Dans la ville de Tillabéri située au Sud-ouest du Niger, connue comme la capitale du fleuve, les activités sur le fleuve Niger font partie du quotidien de la population. Véritables sources de revenu, la pêche, la culture fluviale ou encore le transport fluvial subissent chaque année les effets du changement climatique et de l’ensablement du fleuve. Une situation qui nous interpelle tous à agir contre le phénomène, estime M. Moussa Douma, maire de la commune urbaine de Tillabéri.
C’est un truisme de dire que le fleuve Niger est une aubaine pour la ville de Tillabéri. Avec ses cinq villages insulaires, la commune urbaine de Tillabéri et ses habitants tirent généralement profit de la pêche, de la culture fluviale ainsi que du transport fluvial, les principales activités sur le fleuve Niger.
Comme l’a reconnu M. Moussa Douma, maire de la commune urbaine de Tillabéri, ‹‹ la pirogue constitue un moyen important de transport, pour les cultures fluviales et pour la recherche du poisson, donc de la pêche ››.
Force est de constater qu’aujourd’hui les activités fluviales sont sujettes à rude épreuve, en raison de l’impact du changement climatique et notamment du phénomène de l’ensablement du fleuve Niger qui menace surtout la pêche et le transport fluvial.
Oumarou Ousseini, âgé de 30 ans, mari et père d’un enfant, exerce le métier de piroguier depuis 2010 au moment où il a quitté les bancs en classe de CM2. Il transporte des passagers et des marchandises à l’autre rive du fleuve, vers Kotchi Korey, Halekoubou et Néné. Une activité qui l’aide à gagner dignement sa vie. ‹‹ La course c’est à 200 FCFA et la pirogue peut prendre jusqu’à 8 passagers en plus des marchandises pour une seule course››, nous a-t-il confié.
Aujourd’hui, les effets du changement climatique et l’ensablement du fleuve, se font déjà ressentir sur son activité. ‹‹ Durant la période du gué, les gens ne prennent plus la pirogue, même pendant la saison des pluies, l’ensablement du fleuve rend difficile le transport fluvial ››, s’inquiète-t-il.
Quant à Ibrahim Djingarey, pêcheur de profession, c’est les poissons qui deviennent rares dans le fleuve près de la ville de Tillabéri à cause de l’ensablement. ‹‹ Avant on trouvait assez de poisson, mais maintenant c’est difficile d’en avoir ici, à cause de l’ensablement du fleuve. Pour trouver de poisson, on est obligé d’aller jusqu’à Tessa ou Ayerou et on y reste pendant des semaines pour avoir un peu de poisson. Même là-bas ce n’est pas tout le temps ››, raconte-t-il.
Loin d’être un simple conte de fées, l’ensablement du fleuve Niger dans la ville de Tillabéri est une réalité. Une situation qui impacte sérieusement les activités fluviales dans le milieu.
Ce n’est pas anodin que le thème qui a été consacré à la célébration du 62è anniversaire de l’indépendance du Niger est : ‹‹ lutte contre l’ensablement des cours et plans d’eau : une voie pour le relèvement et la résilience des communautés locales ››. Dans ce sens, le Président de la République en avait appelé à ‹‹ la prise de conscience collective des défis environnementaux qui menacent notre pays ››.
Et pour endiguer le phénomène, le désensablement du fleuve Niger et de ses affluents se présente telle une bonne piste à explorer par les autorités. C’est pourquoi, M. Moussa Douma, maire de la commune urbaine de Tillabéri en appelle à l’apport de l’État et de ses partenaires ‹‹ pour lutter efficacement contre cet ensablement qui va sans cesse croissant chaque année ››.
Du reste, les citoyens sont également interpellés à adopter des comportements responsables, d’hygiène et d’assainissement pour la sauvegarde de l’environnement.
Koami Agbetiafa
Niger Inter Hebdo N°76 du mardi 23 Aout 2022