Monsieur Altiné Amadou est Secrétaire Exécutif de l’Observatoire National de la Qualité des Services Financiers au Niger (OQSF). Après une carrière bien remplie à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), à l’Agence Principale de la BCEAO de Niamey, à l’Agence Auxiliaire de la BCEAO de Zinder et au Siège de la BCEAO à Dakar au Sénégal, M. Altiné est revenu au Niger. Il a occupé le poste du Directeur de cabinet du Ministre des Finances. En juillet 2021, il a été nommé Conseiller Spécial du Premier Ministre de la République du Niger. Après la création de l’Observatoire National de la Qualité des Services Financiers (OQSF-NE) en mars 2022 par décret n°2022-218/PRN/MF, il a été promu en juillet 2022 Secrétaire Exécutif.
Dans une publication, en mars 2022, intitulée « Du nécessaire alignement des actions publiques aux orientations de développement : cas de l’inclusion financière au Niger », M. Altiné avait souligné, avec force détails, comment l’inclusion financière se retrouve au cœur des préoccupations des pays de l’Afrique subsaharienne, dans les perspectives de développement et de la lutte contre la pauvreté.
- Altiné avait aussi souligné que si certains pays de l’UEMOA semblent tirer leur épingle du jeu, il n’en est pas de même pour d’autres comme le Niger.
Dans cette nouvelle contribution, M. Altiné se prête volontiers, encore une fois, à nos questions et nous entretient sur l’inclusion financière dans l’espace UEMOA, telle qu’elle peut être promue à travers le processus de digitalisation.
La contribution, qui tire substance fortement sur une publication de la BCEAO, intitulée « Guide pour la digitalisation des paiements des Etats membres de l’UEMOA » (le Guide), s’articule sommairement autour des éléments suivants :
– Une présentation du phénomène de digitalisation, de ses enjeux dans le secteur financier, vu par un utilisateur averti ;
– Une proposition de démarche méthodologique pour réussir la modernisation de l’inclusion financière dans les pays de l’UEMOA ;
– Un point (léger) sur la situation de la digitalisation au Niger, pays considéré comme « un nain » en matière d’inclusion financière.
En somme, il s’agit d’un retour d’expériences sur la thématique d’inclusion financière et l’élément qualifié d’accélérateur, en le phénomène de digitalisation dont l’apport pour faire un saut qualitatif n’est plus à démontrer.
Niger Inter Hebdo : M. le Secrétaire Exécutif, il y a, à peu près un an, vous nous aviez entretenus de l’inclusion financière. A l’occasion, vous aviez souligné l’importance que prenait, de plus en plus, le sujet en Afrique subsaharienne et ses pas laborieux dans l’espace UEMOA. Quel est l’état des lieux de notre pays au sein de la Communauté UEMOA ?
Amadou Altiné: Je vous remercie bien de me donner encore la parole sur l’inclusion financière, un sujet qui est cité parmi les grandes préoccupations des pays de l’Afrique subsaharienne, dans les perspectives de développement et de la lutte contre la pauvreté qui est une arme redoutable contre l’extrémisme violent et la prévention de la radicalisation.
Il y a toujours des éléments qui montrent, s’il en est encore besoin, un engouement confirmé pour développer l’inclusion financière dans l’espace UEMOA. C’est par exemple le cas de l’étude sur l’état des lieux de la digitalisation des paiements des Etats dans l’UEMOA, réalisée en 2019 par la BCEAO et la Banque mondiale. Il s’en est suivi la publication d’un document qui fait ou fera autorité dans le cadre de la modernisation des paiements dans nos pays : le « Guide pour la digitalisation des paiements des Etats membres de l’UEMOA ».
Je puis vous dire que ledit document a vraiment l’énorme mérite de présenter la problématique de la digitalisation des opérations et des paiements publics. Il a aussi subtilement décliné ses enjeux, les déterminants de sa réussite, mais aussi une démarche « maison » pour sa réalisation, tant, il est vrai que, nos pays présentent leurs spécificités.
On comprend bien qu’aujourd’hui la digitalisation est de plus en plus adoptée dans tous les milieux et son impact a permis une évolution des comportements et des attentes des usagers des services (publics ou privés) et a contribué à modifier leurs relations.
Alors, s’il y a (ou s’il doit avoir) des évolutions, c’est dans ce domaine qu’il faut les entrevoir. La digitalisation, en effet, induit de grandes métamorphoses sur le fonctionnement interne des structures impliquées dans l’inclusion financière, mais aussi et surtout sur l’expérience, la place et l’exigence attendue par leurs clients.
Nous sommes tous témoins, la digitalisation est au bout de toutes les lèvres, mais c’est tout un programme, et j’exagère à peine si je dis que c’est comme un véritable sacerdoce.
Niger Inter Hebdo : La digitalisation, voilà un concept bien nouveau chez nous, mais utilisé, ces derniers temps comme un véritable leitmotiv dans les organisations. De quoi s’agit-il précisément, quels sont ses déterminants ou peut-être ses enjeux au niveau de nos pays ?
Altiné Amadou : Je ne suis pas un professionnel sûr de la digitalisation, mais avec le retour d’expériences durant ma carrière, je peux parler conséquemment sur le sujet. Alors, la digitalisation de quoi s’agit-il ? Je vais me permettre, mais seulement en tant qu’utilisateur relativement averti, de donner quelques éléments pour éclairer votre perception du sujet. On en parle davantage depuis l’arrivée et le développement d’Internet.
Disons simplement, c’est l’opération qui consiste à intégrer dans les processus métiers, des technologies numériques, telles que l’informatique, les télécoms, le multimédia, etc. avec pour objectif, d’améliorer ces processus. Elle exploite les outils comme les sites web, les applications mobiles, les logiciels divers (spécifiques, progiciels, utilitaires, …), newsletters, etc.
Comme indiqué dans le Guide de la digitalisation cité plus haut, « les processus et les méthodes de travail sont ainsi supportés par des solutions digitales permettant à l’informatique de prendre une place prépondérante dans l’exécution des missions ».
On peut aller plus loin en invoquant son côté transformateur des processus, des professions, des outils, …, dans le but d’améliorer les performances des organisations et changer totalement leur façon d’interagir avec leurs partenaires (en interne ou avec les usagers par exemple).
Mais cet état de fait, nous devons le savoir tous très bien, puisque nous le vivons tous les jours ces dernières années. Et pour étayer ces mots, je vous donne l’exemple qu’aujourd’hui, quasiment tout peut se traiter en ligne, c’est un principe cardinal de la digitalisation.
Maintenant qu’est-ce qu’on a à y gagner ? De mon point de vue, on gagnera en :
– Efficacité et productivité en permettant une rationalisation des processus ;
– Capacité de bonne décision en ayant les bonnes données pour une bonne analyse ;
– Innovation et amélioration des rapports avec les partenaires, …
Et on perdra à ne pas être dans la tendance, on sera en retard, on creusera davantage le fossé numérique, on creusera sa propre tombe, puisque les organisations voient chaque jour, leur avenir, leur survie liés à la qualité de l’information traitée et véhiculée, etc.
Pour nos pays, c’est une grosse chance, une belle occasion pour faire des sauts qualitatifs pour le développement tant attendu.
Mais elle a un prix, la digitalisation ! Opter pour la digitalisation, c’est prendre un virage numérique dans la stratégie et l’organisation interne de nos administrations, c’est accepter et supporter de gros investissements dont le retour sur investissement ne va pas toujours de soi. C’est pourquoi, il faut préparer (et se préparer à) la digitalisation. Il faut une vision, il faut une stratégie, il faut un plan de mise en œuvre. Il faut des actes (plus que des paroles).
Niger Inter Hebdo : Vous soulignez que les changements produits par la digitalisation suivent les progrès technologiques. Vous semblez dire aussi qu’il peut être difficile de suivre les mutations rapides induites par ces progrès technologiques. Alors, comment se pose le problème au niveau des systèmes de paiements et comment il se pose singulièrement dans l’espace UEMOA et peut être au Niger ?
Altiné Amadou: Je ne vais pas emprunter un raccourci (il sera quelque peu désolant), et dire de façon lapidaire, que ça se passe comme partout. Ça ne serait pas entièrement faux ! Je vais vous faire l’économie de quelques grands passages du Guide pour la digitalisation des paiements des Etats membres de l’UEMOA.
Dans un premier temps, je vous parle de la digitalisation, vue par notre Institut d’émission d’un point de vue général et spécifiquement celle des paiements.
Dans le Guide, il a été clairement dit que la digitalisation pour une entreprise ou un État « consiste à automatiser ses services ou opérations et à numériser de bout-en-bout ses processus métiers, de manière à les rendre accessibles en ligne et en temps réel » et plus spécifiquement, la digitalisation des paiements « consiste en la numérisation de bout en bout des transactions financières, à savoir les recettes et les dépenses ».
Ce même Guide voit la numérisation des paiements des États, en ce qu’elle vise à :
– Une croissance économique, à travers l’intermédiation financière et le développement de l’efficacité et l’accès aux services de paiement, d’épargne, d’assurance et de crédit ;
– Des avantages économiques pour les populations à travers une réduction des coûts d’accès aux services et une transparence accrue des opérations ;
– Une amélioration du contrôle de leurs finances, de leurs revenus et de leurs décisions budgétaires, pour les ménages.
Voilà donc comment les instances de l’UEMOA s’accordent sur le sujet de la digitalisation dans l’espace communautaire, sous l’idée de l’opportunité que ça représente.
Dans un deuxième temps, je parlerai du périmètre du système financier couvert par la digitalisation dans l’espace UEMOA.
C’est bien connu, nos Etats sont en relation avec les entreprises publiques et privées ainsi que les particuliers, à travers :
– Des dépenses :
- Transfert de fonds ou paiement d’une entreprise publique vers une personne ;
- Transfert de fonds ou paiement d’une entreprise publique vers une entreprise privée ;
- Transfert de fonds ou paiement entre entreprises publiques ;
– Des recettes :
- Transfert de fonds entre personne et administration ;
- Transfert de fonds entre entreprise privée et entreprise publique ;
- Transfert de fonds entre entreprises publiques.
L’état des lieux, effectué par la BCEAO et la Banque mondiale, donne les principaux flux de paiements digitalisés par les Etats dans l’UEMOA suivants :
– De l’Etat vers les personnes : à travers notamment, les salaires, les pensions de retraite, les prestations de sécurité sociale, les bourses, etc. ;
– Des entreprises vers l’Etat : à travers notamment, les impôts, les droits de douanes, les taxes et autres droits ;
– Des personnes vers l’Etat : à travers notamment, les impôts, les taxes et droits, les frais de scolarité, les factures d’eau, d’électricité, etc.
En termes de portée, la digitalisation des paiements des États membres de l’UEMOA présente des enjeux à différents niveaux, comme précisé dans le Guide :
– Pour les États, on parle de réduction des coûts des opérations, la transparence et la sécurisation dans les transactions, l’amélioration du processus de collecte des ressources étatiques (prélèvements d’impôts, de taxes douanières, etc.) et de leur allocation sous forme de paiements de salaires, de pensions, de bourses, pour ne citer que ces points.
– Pour les institutions financières, les entreprises privées et les sociétés publiques, la digitalisation des paiements leur permettrait de bénéficier d’une réduction des coûts liés à la gestion, la distribution et la logistique du cash.
– Pour les populations, la digitalisation des paiements contribuerait à renforcer les commodités de leurs transactions, à impacter l’adéquation des offres à leurs besoins, à améliorer leur perception des prestations sociales ainsi que leur accès aux services financiers. Elle favoriserait, par ailleurs, la réduction des frais administratifs des prestations ainsi que le paiement de leurs tarifs réels.
– Pour la BCEAO, les efforts des États en faveur de la digitalisation de leurs paiements devraient permettre une baisse de la demande de la monnaie fiduciaire, une réduction des coûts et une amélioration du système de paiement.
Si la situation est différente d’un pays à un autre dans l’espace UEMOA, on note globalement que, de grands flux sont encore traités manuellement, en lien principalement avec le niveau de maturité numérique de chaque pays.
La situation du Niger n’est pas la seule, ou la plus à plaindre. On peut constater l’émergence d’initiatives digitales dans les services publics concernés (CISIC, facture certifiée, la digitalisation des paiements des salaires, la télé-déclaration et télé-paiement des impôts, etc.).
Des pays de l’Afrique subsaharienne ont des expériences jugées positives qu’il est possible de partager. C’est le cas de l’Afrique du Sud et du Rwanda.
Niger Inter Hebdo : Vous avez souligné que la digitalisation permet de tirer les organisations vers le haut. Nous connaissons, nous, les risques qu’elle peut porter. Alors, quand et comment faire la digitalisation avec toutes les chances de la réussir, en particulier sur le processus d’inclusion financière dans notre espace UEMOA ?
Altiné Amadou: De nombreuses voix expliquent que la digitalisation est désormais partie intégrante de toute stratégie globale de développement et qu’il faut l’envisager comme telle pour lui donner les meilleures chances dans un secteur déterminé. Au niveau de l’UEMOA, il y a, selon le Guide, de nombreuses opportunités pour favoriser la digitalisation des opérations financières des administrations. C’est notamment :
– L’engagement des autorités politiques et de la Banque Centrale pour la promotion de la finance digitale ;
– L’existence au niveau des États, de nombreuses initiatives en cours de réflexion ou en développement pour accepter/effectuer les paiements digitaux ;
– L’intérêt des opérateurs de téléphonie mobile pour la monnaie électronique, se traduisant par le développement de réseaux d’agents ;
– Le développement d’Internet et de la fibre optique à l’intérieur des pays, qui ouvre des perspectives pour l’innovation.
Par ailleurs, pour contribuer à l’objectif des États de l’UEMOA, dans la stratégie d’inclusion financière, de permettre à 75% de la population adulte d’accéder facilement aux produits financiers, l’Institut d’émission pense qu’il faut judicieusement s’appuyer sur la digitalisation.
C’est pourquoi, la BCEAO a proposé, toujours à travers le Guide, une méthodologie pour la mise en œuvre de cette digitalisation dans les Etats membres de l’UEMOA. Elle repose sur un certain nombre de critères, internationalement reconnus en la matière et vise notamment :
– A accompagner le processus de transformation digitale des administrations des pays ;
– A réduire le temps de mise en œuvre, le délai et les coûts d’adaptation des citoyens ;
– A sécuriser les paiements pour rassurer les usagers et promouvoir l’inclusion financière.
Pour la BCEAO, dans sa méthodologie, il faut s’attacher d’abord à répondre à une batterie de préoccupations avant de proposer un habile séquencement des étapes.
Niger Inter Hebdo : Quelles sont les priorités en termes de digitalisation ?
Altiné Amadou: Il s’agit ici d’élaborer un portefeuille de projets (par type de flux de paiement), de les traiter suivant une priorisation, au regard des efforts engagés en matière de digitalisation des paiements publics dans l’UEMOA et des avancées considérables relevées.
Les projets seront articulés autour des flux de dépenses et de recettes, comme définis plus haut.
Niger Inter Hebdo : Quels sont les facteurs clés de réussite de la digitalisation ?
Altiné Amadou: Un engagement fort et l’implication des autorités dans les pays, doivent être au rendez-vous et se matérialiser, notamment autour de la nécessité de :
– Formuler une vision, avec des objectifs crédibles sur le temps ;
– Formuler une stratégie nationale en phase avec les opportunités offertes par le digital ;
– Initier l’identification numérique des bénéficiaires ou usagers des paiements ;
– Elaborer des services digitaux centrés sur le client ;
– Mettre à disposition des moyens nécessaires au projet de digitalisation ;
– Prendre en charge la conduite du changement, dès le début du projet ;
– Définir un plan d’évaluation de l’ensemble des actions réalisées dans le cadre du projet.
Les États devront s’assurer de la prise en charge, par leurs services compétents, de tous ces éléments identifiés et donc veiller à s’assurer de :
– La pleine implication des Autorités et autres parties intéressées ;
– La participation de toutes les parties prenantes aux différentes phases du projet ;
– La réalisation du renforcement des capacités des utilisateurs ;
– La multiplication des actions d’information et de sensibilisation auprès des acteurs.
Ils doivent aussi contribuer au processus en menant des actions comme :
– La mise en place d’un identifiant unique des personnes dans chaque pays de l’Union ;
– La mutualisation des plateformes électroniques, afin de faciliter leur utilisation ;
– La généralisation du compte unique du Trésor ;
– La mise en place d’un cadre permettant pour un meilleur accès au code USSD ;
– L’amélioration de la connectivité dans chaque pays ;
– Le développement et de l’encadrement du commerce électronique.
Niger Inter Hebdo : Quels sont les prérequis nécessaires à la digitalisation des paiements des États ?
Altiné Amadou : Ils sont de deux ordres et leur prise en charge constitue une étape primordiale dans la conduite de ce processus : (1) sur le plan structurel, avec la mise à niveau des systèmes d’information, la refonte organisationnelle des administrations publiques, etc., (2) sur le plan technique, avec la connexion des Trésors publics nationaux aux systèmes de paiement régionaux dans l’Union.
Niger Inter Hebdo : Quel phasage pour réussir la digitalisation des paiements des États ?
Altiné Amadou : La démarche proposée par la BCEAO, pour la réussite du processus de digitalisation des paiements des Etats, s’inspire quelque peu de la démarche de conduite des projets d’informatisation classiques. Elle est séquencée comme suit :
– Le diagnostic : cette étape permet de faire un état des lieux de la situation de l’administration publique en matière de digitalisation. Des entretiens sont organisés avec les parties prenantes ;
– La transformation : cette phase consiste à construire, sur la base du diagnostic réalisé, la stratégie répondant aux objectifs et enjeux de la digitalisation ;
– Le pilotage : qui constitue la mise en œuvre du projet, couvre les diligences de formalisation des besoins, de conception des nouveaux services, etc. ;
– La formation : qui anticipe la mise en service, couvre la formation, l’information et l’éducation des populations. Elle couvre aussi la conduite du changement.
Voilà donc tous les moyens que doivent se donner les Etats pour réussir l’ambitieux projet de digitalisation des paiements, dans l’espace UEMOA, au sens de la BCEAO.
Nous allons finir notre propos par cette modeste contribution aux solutions à apporter à la préoccupation liée aux problèmes de sécurité dans notre sous-région et dans notre pays en souhaitant que l’Observatoire National de la Qualité des Services Financiers soit un outil pour la synergie positive et permanente, entre les différents acteurs et partenaires, au service de l’inclusion financière et de la réduction de la pauvreté. Le recul de la pauvreté étant une arme redoutable contre l’extrémisme violent et la prévention de la radicalisation.
Interview réalisée par Elh. M. Souleymane
Niger Inter Hebdo N°99 du mardi 31 Janvier 2023