On peut sans aucun doute qualifier cette sortie du Président de la Fédération Nigérienne de Football (FENIFOOT), de rentrée solennelle 2022. Après pratiquement deux ans de silence absolu, le Colonel-Major Djibrilla Hima Hamidou dit Pelé était face aux confrères, le vendredi 4 mars dernier, sur le balcon de l’Hôtel du Centre Technique de ladite instance, sis au quartier Village de la Francophonie.
Un exercice inédit pour le patron du football nigérien. Initié par un groupe de journalistes sportifs sous la conduite de l’imperturbable Hassimi Abdoulaye, cet entretien retransmis en direct sur Télé Sahel et sur certaines chaines privées a duré 90 minutes chrono (temps règlementaire d’un match de football). A cet entretien, on notait la présence des membres du Comité Exécutif de la FENIFOOT, des dirigeants des clubs et des confrères.
L’entretien était axé sur trois sujets essentiels, à savoir 1- les compétitions nationales, 2- le sempiternel problème d’infrastructures sportives liées notamment à la pratique du football, les fonds FIFA et le fonctionnement des équipes nationales, toutes catégories confondues.
Avec son habituel franc parlé direct, le Colonel-Major Pelé a répondu avec aisance à toutes les questions posées. Tout en rappelant la période sombre avant son arrivée à la tête de la fédération, liée à des crises intermittentes entre les dirigeants, le Président de la FENIFOOT a salué aujourd’hui, la nette progression du niveau de notre football, notamment la présence de nos clubs dans les compétitions CAF mais aussi la place prépondérante qu’occupe notre pays sur l’échiquier footballistique continental, ce qui prouve à suffisance, la qualité intrinsèque de notre championnat de la Super Ligue.
Selon le Colonel-Major Pelé : « Notre objectif était de ramener la sérénité dans le milieu de notre football. Que la balle roule sur tous nos stades au lieu que ça soit dans les bureaux, ce qui est une réalité aujourd’hui ». Toutefois, le Président de la FENIFOOT a regretté le manque criard de moyens financiers pour y faire face, contrairement à certains pays.
« Qui peut imaginer que l’USGN allait battre l’ASEC d’Abidjan alors qu’en terme de moyens, la Côte d’Ivoire dépasse largement notre pays. Ce qui dénote que quelque part, nous ne sommes pas ridicules. Le championnat nigérien, depuis maintenant 13 ans, n’a jamais connu un quelconque arrêt malgré nos difficultés financières. Nous jouons sans sponsors depuis maintenant 40 ans et sans aucune subvention. Et pour que les clubs ne chôment pas, nous sommes obligés d’utiliser les fonds FIFA. Nous avions initié des reformes à nos compétitions. Et aujourd’hui, il faut reconnaitre les efforts que ne cessent de consentir la fédération chaque année.
Ainsi, sur une saison, environ 650 rencontres sont disputées entre la Super-Ligue, la Ligue Nationale et la Ligue Régionale sans oublier les championnats féminins et celui des jeunes qui ne sont pas comptabilisés ». S’agissant de la promesse faite par le Président de la République, Chef de l’Etat sur les 50 millions FCFA au futur vainqueur de la Coupe Nationale 2022, le Colonel-Major Pelé a bel et bien confirmé cela. « Nous tenons de vives voix à remercier du fond du cœur, le Président de la République, S.E Mohamed Bazoum pour cette initiative inédite en donnant des instructions fermes pour la revalorisation de l’enveloppe du vainqueur de la Coupe Nationale.
Ceci permettra à notre futur représentant en Coupe de la Confédération de se renforcer efficacement et de faire une campagne africaine extraordinaire. Et c’est sûr qu’on sera parmi les meilleurs du continent. « Donc, j’exhorte les nigériens à accompagner ce projet du Chef de l’Etat, ce qui permettra de booster notre football ». Le Président Bazoum a également instruit le Gouvernement pour la création d’une Académie nationale qui va regrouper les jeunes talents de tous les horizons du Niger ».
Sur les subventions de 100 millions à accorder à chaque club de la Super-Ligue dès la saison prochaine, le Président de la FENIFOOT a notifié que ce ne sont que des « rumeurs ». S’agissant des infrastructures, il a indiqué que le Niger ne compte aujourd’hui qu’un seul stade qui répond aux normes internationales : le stade Général Seyni Kountché qui, lui aussi, selon le Colonel-Major Pelé, est en sursis.
Le stade Kountché risque d’ailleurs, dans les jours à venir, d’être fermé pour la énième fois, car les remarques faites récemment par une mission de la CAF, n’ont pas été respectées. Et le ministère de tutelle en est le responsable, car depuis quelques années, il a été convenu avec la coopération chinoise, la reprise de certains compartiments du stade Général Seyni Kountché, ce qui n’a pas été fait jusqu’à présent.
Concernant les autres stades de l’intérieur du pays, le Président de la FENIFOOT a rappelé que : « c’est au regard de mon expérience lorsque j’étais président de l’AS-FAN, en posant une pelouse au camp Bagadji Iya, que j’ai décidé une fois à la tête de la FENIFOOT, de doter chaque stade du Niger d’une pelouse synthétique, car la majeure partie de ces stades est en latérite, avec une pelouse défectueuse.
Grace à la FIFA, nous avions réussi à faire cela. Le 3ème point développé lors de cet entretien, a concerné le fonctionnement de nos équipes.
Le Président de la FENIFOOT a d’abord recadré les choses par rapport à une vidéo où on prête au sélectionneur Jean Michel Cavalli d’avoir accusé la FENIFOOT de prôner le concept de « Parents-Amis et Connaissances ». Ce qui est « archi-faux », a martelé Pelé. Cette partie de la vidéo est faite à dessein car Cavalli ne s’adresse nullement pas à la FENIFOOT ou à son Président. S’agissant de l’absence du Mena aux différentes Coupes d’Afrique des Nations et ce, depuis 2013, le Président de la FENIFOOT a indiqué qu’il y’a malheureusement un problème de collaboration entre le ministère des Sports et la FENIFOOT. Le courant ne semble plus passer et ce, depuis un certain temps. Et tout porte à croire que le seul responsable dans cette affaire reste la tutelle, car on ne peut pas comprendre qu’une tutelle tourne carrément le dos à la plus grande instance sportive du pays.
Le ministre Doro doit revoir sa copie, selon plusieurs observateurs. Et si le Niger a réussi à se qualifier à deux CAN de suite, c’est grâce notamment à deux anciens ministres des Sports : le Général Mai Manga Oumara et feu Hassane Kounou qui n’ont ménagé aucun effort pour être au four et au moulin dans l’accompagnement et la double qualification du Niger à ces deux CAN. Bref ! Le Colonel-Major s’est réjoui de la pleine implication du Président de la République, Mohamed Bazoum, très soucieux de la promotion de notre football. Il a également rendu un hommage mérité à l’ancien Président Issoufou Mahamadou pour avoir cru au Mena et en mettant les moyens conséquents qu’il fallait.
Ousmane Keita
Niger Inter Hebdo N° 58 du mardi 8 Mars 2022