Tous les pays du monde aspirent au développement, mais la volonté d’accumuler indûment des richesses a poussé certains à vouloir dominer et exploiter les autres. In fine, dans le concert des nations, certains s’imposent, tandis que d’autres subissent . Il va de soi que s’organiser pour faire face à cette injustice est une exigence.
Dans la marche vers le développement, l’Afrique, berceau de l’humanité est à la traîne. Elle cherche à trouver son équilibre pour bien marcher. Même si elle n’est pas au bout de ses peines, il n’ en demeure pas moins qu’après avoir suivi pendant des années un itinéraire jalonné de traquenards, d’embûches et autres obstacles, elle est censée avoir appris à se frayer un chemin.
S’il est indéniable que les différentes formes d’humiliation et de domination, comme l’esclavage, la balkanisation, la colonisation, l’apartheid et autres ignominies ont entravé l’Afrique, il est tout aussi indéniable que les causes de sa situation actuelle sont plus endogènes qu’exogènes. En effet, elle n’est pas encore sortie de l’ornière; elle n’arrive pas à s’unir, à s’émanciper et à faire face aux défis du développement à cause des mentalités et des comportements de ses élites qui sont souvent aux antipodes de ses intérêts.
Il est important de rappeler que dans le passé, sur le continent et dans la diaspora, des précurseurs, des penseurs, des figures historiques, des héros et des héroïnes du combat pour l’émancipation, la dignité et l’unité de l’Afrique se sont illustrés. Ils ont organisé des colloques, des conférences, des congrès et autres rencontres. Ils ont fait des réflexions, des recommandations et des propositions. Sous leur impulsion, l’Afrique a connu différentes formes de contestation et de résistance sous-tendues par des idéologies, des processus, des courants et des mouvements comme la Renaissance de Harlem, la Négritude, la décolonisation, l’anti-impérialisme, l’afrocentrisme, le panafricanisme, etc.
Incontestablement, l’édification d’une Afrique libre, fière, unie et prospère a eu ses précurseurs. Elle manque de fervents continuateurs à mesure que le temps passe, or dans la mondialisation, l’Afrique ne doit compter que sur elle même. Au début des années 1960 déjà, l’élan pour le panafricanisme et le destin de l’Afrique a été brisé. Ce qui a engendré la création de deux groupes, celui de Monrovia et celui de Casablanca. C’était à une étape où les dirigeants africains n’ont pas pu surmonter leurs contradictions, même si par la suite ils ont fini par recoller les morceaux sans vraiment avancer, avec la création de l’Organisation de l’unité Africaine(OUA) le 25 mai 1963. Depuis le 9 juillet 2002, l’Union Africaine (UA) a remplacé l’OUA. Les sommets se succèdent, quelques perspectives se dessinent, mais les défis demeurent. A l’allure où vont les choses, il est loisible de constater que notre continent fait du sur-place.
L’Afrique est très riche, ses ressources et ses richesses sont très convoitées. Paradoxalement, la pauvreté sévit sévèrement dans tous ses coins et recoins parce qu’elle est divisée et exploitée. Les lobbies, les multinationales et les puissances de ce monde rivalisent, se bousculent et se disputent à son sujet. A l’ère du numérique, ils sapent le moral de beaucoup d’Africains, aggravent la division et attisent la discorde. En même temps, ils divertissent, infantilisent et instrumentalisent certains qui sont devenus leurs apologistes et leurs propagandistes.
Certes, les contradictions sont inévitables, mais elles doivent servir à faire bouger les lignes. Si dès le début des années 1960, la division a eu raison de l’union, il est temps que les Africains tirent les leçons du passé. Au lieu de cela, prenant fait et cause pour des intérêts étrangers antagoniques, des frères africains ignorent les intérêts de l’Afrique et s’entredéchirent. Ils se livrent à des querelles fratricides, surtout sur les réseaux sociaux. Tout se passe comme si ces Africains sont venus au monde pour trahir leur cause et défendre celles des autres. C’est vraiment dommage!
Aujourd’hui plus que jamais, le salut de l’Afrique réside dans le panafricanisme. En revanche, il a été tellement galvaudé et saboté qu’il faut lui éviter d’autres écueils, comme le récent accaparement du combat panafricaniste par quelques individus, à des fins peu orthodoxes. En outre, il a beaucoup souffert du dilatoire des décideurs; il ne peut plus être leur chasse gardée. Au vu des dérobades et tergiversations qui le plombent, il faut le faire sortir du cadre restreint des réunions et rencontres officielles dans lequel il est confiné. La tâche incombe aux panafricanistes sincères qui doivent se faire un devoir de s’organiser et conscientiser le plus grand nombre pour un panafricanisme progressiste et populaire qui conduira à la véritable union, à l’émancipation et au développement.
Zakaria Abdourahaman