Violences en Côte d’Ivoire : Des nigériens victimes d’une fausse vidéo diffusée sur les réseaux sociaux

Suite aux actes de violences et de vandalisme perpétrés à l’encontre des ressortissants nigériens vivant en Côte d’Ivoire, une mission de haut niveau conduite par le ministre de l’intérieur Alkache Alhahda séjourne à Abidjan.

La mission, selon le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Massaoudou Hassoumi, sera composée  du ministre de l’Intérieur et du ministre délégué aux Affaires étrangères. Elle va présenter la compassion du gouvernement et du peuple nigérien à la communauté nigérienne vivant en Côte d’Ivoire et d’évaluer la situation sur place.

Des nigériens vivant en Côte d’Ivoire sont en effet victimes de violences et d’actes de vandalisme perpétrés le mercredi 19 mai 2021 dans plusieurs quartiers d’Abidjan.

Le bilan provisoire présenté par l’Ambassade du Niger à Abidjan fait état de 39 blessés, 290 personnes réfugiées, dont 148 à l’Ambassade, 39 à la brigade de Gendarmerie d’Abobo, 103 à la préfecture de police d’Abidjan. 24 personnes sont interpellées par les Forces de sécurité de Côte d’Ivoire. En outre, des dégâts matériels importants sont enregistrés, principalement dans les communes d’Abobo, de Yopougon et d’Adjamé, « dont l’évaluation sera faite ultérieurement », indique un communiqué du ministère nigérien des Affaires étrangères.

Selon un bilan provisoire établi par le procureur d’Abidjan, Richard Adou, dans un communiqué rapporté par l’AFP, indique « un mort et plusieurs blessés graves » ainsi que « des commerces pillés et incendiés ». La même source rapporte qu’« une vingtaine de personnes ont été interpellées », et «des enquêtes sont en cours » pour retrouver les auteurs des violences et celles à l’origine de la diffusion de la fausse vidéo ».

Plusieurs mesures prises par le gouvernement nigérien

Face à la gravité de la situation, le gouvernement nigérien a pris un certain nombre de mesures, à savoir la mise en place d’un comité de gestion de la crise ; la convocation du Consul Honoraire de Côte d’Ivoire au Niger ; et l’envoi imminente d’une mission de haut niveau en Côte d’Ivoire. Tout en exprimant sa compassion aux victimes de ces actes, le gouvernement du Niger, selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération rassure la communauté nigérienne vivant en Côte d’Ivoire que « de concert avec les autorités ivoiriennes, toutes les dispositions sont prises pour un retour rapide au calme et à la retenue ».

Le ministre ivoirien de la Sécurité, Vagondo Diomandé, rapporté par l’AFP, promet d’être « intransigeant contre tous les auteurs de troubles qui mettent à mal la cohésion sociale » avant de lancer un appel au calme. « Nous sommes dans un pays qui accueille tout le monde, notamment nos frères de la sous-région. Il faut que ces agissements cessent », a martelé Vagondo Diomandé dans une intervention à la télévision publique ivoirienne rapportée par la même source.

Des actes découlant de la diffusion d’une fausse vidéo

Tout est parti de la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo le mercredi 19 mai dernier montrant des militaires s’exprimant en haoussa, une des principales langues parlées au Niger, commettre des exactions sur des personnes et commentée en Dioula et en Français. «Il s’agissait en réalité d’une vidéo qui date de 2019 montrant des hommes du groupe djihadiste nigérian Boko Haram interpellés brutalement par l’armée nigériane », a expliqué le gouvernement ivoirien. « Nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire ont été victimes d’un malentendu », a déploré Massaoudou Hassoumi soulignant que ce malentendu « vient d’une vidéo concernant un pays ».

En somme, la diffusion de cette fausse vidéo traduit la nécessité d’une loi contre la cybercriminalité. Aux dernières nouvelles, l’auteure de la vidéo malveillante, la nommée Fofana Nawa a été jugée et condamnée par la justice ivoirienne à 5 ans de prison ferme et de 2 000 000 FCFA d’amende. Il faut saluer la promptitude et la responsabilité avec lesquelles les autorités ivoiriennes ont géré cette crise.

Almoustapha Aboubacar