S’il y a un souci auquel sont le plus confrontés les usagers de la route, c’est bien l’occupation anarchique de la voie publique. Les abords de certaines artères de la capitale sont érigés en places d’étalage ou d’exposition d’articles et de marchandises, causant ainsi un véritable casse-tête chinois aux usagers, en particulier les piétons, obligés à se faufiler dans le trafic sur la chaussée, avec tout le risque qu’ils encourent. Qu’est-ce qui explique ce laxisme de la part des autorités municipales de Niamey, censées mettre de l’ordre sur la voie publique ?
S’agit-il de l’incivisme ou simplement d’actes d’insouciance de la part de certains citoyens qu’on observe sur pas mal d’artères de la ville de Niamey ? Que ce soit aux abords des tronçons ou sur les voies aux alentours des marchés de Niamey, il est facile de constater des installations, des chariots remplis de marchandises jonchant le long des trottoirs jusqu’à déborder sur la chaussée.
Le phénomène est préoccupant aux abords des marchés comme Wadata, Habou Tegui et au Grand Marché de Niamey où les trottoirs, normalement réservés aux piétons sont bloqués. Pire, les chaussées sont alors déguisées en place de commerce au grand dam des usagers de la route.
Le phénomène va en crescendo, au vu et au su de tous, y compris les autorités municipales de Niamey qui sont censées mettre de l’ordre sur la voirie urbaine. D’après les informations, depuis un certain moment, la mairie ne distribue plus de tickets aux vendeurs occupant de façon anarchique la voie publique, de peur, semble-t-il d’être taxée complice d’une forfaiture ou d’infraction à la loi régissant l’occupation de la voie publique.
Pas plus tard que le mois passé, c’est le Cabinet du Premier Ministre qui, par courrier N°0372/PM/DIRCAB/DIEH en date du 6 février 2023, demandait au ministre de l’intérieur et de la décentralisation, de prendre les dispositions urgentes, en vue de trouver une solution définitive aux différents problèmes et autres dysfonctionnements liés, d’une part, à la gestion des voies de communications, et d’autre part, aux petits commerces le long des routes dans la ville de Niamey.
Comme pour ne pas ramer à contre-courant, le 8 mars dernier, le député-maire de la ville de Niamey, l’honorable Oumarou Dogari Moumouni prend l’arrêté N°067/D/M/PCVN/SG fixant les montants des amendes sur les occupations anarchiques des voies et de leurs dépendances.
Cette décision signée par l’autorité municipale de Niamey impose une amende de 1500 fcfa par infraction aux ambulants (commerçants ambulants occupant de façon illégale la voie publique). Selon la même décision, les responsables des kiosques et autres sur la chaussée vont payer ‹‹ le double du montant de la taxe d’occupation du domaine public, soit 10.000 fcfa le m² ››. Sauf que depuis là, c’est le statu quo sur les voies publiques.
Sur le terrain, le phénomène prend de l’ampleur au jour le jour. Des installations illégales et anarchiques de kiosques et autres étalages de petits commerces occupent les trottoirs, tout en débordant sur la chaussée. Les piétons sont donc contraints de partager la chaussée avec les autres usagers de la route (automobilistes, motocyclistes et cyclistes), avec tout le risque possible.
En plus de créer d’énormes désagréments dans la circulation routière, cette situation d’occupation anarchique de la voie publique pourrait donner une mauvaise image à notre ville, de surcroît la capitale du Niger.
Debout à côté de ses installations à même la chaussée, aux abords du Grand Marché, Bassirou Rabiou, revendeur de maillots, estime qu’il n’a pas d’autre choix que d’occuper la chaussée pour vendre ses articles. ‹‹ Prendre une boutique qui coûte 130 000 fcfa ou 150 000 fcfa dans le Grand Marché, ce n’est pas évident, surtout lorsqu’on vous demande une caution de 2 à 3 ans ››, s’indigne-t-il.
De l’avis de plusieurs commerçants interrogés, les chambres servant de boutiques au Grand Marché de Niamey coûtent souvent les yeux de la tête pour le simple revendeur de produits ou d’articles exposés sur le chariot ou sur les poussepousses.
Un véritable dilemme auquel doivent faire face les autorités municipales de Niamey et la SOCOGEM qui est la société de construction et de gestion des marchés. Interrogés sur cette équation difficile, les responsables de la SOCOGEM n’ont pas daigné répondre à nos sollicitations. Cette structure qui gère le marché de Niamey a été épinglée à plusieurs reprises par les commerçants dudit marché, quant à la gestion qui est faite des bâtiments du marché de Niamey et le coût trop exorbitant des frais de location des boutiques.
Au demeurant, il revient aux autorités municipales de sensibiliser les riverains, notamment au sujet de l’occupation anarchique de la voie publique. Le plus important, c’est de savoir manier le bâton et la carotte pour ne pas créer d’autres frustrations. On attend de voir.
Koami Agbetiafa
Niger Inter Hebdo N°106 du mardi 21 Mars 2023