Le trafic de drogue est un fléau international et le Niger en est profondément touché. Il l’est parce que depuis l’avènement du terrorisme au Sahel et la guerre en Libye, le trafic de drogue est monté en flèche et a fait du Niger, sa plaque tournante. Nonobstant les efforts de l’Etat et des ses structures dédiées pour le combattre le phénomène, les trafiquants redoublent d’audace et traversent le pays avec des cargaisons record de stupéfiants au péril de leur vie ou de leur liberté.
Les victimes du trafic de drogue sont généralement les consommateurs et les paisibles citoyens. La drogue conduit fréquemment ceux qui la consomment à la marginalisation dans la société et à la folie. Les citoyens en pâtissent, pour leur part, parce qu’ils sont, souvent, victimes d’agressions de toutes sortes, de viols, de vols, de violence ou d’assassinats par des jeunes drogués. Les consommateurs de drogues sont le plus souvent, il faut le souligner, des jeunes gens issus des quartiers ou des milieux très pauvres. La majorité d’entre eux vivent hors de la réalité sociale. Leur vie précaire les maintient dans la misère, leur fait perdre la raison et les pousse à l’oisiveté.
Les consommateurs de drogues sont donc, des marginaux dans la société où ils vivent dans un monde à eux, un monde festif au départ et fait de trafic en tout genre, leur principale occupation. Une occupation qui les conduit petit à petit au vol et, progressivement à l’incivilité, à la prostitution, à des agressions, à des rixes, à des règlements de comptes sanglants, aux assassinats sans cause et à des séjours fréquents en prison.
Quand la consommation de la drogue devient routinière, commence, alors la déchéance et la réclusion et, enfin, au dernier stade, apparait la folie.
Ou encore, de la petite délinquance, les trafiquants de drogue passent à la grande criminalité, du petit trafic, ils en viennent à une économie souterraine dont les ramifications chez les consommateurs se résument en exclusion sociale, en prostitution, en échec scolaire, en difficultés familiales, en problèmes d’insertion professionnelle, en accidents de travail et récréatifs, etc.
De la petite délinquance, donc, d’aucuns montent à la grande criminalité et deviennent ainsi des parrains de la drogue avec pour conséquence l’insécurité qu’ils créent et la corruption à laquelle ils font recours pour se protéger des juges, de la police, des autorités politiques et de simples concurrents.
Conscients de l’argent que rapporte la drogue et du danger qu’elle représente, les trafiquants, sans scrupule aucun, redoublent d’initiative et ne reculent devant rien pour prospérer. De telle sorte que des sociétés écrans et des actions de charité vis-à-vis des couches des populations les plus pauvres naissent pour brouiller les pistes qui conduisent aux sources des richesses qu’ils amassent.
Suivant plusieurs études faites par des experts en grandes criminalités, il ressort que derrière toutes les sociétés écrans se trouvent des organisations criminelles dirigées par des individus qui, avec le temps, sont devenus des personnes si intouchables quels que soient les soupçons et reproches qui pèsent sur eux.
Ces individus peuvent, donc, ériger des organisations si bien structurées au sein desquelles sont mises sur pied, des organisations armées qu’ils peuvent utiliser contre les armées régulières, les populations civiles et même fomenter des actes de sabotages afin de protéger leurs multiples trafics.
Cette vie tout à fait particulière les pousse à acheter des armes et des munitions et à vivre de manière clandestine.
Face à la pauvreté ambiante, au manque d’alternatives et à l’échec scolaire, viennent rejoindre leur organisation, de nombreux jeunes gens qui les servent à des fins criminelles, au terrorisme et en passeurs de drogue et des personnes migrantes.
De ces milieux sont nés, selon toute vraisemblance, les groupes terroristes qui écument actuellement le Sahel. Il est bien évidemment certain que la guerre en Libye en est pour quelque chose. Pendant ce temps, le terrorisme qui a posé ses valises au Mali s’est agrandi en se métastasant au Niger et au Burkina Faso, en plus du trafic de drogue qui a aussi atteint des proportions inimaginables dans ces pays.
Pour ce qui est du Niger, jamais le pays n’a connu autant de drogues en transit. Depuis l’avènement du terrorisme au Sahel, c’est plus de 32 tonnes d’herbe de cannabis, 21 tonnes de résine de cannabis, 16.212.035 comprimés de Diézépam, 50.972.651 comprimés de Tramadol, 228,185 Kg de cocaïne, 121.038 comprimés d’amphétamine, 8Kg, 098 de Métamphétamine, 2,211 Kg de Crack, 1.353 comprimés d’Ephédrine et 481,75 g d’Héroïne, d’une valeur de 93.643.473.997 F CFA qui ont été saisis par les éléments de l’Office Central de Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (OCRTIS) d’après ce qui ressort d’un récent point de presse conduit par le Ministre de l’élevage, porte-parole du Gouvernement, Abdoul kadri Tidjani, et son homologue de l’intérieur, Hamadou Adamou Souley.
La dernière saisie de drogue réussie par l’OCRTIS a atteint une quantité record de 214,635 Kg de cocaïne. La drogue a été saisie sur la route de Dirkou dans le véhicule de service du Maire de Fachi, se rappelle-t-on.
Il faut enfin souligner qu’il est fort possible que c’est ce trafic de drogue qui, à analyser de près, ait généré derrière soi, toutes ces armes qui circulent au Nigéria et qui alimentent les enlèvements de personnes contre paiement de rançons, le vol de bétail et les assassinats à grande échelle auxquels s’adonnent de nombreux groupes armés locaux.
Bassirou Baki Edir