la femme dans un cadre sociétal hors pays islamique ››.
Pour ce leader religieux, au regard du nombre de femmes dans notre société et le rôle que celle-ci jouent dans nos sociétés, l’autonomisation de la femme permet un développement durable de la société.
‹‹ Dans la famille, la femme est la responsable financière et en même temps du bien-être de la famille. Ce qui démontre qu’elle est incontournable si on veut se développer ››, a-t-il ajouté.
Il faut dire que la commémoration chaque année de la journée nationale de la femme nigérienne offre beaucoup plus l’occasion à tous les acteurs et aux femmes elles-mêmes de voir les avancées en termes de la promotion de la femme, mais aussi de mettre en exergue les nombreux défis qui freinent leur autonomisation.
Il apparaît que malgré les efforts du gouvernement à revoir à la hausse le quota de la participation de la femme nigérienne à la gestion de la vie publique, passant de 15% à 25% pour les postes électifs et de 25% à 30% pour les postes nominatifs, force est de constater qu’il subsiste des pesanteurs néfastes tant externes qu’internes qui bloquent l’épanouissement de la femme, gage de son autonomisation.
Comme par exemple, il est important pour la femme de mériter dignement sa place de leader au sein de la société. Dans ce sens, il ne s’agira nullement de faire acte de faveur ni de complaisance à son égard, mais plutôt que la femme se battent pour obtenir la place qui lui revient de droit dans la gestion de la chose publique. C’est de cela dont il est question.
Koami Agbetiafa
NIGER INTER HEBDO numéro 109 du 09 mai 2023