Après vérification, l’information sur le présumé détournement d’un don allemand à la Centrale d’Approvisionnement en Intrants et Matériels agricoles (CAIMA) s’est avérée un conte de fée, une fausse nouvelle. En effet, des sources proches du dossier assurent qu’« il n’y a jamais eu un tel détournement ». Même du côté du donateur, à savoir les allemands, ils sont formels qu’il n’y a pas eu « un détournement de 13 milliards ».
L’annonce du présumé détournement d’un don allemand de 13 milliards de Fcfa à la CAIMA a fait le buzz sur les réseaux sociaux comme dans les fadas à Niamey. L’information paraissait crédible lorsqu’on prévient l’opinion que la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia) serait en train d’investiguer sur ce dossier. Mais après vérification, à la CAIMA comme à Coopération Allemande au Niger, cette information s’est avérée une propagation de fausses nouvelles, des balivernes, une construction de l’esprit qui n’est pas conforme à la vérité et aux faits.
De quoi s’agit-il ? Les sources proches de ce dossier dit de « 13 milliards de don allemand détourné à la CAIMA », tout comme à la coopération allemande, sont formelles : « il n’y a pas eu de détournement de 13 milliards ».
Et d’autres sources concordantes, tant du côté allemand que nigérien, expliquent qu’ « il y a eu une convention signée avec les allemands, le 14 novembre 2018, portant sur trois composantes : engrais, aliments bétail et renforcement des capacités de la CAIMA (appuis comptables, la certification des comptes de la CAIMA, la mise en place d’une politique environnementale et sociale, l’acquisition de matériels informatiques et logiciels et l’appui à l’Institut de Recherche Agricole du Niger par l’achat d’une machine d’analyse d’engrais de dernière génération) ».
Et ce que l’opinion ignore, les procédures de la coopération allemande sont si verrouillées que le système de gestion de leurs fonds n’est pas susceptible de faire l’objet d’un détournement. En effet, les allemands ont procédé à la séquestration de leur don de sorte que pour sortir l’argent, il faut une autorisation de non-objection qui est décidée à Francfort et non à Niamey.
C’est dire que les allemands veillent au grain pour que leur argent soit utilisé conformément à l’objectif fixé d’un commun accord avec le gouvernement nigérien. Et dans ce sens, un cabinet international vient d’auditer la gestion des comptes allemands à la CAIMA, conformément au principe des audits annuels, apprend-on. En substance, ce cabinet renseigne que les indicateurs et la gestion des fonds allemands à la CAIMA sont dans les normes. Ces informations sont confirmées par les sources proches du dossier à l’Ambassade d’Allemagne au Niger, précisant qu’à la date d’aujourd’hui, sur les 13 milliards de Fcfa en question, « 10 497 294 176 FCFA ont effectivement été décaissés ». Au total, c’étaient 20 millions d’euros annoncés comme apport de l’Allemagne et les 3 milliards de Fcfa représentent la contrepartie de l’Etat du Niger.
Et conformément à la procédure, même localement, pour sortir l’argent du fonds allemand, « il faut trois signatures dont celles du Secrétaire général du ministère des Finances, du Secrétaire général du ministère de l’Agriculture et du Directeur Général de la CAIMA », explique-t-on.
A ce niveau, il convient d’ailleurs de saluer l’impact de la coopération allemande sur la bonne gestion de la CAIMA. L’exigence de transparence des allemands a permis à la CAIMA de se doter des instruments de gestion conformes aux standards internationaux, de sorte qu’on peut affirmer sans risque de se tromper, que la CAIMA fait partie des rares entreprises publiques dont la gestion est à jour et respecte les normes de la bonne gouvernance. Aussi, la mise en place de ce fonds a permis depuis deux campagnes agricoles, de mettre à la disposition des producteurs nigériens, des engrais et des aliments bétail en quantité et en qualité.
Certes, il y a eu des scandales par le passé à la CAIMA, des affaires scabreuses, mais cela relève du passé de cette société d’Etat. La CAIMA est sortie du lot des entreprises gérées de façon presque informelle. Et le mérite revient à la coopération allemande qui l’a dotée de tous les instruments qu’il faut pour asseoir la transparence et la bonne gouvernance.
Tiemago Bizo
Niger Inter Hebdo N°40