« La redevabilité correspond au contrôle du pouvoir qui s’exerce au sein de l’Etat et de la société, avec l’obligation pour le responsable d’expliquer ses décisions et le devoir pour les instances de contrôle d’honorer les bonnes prestations et de sanctionner les abus de pouvoir », indiquent les experts.
Rendre compte est un principe fondamentalement éthique. Il est tout aussi une valeur de gouvernance démocratique. Vouloir s’y soustraire frauduleusement reviendrait à refuser de se faire régir par les règles de la bonne gouvernance. Malheureusement, c’est ce qui arrive à la Confédération Nigérienne de Travail (CNT), la deuxième Centrale syndicale représentative au Niger, selon les résultats des premières élections professionnelles.
En effet, tout laisse croire qu’à la CNT, sous la direction du Secrétaire général Mounkaila Halidou, le principe de redevabilité, qui est un principe central d’une gouvernance vertueuse, est en passe d’être remis en cause au sein de cette Centrale.
Le Secrétaire général a, se rappelle-t-on, confondu l’argent de la Centrale au sien propre. Un chèque de deux millions de francs CFA accordé à la CNT a pris une destination inconnue. Inconcevable pour certains syndicats parmi les 58 que compte la CNT. Ils ont commencé à donner de la voix en exigeant la transparence pour statuer sur cette affaire qui menace l’unité et la cohésion de cette organisation, apprend-on. Ce dossier qui pourrait relever de l’escroquerie, de l’abus de confiance et des biens sociaux risque d’atterrir sur la table du juge en cas d’obstruction d’un règlement à l’interne. La plainte serait en examen par un juge relativement à cette affaire, apprend-on.
Mais si à la CNT Mounkaila Halidou a étouffé l’expression démocratique au sein de la CNT, à la Chambre des métiers et d’artisanat du Niger (CMANI), les militants viennent de sanctionner le président Alassane Abdou en rejetant son bilan moral et financier à travers l’Assemblée générale du 17 Décembre tenue à Dosso. En votant contre son bilan par une majorité de 23 voix contre 13, les consulaires viennent de mettre fin à l’omerta et à la mal gouvernance qui caractérisent cette organisation depuis deux ans. En démocratie, un dirigeant qui est désavoué par l’AG souveraine doit simplement tirer les conséquences et rendre le tablier.
Il y a un minimum d’éthique à observer lorsqu’on se donne la vocation de donneur de leçons en exigeant des autres l’observance du principe de redevabilité alors qu’on ne manifeste le moindre scrupule pour faire main basse sur l’argent d’une organisation syndicale. Assurément, les organisations de la société civile nigérienne jouent leur crédibilité et apparemment plus jamais ça semblent dire les militants et citoyens attachés aux principes de la bonne gouvernance.
EMS