Par essence, les syndicats ont un double rôle, à savoir : la représentation et la négociation. De ce fait, ils défendent les droits et les intérêts des salariés à différents niveaux et négocient (participation au dialogue social) pour en acquérir de nouveaux. C’est connu, le rôle d’un syndicat est la défense des intérêts matériels et moraux de ses membres.
Cette compréhension du rôle et missions d’un syndicat semble loin d’être assimilée par les syndicalistes qui animent l’intersyndicale des travailleurs du Niger (ITN). Dans leur compréhension à eux, le syndicalisme veut dire la confrontation pure et dure avec le partenaire (dans le cas d’espèce l’Etat) et vouloir imposer coûte que coûte leurs revendications, pourvu que l’Etat puisse disposer ou non les moyens de les satisfaire.
A l’ITN, la notion du dialogue social est reléguée au second plan, car elle ne permet pas à certains de ses responsables syndicaux de dérouler leur agenda.
A travers leurs agissements qui sont totalement opposés à l’attitude d’un syndicaliste, soucieux de la défense des intérêts matériels et moraux de ses militants, l’opinion comprend aisément ce qui guide l’esprit des leaders syndicaux de l’ITN.
Leur mouvement d’humeurs du 27 et 28 février dernier, qui est loin d’être une grève en bonne et due forme lancée par une centrale qui lutte sincèrement pour ses militants renseigne à suffisance sur les vraies motivations ou du moins l’agenda caché des responsables de l’ITN. Pour preuve, le mouvement a été très mal suivi, tant à Niamey que dans les autres régions du Niger.
Et c’est échec n’a pas été engendré ni par le gouvernement encore moins les autres centrales syndicales. C’est bien à l’interne de l’ITN que des syndicats se sont désolidarisés du mot d’ordre de grève lancé par leur centrale.
A travers des communiqués destinés à leurs militants, des syndicats très représentatifs au sein de l’ITN, notamment ceux du secteur du commerce et du transport, ont demandé à leurs militants de vaquer leurs occupations, jugeant la démarche de leurs responsables syndicaux « pas trop sincère ».
Pour ces deux syndicats, « il n’y a jamais eu de rupture de négociations avec le gouvernement sur leurs préoccupations ». Un des syndicats est sorti clairement, à travers son communiqué, pour informer ses militants qu’il n’est pas « signataire du mot d’ordre de grève lancé par l’ITN, leur centrale syndicale ».
A partir de cette « dénonciation » faite par des syndicats membres qui ont appelé leurs militants à ne pas observer la grève du 27 et 28 février dernier, beaucoup de militants d’autres syndicats membres de l’ITN se sont résolus à ne pas se laisser instrumentalisés par des gens qui ont un agenda politique caché. D’où l’échec patent de cette soit disant grève de l’ITN.
Par cet échec, l’ITN est aujourd’hui à découvert. Son agenda est bien connu de l’opinion et son entêtement à refuser tout compris avec le gouvernement sur sa plateforme revendicative renseigne davantage sur les visées politiques de certains de ses membres. A l’ITN, principalement sa direction, de se faire son propre mea-culpa et venir à l’essence même du syndicalisme pour exister.
Oumar Issoufa
Niger Inter Hebdo N°104 du mardi 7 Mars 2023