Dans le cadre de sa visite de proximité entreprise du 28 au 30 décembre 2022 dans la région de Zinder, le président de la République, Mohamed Bazoum, s’est rendu dans le département de Kantché, localité régulièrement citée dans ‘’l’exportation’’ de la mendicité. Face aux populations du département, le Chef de l’Etat a touché du doigt un phénomène contre lequel plusieurs actions sont entreprises par le Gouvernement du Niger.
Dans le département de Kantché, le président de la République a évoqué avec les populations, l’épineuse question de la mendicité à laquelle s’adonnent les ressortissants de la zone dans des pays de la sous-région. Une pratique qui ne comporte aucun avantage, sinon celui de salir le nom du Niger. En effet, en juin 2022, le consulat du Niger à Accra a rapatrié un total de 500 hommes et 820 femmes. Sur les 500 hommes, 300 étaient des adultes et 200 étaient des enfants de sexe masculin. Quant aux femmes adultes, elles étaient au nombre de 400 et 420 enfants de sexe féminin. Au mois de mars de la même année, 1063 mendiants dont une majorité d’enfants ont été rapatrié de Dakar au Sénégal vers le Niger.
Il reste évident que le phénomène de la mendicité exportée dégrade l’image du Niger et hypothèque l’avenir des enfants innocents. «Dans un passé récent, le Niger a fait la Une de l’actualité du fait que la mendicité s’est exportée dans les pays voisins et de façon massive. Et en plus, les mendiants vivent dans des conditions très précaires, souvent dans les rues, sans tenir compte de l’environnement dans lequel ils sont. Evidement cette situation a fait en sorte que l’image de notre pays a été écornée et ternie. Nous avons procédé à des opérations des rapatriements d’un grand nombre de mendiants notamment du Sénégal, de la Cote d’Ivoire, du Ghana et du Benin. Nous avons mis en place un comité à cet effet» a rappelé le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, à l’occasion d’une réunion dudit comité.
Pour autant, la pratique de la mendicité ne comporte aucun avantage pour le Niger. Toute chose qui a conduit les autorités nigériennes à prendre des dispositions fortes pour y mettre fin. On retiendra la tenue d’une réunion sur la lutte contre la mendicité convoquée par le Premier ministre ayant regroupé des membres du gouvernement et des institutions concernés par la question. S’exprimant aux termes des échanges, le Premier ministre a indiqué que les échanges ont permis de mettre en lumière l’existence de cinq catégories de mendiants « dont chacune est un cas spécifique ». Il s’agit d’abord, des enfants de la rue, des enfants utilisés de façon criminelle par des adultes, les handicapés, les personnes âgées et les femmes. Bien avant, un forum a été organisé à Matamèye sur la même thématique.
Une mesure d’interdiction de la mendicité aussi bien dans les villes du Niger qu’à l’extérieur a également été prise. Une mesure salutaire en ce sens que même la religion musulmane derrière laquelle certains se cachent pour exercer leur forfaiture interdit la mendicité comme profession. Mieux, l’islam impose aux hommes « à prendre soins de nos épouses et de leurs enfants », a prêché le président de la République qui a saisi l’occasion pour lancer un appel « au sens de responsabilité des hommes de Kantché d’avoir le courage de retenir leurs familles et d’en prendre soin ». L’Etat pour sa part, a pris ses responsabilités. « Nous vous assurons de tout l’appui du gouvernement pour mettre à votre disposition les projets, les matériels et les intrants », a dit le président de la République.
En fait, la situation des enfants employés dans la mendicité ressemble à peu près à celle d’un enfant à qui on donne un poulet au village. Aussi longtemps que le poulet reste en vie, l’enfant le nourri. Mais c’est le jour où l’animal sera cuit que l’enfant saura le vrai propriétaire. En somme, les enfants employés dans la mendicité ne tirent aucun profit que celui de servir d’appât à capter des sous au profit des grands restés à l’écart de tous dangers bravés par ces mômes.
Almoustapha Aboubacar
Niger Inter Hebdo N°95 du mardi 3 Janvier 2023