Le 15 juillet 2021, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Angola, du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de l’Ethiopie, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée Bissau, du Libéria, de Madagascar, de la Mauritanie, du Mozambique, du Niger, du Nigéria, de l’Ouganda, de la République Démocratique du Congo, du Rwanda, du Sénégal, du Soudan, de la Tanzanie et du Togo, se sont réunis à Abidjan en République de Côte d’Ivoire et ont rendu publique une déclaration dite ‘’ Déclaration d’Abidjan’’.
La rencontre avait pour but de discuter des défis communs de développement des pays africains, de convenir d’objectifs et de buts qui leur sont communs en vue de guider leur relance économique et « de discuter du rôle essentiel du financement extérieur notamment à travers une reconstitution ambitieuse des ressources de l’Association Internationale de Développement (IDA), dans un contexte marqué par la pandémie de la COVID-19 ».
Cette rencontre au sommet s’est tenue après que beaucoup de partenaires et pays donateurs aient manifesté leur intérêt pour « la 20e reconstitution de l’IDA, instrument capital pour les pays d’Afrique Sub-saharienne pour financer une économie africaine inclusive et durable pour le bien-être de ses populations », apprend-on dans la déclaration.
La ‘’Déclaration d’Abidjan’’ se présente comme le document qui, selon ce qu’espèrent nos dirigeants, « devrait constituer un cadre de référence pour la priorisation des interventions du Groupe de la Banque Mondiale au cours des années à venir ».
On retient dans ce document qu’en raison de la pandémie du coronavirus, « l’Afrique Sub-saharienne a connu en 2020 la contreperformance économique la plus importante jamais enregistrée depuis plusieurs décennies ».
En effet, selon le dernier rapport du FMI, le taux de croissance économique de la région s’est effondré à -1.9% en 2020 contre 3.6% initialement prévu.
« La pandémie a fortement affecté les indicateurs sociaux et a freiné les progrès entamés dans la marche vers l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) de 2030 ainsi que ceux de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine ».
Selon les sommités africaines, « l’emploi a reculé́ d’environ 8.5% en 2020, et plus de 32 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté́. De même, les progrès dans le renforcement du capital humain, notamment dans la réduction des inégalités spatiales et de genre ont été ralentis, en raison de la fermeture d’écoles, laquelle aurait affecté près de 253 millions d’élèves, entraînant des pertes d’apprentissage et de formation. La crise a davantage exposé certaines vulnérabilités de l’Afrique, notamment au niveau de la sécurité alimentaire, de l’accès aux médicaments et aux vaccins notamment contre la COVID-19, et de l’industrialisation ».
Ils insistent et expliquent qu’aux impacts économiques, sanitaires, et humanitaires de cette pandémie, s’ajoutent la crise sécuritaire contre laquelle les États consacrent énormément de ressources très « souvent au détriment d’autres dépenses de développement ».
Cette situation pourrait entrainer, tout compte fait, « une augmentation des conflits et de la violence, d’aggraver la fragilité et l’instabilité dans la région ».
La pandémie de la Covid-19 a, aussi, créé des contraintes budgétaires aigües et des tensions de trésorerie pour les pays africains qui, fondamentalement, n’ont eu d’autre recours qu’un endettement croissant.
Le besoin additionnel de financement en Afrique Subsaharienne est à 285 milliards sur les cinq prochaines années, nous apprend la déclaration.
Un tel contexte, soulignent les Chefs d’Etat et de Gouvernement, « milite en faveur d’une plus grande solidarité de l’ensemble de nos partenaires et d’une réponse adaptée et flexible, qui intègre d’une part des solutions aux contingences de court terme, en matière sociale, économique et sécuritaire, et d’autre part, le soutien adéquat aux politiques de restauration de la dynamique de croissance économique et de réduction de la pauvreté ainsi que des inégalités ».
L’heure est, donc, à l’action, estiment-ils, « les ressources de l’IDA doivent nous permettre de relancer nos économies ainsi que le processus de développement pour aider nos populations à se remettre de l’impact de la COVID-19, repenser collectivement nos approches de développement et nous concentrer sur les obstacles les plus critiques qui empêchent une reprise verte, résiliente et plus inclusive ».
Il faut, en cela, investir dans le capital humain et le protéger, indiquent-ils dans la déclaration afin, d’après eux, de « reconstruire une économie à productivité élevée, inclusive et plus résiliente ».
Protéger les populations des chocs futurs par des filets de sécurité robustes et adaptables, ainsi que des systèmes de prestation de services résilients, est le défi qu’entendent relever nos dirigeants.
« Nous souhaitons que l’IDA 20 offre la possibilité d’une consolidation des acquis en matière de capital humain, afin de parvenir à une véritable transformation humaine de nos populations », suggèrent-ils.
Ils expliquent, notamment, que « dans ces domaines, l’introduction du digital constituera un accélérateur et un moyen transversal d’optimisation des ressources financières et humaines. Elle aidera notamment au développement de la télémédecine dans les zones reculées et du télé-enseignement, permettant de réduire les inégalités spatiales ».
Les dirigeants africains prévoient de « promouvoir la création d’emplois par le développement du secteur privé, acteur clé de la transformation de nos secteurs économiques stratégiques. Les allocations IDA doivent ainsi permettre d’accroitre notre accès à des volumes plus importants de ressources financières, à des conditions favorables, grâce notamment à la mise en place de mécanismes de financements innovants et compétitifs, comme les mécanismes de « blending » et des garanties adossées aux ressources de l’IDA ».
L’Afrique sortira rapidement de la crise, pour entamer la dynamique vertueuse d’amélioration des indicateurs économiques, sociaux, et de bien-être des populations, d’après la déclaration. Sa relance économique relève notamment de « la transformation structurelle et spatiale de nos économies, à travers la transformation de nos matières premières, une meilleure diversification économique, un développement des échanges intra-pays, de même que le renforcement de la coopération entre nos États, notamment grâce à la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine. Les pays Africains ont besoin, à l’instar de tous les pays du monde, d’espace budgétaire adapté pour faire face à la crise, et relancer leurs économies sans toutefois remettre en cause la soutenabilité de la dette et la stabilité du cadre macroéconomique auxquelles nous sommes particulièrement attachés ».
Il faut que les questions liées à la sécurité, à la fragilité et à la paix soient considérées comme des préalables à une relance économique durable, insistent nos Chefs d’Etats et de Gouvernement.
Le programme tel quel est ambitieux pour l’Afrique. Il nécessite, tout simplement, « d’importantes ressources intérieures et extérieures, et qui nous permettra d’atteindre les Objectifs de Développement Durable ».
Pour atteindre les objectifs contenus dans un tel programme, les Chefs d’Etat et de Gouvernement africains, réunis à Abidjan réitèrent leur « appel lancé lors du Sommet sur le financement de l’Afrique à Paris du 18 mai 2021, pour un soutien accru au continent en vue de mieux se reconstruire après la crise découlant de la pandémie de COVID-19 », exhortent « les donateurs de l’IDA à soutenir une reconstitution ambitieuse et importante des ressources de l’IDA20 pour une mobilisation d’au moins 100 milliards USD d’ici la fin de l’année 2021, afin d’atteindre les objectifs énoncés dans la présente déclaration », entendent travailler à l’amélioration significative de « leur capacité d’absorption des ressources pour une exécution diligente des projets et programmes » et s’engagent « à poursuivre les efforts de mobilisation des recettes fiscales, et à utiliser de façon transparente et efficiente les ressources mobilisées, tout en renforçant la gouvernance ».
Bassirou Baki Edir