A l’image de 2020 et 2021, l’année 2022, qui vient de s’achever, restera indubitablement l’une des années les plus éprouvantes pour le Niger. En effet, malgré son caractère de « havre de paix » et souvent cité comme une référence au niveau régional, voire continental en matière de démocratie, le pays n’a guère échappé aux multiples crises que connaît le monde actuel. D’une part, le pays continue malheureusement d’être confronté à une urgence humanitaire complexe, marquée essentiellement par l’insécurité et la violence continues contre les civils, perpétrées par des éléments des groupes armés, la pauvreté endémique, les effets du changement climatique, y compris les inondations saisonnières et les poches de sécheresse.
D’autre autre part, la conjoncture internationale difficile, imputable notamment à la guerre russo-ukrainienne, a affecté en partie les perspectives économiques du Niger à court terme. La hausse des prix de l’alimentation et dans une certaine mesure, celle de l’énergie qui en résulte, pour ne citer que celles-ci, reste également une épreuve de plus pour nos concitoyens, particulièrement pour les plus fragiles, comme pour les petites et moyennes entreprises ou nos collectivités locales, même si les diverses mesures mises en place par le gouvernement ont permis de l’atténuer, comme en témoigne le faible taux d’inflation enregistré dans le pays (3% en octobre 2022 au Niger contre 8,4% en moyenne dans la zone UEMOA).
Un seul mot d’ordre : ne pas se résigner
Face à ces crises revêtant un caractère exceptionnel, le gouvernement a fait le choix de l’action plutôt que de l’indifférence ou de la résignation pour renforcer davantage la résilience du pays. Et le faible taux d’inflation évoqué précédemment montre l’efficacité des actions mises en place pour maitriser l’inflation.
Plus globalement, pour faire face à ces innombrables défis, le Niger a mis en place de multiples plans et stratégies d’ordre humanitaire, sécuritaire, etc., avec l’appui de ses partenaires, estimés à plusieurs millions de dollars, afin de continuer à couvrir les besoins de plus en plus aigus des personnes les plus vulnérables et restaurer la quiétude dans les zones de conflits. Résultat, cette mobilisation exceptionnelle aurait permis au Niger de connaitre une relative stabilité, comparativement à ses voisins comme le Mali, le Burkina Faso ou même le Nigeria, pourtant première puissance économique continentale.
Consolider les acquis et poursuivre la transformation positive du pays
Dans l’histoire du Niger, la continuité de l’action gouvernementale semble être l’un des talons d’Achille du pays. Néanmoins, cela semble en partie révolu avec l’arrivée du nouveau Président, S. E. Mohamed Bazoum, en avril 2021 et ayant comme slogan de campagne électorale « Consolider et Avancer ». Une expression loin d’être anodine puisque sous la présidence de S.E. Mahamadou Issoufou, l’économie du Niger a amélioré sa gestion macroéconomique dans un contexte de chocs négatifs persistants. La croissance a été solide sur la période 2010-2019, avec une croissance annuelle moyenne du PIB réel de 6,1%, environ 2,1% pour habitant. Cette performance de croissance qui était même nettement supérieure à celle de l’Afrique subsaharienne et de l’UEMOA, selon la Banque Mondiale, serait imputable, entre autres, aux efforts d’investissement dans l’agriculture et les infrastructures. Il était donc impensable de ne pas tout mettre en œuvre pour consolider ces acquis et réduire donc les efforts du précédent gouvernement à néant. Conscient de cela, le Président de la République ainsi que son gouvernement ont continué à redoubler d’efforts en 2022 pour mieux préparer un avenir durable à travers la définition d’un cap clair, ce qui fut fait avec la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement (DPG) en 2021ainsi que la mobilisation des ressources nécessaires à la poursuite de la transformation positive du pays par le biais de la modernisation des services des impôts, par exemple, pour rendre la mobilisation des ressources internes plus efficace, mais aussi par le PDES 2022 – 2026.
Le PDES 2022-2026 comme évènement économique majeur en 2022
Parmi les évènements économiques ayant marqué l’année qui vient de s’achever, la Table Ronde des investisseurs et des partenaires au développement du Niger. Cette dernière, brillamment organisée par le gouvernement de la République du Niger avec l’appui de ses partenaires (le Groupe de la Banque Mondiale, le Système des Nations Unies, la France, la Délégation de l’Union Européenne et avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers bilatéraux et multilatéraux) s’est déroulée à Paris du 5 au 6 décembre dernier. Devenue le rendez-vous quinquennal dédié à l’attractivité du Niger, la Table Ronde des investisseurs reste sans doute l’évènement le plus important qu’a connu le pays. En effet, c’était lors de cet événement que le gouvernement a présenté à Paris, son nouveau Plan de développement quinquennal dans un contexte économique mondial complexe.
A travers ce Plan de développement économique et social (PDES) 2022- 2026, dont la mise en œuvre est en cours, et qui offre l’opportunité de relever les défis de financement et du développement des infrastructures, S.E Bazoum entend ainsi emboiter le pas à son prédécesseur.
Comme en décembre 2017, la Table Ronde 2022 a été couronnée de succès car plus de 1200 participants ont été enregistrés contre 800 en 2017. En plus, pour un besoin global de 29,6 milliards d’euros attendus, le Niger a su mobiliser plus de 45 milliards d’euros, à titre de promesses, soit une couverture globale de 150% du total des ressources attendues. L’ampleur des engagements témoigne à la fois de la qualité et de l’excellence des relations d’amitié et de coopération entre le Niger et ses partenaires et de la confiance qu’ils lui portent. C’est aussi la preuve que les réformes en matière de gouvernance, d’amélioration du climat des affaires, etc., jusque-là menées, continuent de produire leurs fruits et qu’il faut impérativement poursuivre pour rendre le pays plus attractif, susciter davantage l’intérêt des investisseurs et favoriser la réussite du PDES 2022 – 2026.
Et le gouvernement semble conscient et mobilisé puisque des réformes pertinentes sont prévues. Cependant, il est impératif d’aller encore plus loin en améliorant davantage l’efficacité des services publics avec un accent particulier sur la ponctualité et le sens de service des agents de l’Etat, d’améliorer leurs conditions de travail et d’augmenter le taux d’exécution du budget du Niger. Ainsi, on pourrait tendre vers l’amélioration du bien-être des populations nigériennes et donc d’aboutir aux 3 effets globaux suivants : (i) un développement soutenu et inclusif du capital humain, avec une amorce notable de ralentissement du rythme élevé de la croissance démographique ; (ii) une amélioration nette de la gouvernance sécuritaire, migratoire, politique, juridique et judiciaire, administrative, économique, locale et environnementale ainsi que de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées ; (iii) une transformation structurelle de l’économie, marquée par une industrialisation basée sur la valorisation des chaines de valeurs agrosylvopastorales, halieutiques, minières et pétrolières, un développement des services numériques et un secteur privé dynamisé.
Ces changements, compatibles avec les objectifs de développement durable (ODD) devraient rendre l’économie nigérienne plus résiliente face aux chocs, notamment climatiques, et réduire irréversiblement la pauvreté des populations. Sur la période 2022-2026, il est ainsi attendu, selon le scénario qui correspond à la mise en œuvre effective du Programme de Renaissance Acte III, un taux de croissance annuel moyen du PIB de 9,3% et du PIB par habitant de 7,7% ainsi qu’une amélioration nette du score du Niger dans certains indicateurs multidimensionnels utilisés pour mesurer le niveau du développement humain (voir infographie) ».
En définitive, l’exercice 2022 n’a pas été de tout repos pour le gouvernement. Si le Niger bénéficie encore d’une meilleure stabilité comparativement à certains de ses voisins, c’est en partie grâce au remarquable travail effectué par le gouvernement sous la houlette du Présidence de la République, S.E. Bazoum Mohamed. Toutefois, l’année 2023 qui vient de démarrer ne doit pas être synonyme de relâchement puisque le Niger est encore à la croisée des chemins, fragile et vulnérable à certains égards. D’où l’importance de poursuivre des réformes pertinentes pour assoir une gouvernance exemplaire, susceptible de faire adhérer la population nigérienne au projet gouvernemental consistant à impulser une nouvelle dynamique à l’économie du pays, poursuivre sa transformation, et par ricochet, espérer améliorer de manière significative le sort de nos concitoyens en 2023 et construire un avenir radieux. Qu’Allah bénisse le Niger et son vaillant Peuple.
ADAMOU LOUCHE IBRAHIM
Economiste
@ibrahimlouche
Niger Inter Hebdo N°96 du mardi 10 janvier 2023