Le Niger était récemment à l’honneur à Nairobi au Kenya. En effet, le vendredi 28 Avril 2023, le Prix Mo Ibrahim a officiellement été remis à Issoufou Mahamadou à Nairobi au Kenya. Ce Prix est une récompense d’une valeur de 5 millions de dollars US versée sur dix ans. Mahamadou Issoufou a été en effet récompensé pour son bilan en faveur de la croissance économique, mais aussi pour avoir respecté la transition démocratique dans son pays, apprend-on.
Le départ de l’ex-Président Issoufou Mahamadou à la fin de son second et dernier mandat n’était pas gagné d’avance. Chose curieuse, c’est l’opposition politique qui n’avait pas du tout cru à cette éventualité. Elle a d’ailleurs entretenu une polémique jusqu’à l’investiture du candidat du PNDS-Tarayya, en la personne de Mohamed Bazoum. L’opposition d’hier a fait de la fixation sur cette question avec des arguments les uns plus saugrenus que les autres. Elle a appris à ses dépens que cette polémique n’avait pas lieu d’être.
Les pourfendeurs d’Issoufou ont surtout appris, à l’épreuve des faits, que leurs litanies ne faisaient plus recettes quand plus personne n’y croit. Ces marchands d’illusions de ces scénarios alarmistes ont fini tout simplement par se réduire comme peau de chagrin. Quid du cheval de Troie à savoir le deal entre Issoufou/Salou Djibo, annoncé par un leader politique depuis l’Hexagone ? Quid de tous ces scénarios du pire, tendant à mettre en évidence la «monarchisation» du Niger par Issoufou Mahamadou ?
Comme pour convaincre les sceptiques, c’était à deux ans de la fin du mandat du Président Issoufou que le PNDS-Tarayya a désigné son dauphin. Une première en Afrique où cette question est souvent taboue. Mais au Niger, si on a pu aisément en parler, c’est parce que dès au départ, le Président Issoufou en démocrate et républicain convaincu, n’a fait aucun mystère sur sa volonté de quitter le pouvoir à la fin de ses deux mandats légaux.
Il en était convaincu : il n’y a pas d’homme providentiel et irremplaçable, aimait-il souvent marteler. « Moi, je suis un démocrate dans l’âme, je n’ai pas cette arrogance de penser que je suis un homme providentiel irremplaçable ». L’opinion publique lui reconnait sa clarté et sa constance sur cette question sur toute la ligne. C’est en effet une constante, et Issoufou Mahamadou l’a déclaré clairement et distinctement : « Je suis un démocrate. Et la preuve, en 2021, je m’en vais, c’est mon dernier mandat et je n’ai pas l’intention de triturer la constitution », a-t-il confié à la presse, à l’occasion d’une visite en France en juin 2018.
Ou encore : « Une de mes plus grandes ambitions, c’est l’organisation en 2021, des élections libres et transparentes et de passer le témoin à un autre Nigérien que les Nigériens auront choisi », à l’occasion du premier anniversaire de son investiture pour un second mandat, le 2 Avril 2016.
Issoufou Mahamadou est connu comme l’homme de la parole. Pour avoir combattu le Tazarce de feu Tandja Mamadou, il a su mettre en évidence l’idée que sa posture d’hier relève de son intime conviction que le pays a besoin de « respiration démocratique avec des alternances au pouvoir ».
Issoufou Mahamadou a gagné ce pari au grand dam de ses détracteurs. L’homme des grands défis sait, comme tout grand leader, qu’il y a plus de plaisir à quitter le pouvoir que de s’y accrocher contre vents et marrées. Et on le voit, Issoufou Mahamadou ne chôme pas à la différence de certains anciens Chefs d’Etat qui trainent des casseroles ou porteurs d’antivaleurs. Il est très présent dans les grands rendez-vous et rencontres stratégiques de ce monde. Comme quoi, le leadership est sacrifice : plus on renonce au pouvoir, plus on peut aller loin au sommet de la montagne. La caravane est passée. Les chiens peuvent continuer à aboyer.
Abdoul Aziz Moussa
NIGER INTER HEBDO numéro 109 du 09 mai 2023