La 56ème édition de la Cure salée s’est déroulée du 17 au 19 septembre 2021 à Ingall avec la participation remarquée du Président de la République, Mohamed Bazoum. Le thème retenu cette année est : « Cure salée, vecteur de la consolidation de la paix, pour une mobilité pastorale durable et un développement des chaines de valeur ». Un thème combien évocateur qui traduit l’engagement du Chef de l’Etat pour le monde rural.
Terre d’hospitalité, Ingall avait réservé à ses hôtes, un accueil et une fête digne de ce nom. Des cases et tentes géantes à la peau du petit bétail à décoration touarègue, les festivaliers et invités de la 56ème édition de la Cure salée ont vécu des moments uniques, en savourant les prestations riches en couleurs des communautés peule et touarègue. Les fantasias de chameaux et ânes harnachés, les musiques et chants des artistes bororos et targuies à l’occasion des soirées et rencontres, constituent autant de gâteries qui ont donné à cette rencontre, un souvenir mémorable.
L’accoutrement ostentatoire des uns et des autres donne toute la pertinence à ce propos de Marie Perrier sur la culture targuie : « Ce qui frappe dans l’identité Touareg est cette volonté de se montrer le plus noble possible. Etre Touareg, c’est accorder de l’importance à l’image que l’on renvoie, à l’élégance, à la beauté. Au-delà de la simple apparence, l’esthétique est une expression de l’identité et des valeurs culturelles touaregs ».
Jeunes, hommes ou femmes, les gens d’Azawak et de l’Air savent soigner leur image. Le bazin riche de couleur bleu, blanc ou autres, marié au turban, souvent avec le ‘’turkudi’’ (cette substance bleue que les touarègues mettent au turban, au visage et aux mains) vous donne l’impression que justement, être targui, c’est se prendre au sérieux. Du moins, esthétiquement parlant.
Contacté par nos soins, un touarègue de peau claire qui a préféré apparaitre ‘’noir de mains et de visage’’, nous a confié que « ce voile indigo les protège des sables et qu’à lui seul, il traduit une partie de leur identité », selon les mots de Marie Perrier. Il protège également leur peau des intempéries.
Que dire de l’art des peuls bororos dont l’accoutrement donne de la prestance, un look angélique à l’homme comme à la femme bororo ? S’habiller chez les peuls bororos, c’est mettre en branle son sens inné de la séduction. Une semaine durant, les festivaliers, touristes, journalistes, diplomates et autres invités venus d’horizons divers étaient égayés par les arts authentiques des communautés pastorales, à l’occasion de ce rendez-vous du donner et du recevoir qu’est la Cure salée.
Le Président Bazoum pour booster le pastoralisme
La Cure salée remonte à des dizaines d’années très lointaines. Elle a généralement lieu dans la commune rurale d’Ingall, dans la plaine de l’Irazer, riche en sel où se convergent les troupeaux avec leurs pasteurs.
Un point de chute très important pour les bétails puisque le pâturage qui y est, leur procure un apport non négligeable en sels minéraux. Le Président de la République, Mohamed Bazoum, qui a une vision très claire sur le développement du pastoralisme, a honoré de sa présence la 56ème édition de la Cure salée. « Si j’ai tenu personnellement à venir à la Cure salée cette année, c’est parce que j’ai pensé qu’il était de mon devoir de venir rencontrer ces représentants de nombreuses couches nigériennes qui vont prendre part à cette manifestation et en particulier avoir l’occasion de m’adresser aux participants du présent forum. Parce qu’en effet, le contexte de la vie de notre pays est très marqué par les questions de sécurité et de paix », a déclaré le Chef de l’Etat au Forum pour la paix. Le Président Bazoum a également participé à la course des chameaux, la rencontre avec les représentants des communautés membres des comités de la paix et à l’inauguration du pont Telwa.
En rencontrant les représentants des communautés membres des comités de la paix de l’Air et de l’Azawak à Ingall, le Chef de l’Etat les a félicités pour le travail remarquable qu’ils ont effectué et qu’ils continuent de faire, avant de souligner leur importance dans la stabilisation de l’Air et de l’Azawak.
Le président Bazoum a tenu aussi à renseigner l’opinion, de la contribution essentielle de ces comités de paix et les a exhortés à plus d’engagement dans ce sens. Il a ensuite promis en retour, le soutien de l’Etat pour faciliter cette noble mission.
Dans sa tentative de donner les raisons de la crise du pastoralisme au Niger, le Président Bazoum a dit : « La zone sahélo-saharienne est en proie à un phénomène inédit depuis quelques années, en particulier depuis l’année 2012, suite aux événements qui se sont passés au Mali, lesquels ont pris de l’ampleur dans ce pays et se sont étendus pour affecter tous les pays du voisinage. La zone du Nord du Mali, c’est le Nord-Ouest du Niger et notre pays, plus qu’aucun autre, est affecté par ce phénomène par un effet de contagion tout à fait compréhensible. » Et le Chef de l’Etat de soutenir que trois raisons sont à l’origine de cette situation, à savoir : le problème de sécheresse induit par la faiblesse des précipitations ; la croissance démographique (moins de 3 millions en 1960 à environ 23 millions aujourd’hui) et la faiblesse des instruments juridiques ou méconnaissance des textes sur le code rural.
Et c’est pourquoi, en parlant de la situation d’insécurité actuelle, le Président Bazoum a estimé que : « Si on devait être rigoureux et aller en profondeur pour comprendre ce phénomène tel qu’il se manifeste à nos sens aujourd’hui, on verrait qu’à l’origine, à plusieurs égards, il y a cette problématique de la crise du pastoralisme », liée à la conjugaison des trois facteurs précités.
C’est donc conscient de ces défis que le Chef de l’Etat a demandé aux représentants des communautés à ne pas prêter le flanc, à ne pas accepter d’être divisés, de rester « comme nous avons toujours étés, unis et solidaires ».
Une édition historique, selon le ministre de l’élevage
A la cérémonie d’ouverture de cette édition en présence du Président de la République, Mohamed Bazoum, tour à tour, le maire de la Commune rurale d’Ingall, M. Nafa, le représentant des éleveurs, le président du Conseil régional d’Agadez, M. Mohamed Anacko et le gouverneur de la région d’Agadez, M. Sadou Saloké ont pris la parole pour souhaiter la bienvenue aux festivaliers et aux invités de marque. Le président du Conseil régional, Mohamed Anacko, a salué la promesse tenue du Président Bazoum qui, il y a quelques temps, promettait la réouverture de la frontière Niger/Algérie. Mohamed Anacko a également fait un plaidoyer à l’endroit des partenaires pour investir dans le pastoralisme.
Pour sa part, le gouverneur de la région d’Agadez, M. Sadou Saloké a souhaité la chaleureuse bienvenue aux invités, tout en faisant remarquer que « la présence du Président de la République et de la première dame à ce grand rendez-vous culturel fait la particularité de toutes les fêtes que j’ai connues ».
Il a en outre ajouté que la Cure salée est un évènement phare pour la région d’Agadez, voire le Niger, en ce sens que c’est aussi une occasion pour l’administration de dispenser différents services aux hommes et à leurs animaux.
Dans son discours d’ouverture de cette 56ème édition, le ministre de l’élevage, M. Tidjani Idrissa Abdoulkari a d’abord salué la présence du Chef de l’Etat et « son engagement résolu comme fervent adepte du pastoralisme ».
Certes, la Cure salée est un moment de retrouvailles, mais au-delà, a-t-il dit, « c’est une fête qui est célébrée, de grandes réjouissances entre éleveurs Peuls et Touaregs, au cours desquelles plusieurs activités y sont griffées afin de donner un goût bien salé au moment. Sans toutefois oublier que des danses, des démonstrations sportives et culturelles sont aussi au rendez-vous ».
Comme à l’accoutumée, une campagne de supervision de santé animale, en raison de la présence sur le terrain des services vétérinaires et de lutte contre les épizooties, a été organisée à travers des vaccinations de masse.
Il y a eu également des interventions en santé humaine avec la présence des agents de santé, puis des audiences foraines avec les agents administratifs pour l’établissement des documents d’état civil.
Le clou de cette 56ème édition a été le Forum organisé sur « la résilience des communautés face à la crise du pastoralisme au Niger », présidé par le Chef de l’Etat, Mohamed Bazoum.
Dans son discours de clôture des festivités de la Cure salée, le ministre de l’élevage, M. Tidjani Idrissa Abdoulkadri a déclaré que : « cette édition a été un événement majeur, une manifestation toute particulière, rehaussée par la présence du Chef de l’Etat ». De mémoire des nigériens, a-t-il indiqué, « cela fait 27 ans que cette fête ne s’est pas passée comme elle a été pour cette présente édition. C’est une illustration de l’engagement du président de la République à accompagner les éleveurs et en général, les populations rurales ».
L’appel du ministre de l’élevage se résume en ces termes : « Ce qui nous reste, c’est de continuer à travailler pour que l’élevage réoccupe sa position d’activité majeure dans notre pays et cela passe nécessairement par une refondation de notre approche qui tienne compte des questions sécuritaires et du changement climatique »
Abdoul Aziz Moussa, envoyé spécial
Niger Inter Hebdo N°37