Le lundi juin 7 juin dernier, la rencontre entre le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum et la société civile s’est tenue au palais présidentiel en présence du Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou. Niger Inter a recueilli les impressions de certains leaders de la société civile qui ont pris part à ce rendez-vous.
Question : Vous avez participé à la rencontre entre le Chef de l’Etat et les leaders des organisations de la société civile nigérienne. Quelle est votre impression sur cette rencontre et quel enseignement avez-vous tiré ?
Nouhou Mahamadou Arzika, Président du Mouvement pour une citoyenneté responsable (MPCR) : Nous avons écouté le Président de la République et ses préoccupations et nous avons essayé de lui dire que nous prenons acte de sa volonté, de sa disponibilité, de son souci de voir la société civile s’engager au côté de l’Etat, pour qu’il y ait une amélioration de la qualité de la gouvernance de manière à ce qu’il y ait une véritable gouvernance citoyenne et patriotique au grand bénéfice des citoyens nigériens, dans le respect des lois et règlement de la République.
Il n’y a pas de bonne gouvernance sans primauté de droit. Il n’y a pas de bonne gouvernance sans respect de la légalité, et on ne peut respecter la légalité en faisant une application sélective des lois. C’est ça que nous avons dit. Et des camarades ont soulevé les problèmes des injustices et les détentions arbitraires dont nous avons été l’objet durant le régime passé, et aussi aujourd’hui encore, il y a certains de nos compatriotes qui croupissent en prison, et dans certaines conditions nous estimons que tout ce qui doit être fait, doit se faire dans le respect des lois et règlements de la République.
On ne peut pas improviser comme c’est le cas. Vous avez vu aujourd’hui quand on vous arrête, on vous déporte, on vous sort de votre territoire juridique dans lequel vous avez commis l’infraction. On vous prend de Niamey, on vous amène à Filingué ou on vous amène à Téra ou on vous amène quelque part en dehors de votre territoire juridique d’attache où justement le monsieur qui vous place en détention a compétence, parce que le juge d’instruction qui va vous placer en détention par rapport à ce qu’il vous reproche en vous inculpant, mais il n’a pas compétence à décider que vous devez être déporté dans une prison en dehors du territoire juridique de sa compétence. Donc ça c’est par exemple des cas de figure.
Autre chose que les gens avaient soulevés qui était très important, et là je le précise, c’est la question justement même de la société civile. Il faut bien que cette société civile qui depuis quelque temps est devenue plurielle diversifiée avec des tendances maléfiques, qui n’ont rien avoir avec ce que doit être le travail de la société civile. La société civile, c’est une action citoyenne d’intérêt général pour défendre l’intérêt général. Ce n’est ni une action syndicale, ni une action politique.
Laoual sayabou dit TSA, Coordonnateur du RODADDHD (réseau des ongs de développement et associations de défense des droits de l’Homme et de la démocratie) : Merci de m’avoir donné l’opportunité de me prononcer sur cette rencontre inédite entre le chef de l’État et les OSC du Niger. J’étais impressionné par le mot introductif du président qui se résume à l’identité des acteurs que nous sommes, acteurs d’alerte et de dénonciation des dérapages dans la gouvernance. Cette reconnaissance de la nature des acteurs nous garantit notre fonctionnalité dans la cité et assure en retour un devoir de sentinelle de la République. Disait-il aussi vous devez m’aider à combattre la corruption et à redresser les valeurs sociétales tordues par nos pratiques administratives malsaines. Tout ceci devait se faire dans le strict respect des libertés et lois de la République pour l’intérêt de toute la collectivité.
Les enseignements que je tire de cette rencontre c’est qu’elle aura permis de briser les préjugés qu’il y a entre le chef de l’État et un certain nombre d’acteurs de la société civile d’une part et d’autre part de lancer les jalons d’un partenariat actif entre l’État et les OSC. Le dialogue reste et demeure le moteur de la démocratisation et sa vitalité vient de sa mise en œuvre et sa réussite.
Mme Gogé Maimouna Gazibo, Coordinatrice de l’ONg Chroniques juridiques : Le lundi 7 juin, sur invitation du Président de la République Chef de l’État, Bazoum Mohamed, les organisations de la société civile, notamment les associations et ONGs se sont retrouvées au palais présidentiel.
J’ai personnellement représenté notre ONG Chroniques Juridiques à cette rencontre.
Je dois rappeler que cette rencontre rentre elle aussi dans le cadre d’une grande concertation que le Président Bazoum a voulu initier dès le lendemain de son investiture avec pratiquement toutes les forces vives de la nation.
La première impression que cela me donne en tant que Coordonnatrice mandatée d’une jeune ONG, c’est cette opportunité que la plus haute personnalité du pays offre aux citoyens des différentes couches sociopolitiques et de tous les secteurs, de discuter en face à face avec lui sur la vie de la nation.
Cela donne à toutes ces couches un sentiment d’implication, mais aussi de responsabilité et devoir vis à vis de l’État et de la gestion de la chose publique.
La seconde impression réside dans le fait que, le Président Bazoum montre une volonté affichée de gouverner en écoutant et en impliquant tous les nigériens et que cela est bien possible avec une telle démarche.
Quant aux leçons à tirer de cette rencontre, je dirais tout simplement que pour nous ONG CHRONIQUES JURIDIQUES œuvrant principalement dans le domaine juridique et social, ça a été l’occasion pour nous de faire part au Président de la République un certain nombre de préoccupations, notamment l’égalité des citoyens devant la loi, l’utilisation indue et à titre personnel ou clanique des moyens de l’État, le danger auquel sont exposés les journalistes avec la loi portant répression de la cybercriminalité au Niger et sur la problématique de l’application à géométrie variable des lois de la République par la justice.
C’était en effet une grande opportunité dont s’est saisie notre ONG pour faire porter à l’agenda officiel nos préoccupations les plus profondes.
Enfin, nous encourageons très vivement le Président à continuer dans cette lancée plus propice à la mobilisation de toutes les forces vives de la Nation autour de l’essentiel, et nous le rassurons de notre disponibilité à l’accompagner dans cette approche inclusive entreprise dans l’intérêt bien compris du Niger et de son peuple.
Elhadji Idi Abdou, Coordinateur APAISE NIGER (Alliance pour la paix et la sécurité au Niger) : Vous savez un des défis du Président de la République est d’unir les nigériens et de renforcer la cohésion sociale pour que notre pays puisse affronter les adversités afin de les transformer en atouts pour son développement. Sa rencontre du 7 juin 2021 avec les représentants des OSC relève de cette logique. Le fossé était très grand entre un pan de la société civile et son prédécesseur, il l’a bien compris et il se donne les moyens en tant que Président de la République de mobiliser tous les pans de notre société dans le cadre de la seule et unique ambition de faire émerger notre pays afin qu’il puisse compter parmi les pays dont la gouvernance inspire. Lors de cette rencontre le Président Bazoum a demandé aux représentants des OSC de l’aider s’agissant particulièrement de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Il a tout au long de la rencontre posé les bases objectives d’un dialogue porteur d’espoir pour notre pays. Personnellement, j’étais touché par la sincérité qui me semble caractériser les propos du Président Bazoum au cours de cette rencontre où on avait parlé que du Niger et de son intérêt. C’est vrai le discours ne nous emballe plus en tirant les leçons de la gouvernance du Président Issoufou Mahamadou mais je crois que le Président Bazoum mérite qu’on lui accorde le bénéfice du doute . Il nous avait parlé en tant que frère et nous avait informé des situations de l’école publique, la sécurité et des résistances que suscite la lutte contre la corruption et les infractions assimilées dans un langage franc. Il revient donc au Président Bazoum de susciter l’accompagnement des représentants des OSC dans la lutte contre la corruption et les infractions assimilées notamment en faisant montre d’une part du respect de la parole donnée et d’autre part d’une volonté politique inébranlable s’agissant du respect des principes de la démocratie et de l’état de droit. Il appartient au Président de la République de convaincre les citoyens à travers la pédagogie de l’exemple. Les citoyens ont soif de justice, une justice juste, qui protège les deniers publics et qui met fin à l’impunité du pouvoir. L’on a besoin d’une gouvernance vertueuse à même de garantir une éducation de qualité, la sécurité des citoyens et l’intégrité du territoire national ainsi que le bien-être des citoyens.
Dambadji Son Allah, Coordonnateur du réseau des organisations et associations pour la démocratie et le développement (ROADD) : Nous retenons de cette rencontre au moins sont trois choses :
- Le président Mohamed Bazoum a honoré la société civile en la mettant devant ses responsabilités historiques sur son rôle de veille et de vigilance dans le contrôle citoyen de la gestion de la chose publique.
- Le Président nous a informés sans détour de la vie de notre nation dans le respect total d’un père de la nation en nous demandant de contribuer à aider notre pays à sortir de la situation de la corruption, de l’injustice et de la pauvreté qui le tirent vers le bas.
- Dans cet échange un point d’honneur a été fait sur la situation sécuritaire. Il nous a expliqué en toute fraternité la situation sécuritaire. Sur ce point j’ai retenu que cette situation exige la contribution de tous les Nigériens. L’heure de se mettre ensemble avec tous nigériens est indispensable dans la gestion de ce problème.
En résumé, cette rencontre m’a permis de comprendre sincèrement le degré de conviction du président Bazoum dans sa mission de président.
En conséquence nous prions pour que le bon Dieu le tout puissant l’accompagne dans cette logique.
Propos recueillis par Elh. M. Souleymane
Nouhou Mahamadou Arzika
Sayabou Laoual
Mme Gogé Maimouna Gazibo
Elhadji Idi Abdou
Dambagi Son Allah